ᴅᴇ́ʟɪᴄᴀᴛ

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"Je vais prendre des udons au porc, sans ciboule et avec supplément d'oeufs. Si vous pouviez aussi mettre le bouillon à part aussi, s'il-vous-plait. 

— Eh bien, je t'imaginais pas comme ça. Comme quoi, on doit pas toujours se fier aux apparences.

Le jeune homme fronce les sourcils en contractant sa mâchoire.

— Et ça veut dire quoi ça ?

Son interlocutrice se tourne vers la serveuse en souriant.

— Je vais prendre la même chose.

— Eh, me fous pas un vent.

— Ha, rit la brune, Le moine est peut-être bagarreur mais il cache de plus jolies facettes, sous son air renfrogné et ses bandages.

— J'en ai plein le cul de ton charabia.

— Tu es assez consciencieux pour détailler ce que tu ne veux pas. 

— Je suis juste très difficile niveau bouffe.

En un instant, il réalise son entrain et se régule en regardant ailleurs, des rougeurs lui montant aux joues.

— Mais ça ne te concerne pas.

— Oh là là, monsieur est délicat.

— Je pense pas que ça ait grand chose avec la délicatesse. 

— Peut-être que tu es plus sensible que tu ne le penses.

Le brun lui lance un regard aiguisé en coin.

— Je te taquine, je te taquine.

La serveuse arrive alors pour déposer les plats fumants.

— Pourquoi prendre le bouillon à côté ? Les udons sont surement meilleures avec. 

— Tais-toi et mange. Merci pour le repas, marmonne-t-il.

Elle l'observe entreprendre un mystérieux rituel : il empile un tourbillon de nouilles au creux de sa cuillère, puis la plonge dans le bouillon vaporeux. Il aspire goulument la bouchée, qui lui glisse sans accros dans la gorge.

La brune regarde à son tour son assiette et amorce sa propre tentative.

— C'est bon mais les udons sont trop visqueuses.

— C'est que tu ne les plonges pas assez dans le bouillon.

Elle réitère, en submergeant les nouilles un peu plus.

— Pas si mauvais que ça, mais ça manque de ciboule.

— Tch.

— Est-ce que tu es toujours aussi aigri ou... ?

— Je suis pas aigri.

— Si t'es la version toi-même de toi actuellement, alors j'ose pas imaginer quand t'es de mauvaise humeur.

Le regard ailleurs, il se lève et tire de sa poche quelques pièces qu'il dépose sur la table. Sa mine contrariée attire le regard de la jeune fille.

— Je compte sur toi pour revenir demain.

— Tu rêves, j'ai pas de temps à perdre avec quelqu'un comme toi.

— Hmmm, hmm, acquiesce-t-elle avec un sourire en coin, Si tu le dis.


mortifiée | tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant