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Le silence se fait de plus en plus pesant. Mon cœur brisé bat douloureusement dans ma poitrine trop serrée. J'ai la tenace impression, qu'en fermant les yeux, je pourrais entendre le son de tes pas discrets...

Tu me manques.

Une semaine depuis que tu as claqué cette porte que je ne cesse de fixer. Une semaine que je ne quitte plus notre "chez nous", espérant naïvement que tu reviennes...

L'attente se fait désespérément longue. Les jours s'écoulent comme les grains de sable d'un sablier interminable. Ton absence me ronge et mes remords creusent de longs sillons insoutenables sur la chair rougissante de mon coeur.

Blessé à vif.

Je suis allongé sur le sol depuis bien trop longtemps. La poussière s'y accumule, tout comme les larmes que je n'ai pas cessé de verser. 

Le chaos autour de moi me donne une sensation de confort. Mon esprit détruit s'y mêle aisément. Chaque inspiration que je prends enfonce un peu plus la chape de plomb que je revêts depuis ton absence.

Pardonne moi.

J'entends un bruit étouffé qui me sort brusquement de ma torpeur. Des pas.

Enfin...?

Je suis trop faible pour courir vers la source de ce son et me jeter dans tes bras qui m'ont si souvent protégé. La porte d'entrée s'ouvre dans un fracas abominable. Je me redresse assez pour tomber face à une paire de bottes noires.

Non...

Je cligne plusieurs fois des yeux pour habituer ma vue à la lumière s'étant soudainement introduit dans mon refuge. Ce n'était pas toi. Mais, j'aurais aimé évité ce regard inquiet...

"- Tu fais de la peine vieux...." Souffle-t-il, consterné par l'image que je dois lui donner. Lui qui me pensais fort et intouchable...

Baji...

"- Qu'est ce que tu fous ici ?"  M'hasardais-je à demander.

Ma voix n'était qu'un murmure, trop inutilisée pour sonner correctement. Chaque mot prononcé m'irritait un peu plus la gorge.

Depuis combien de temps ne m'étais-je ni nourri, ni hydrater correctement ?

Baji se contenta d'hausser les épaules. Ses lèvres d'habitude plissées dans un attachant sourire mutin formaient à présent une ligne droite qui reflétaient toute son inquiétude.

"- J'ai eu Draken au téléphone..." Finit-il par dire.

Mon cœur repartit de plus belle. Rien que la mention de ton prénom me met dans tout mes états. Je fixais le regard clair de mon meilleur ami, y cherchant la trace d'une quelconque bonne nouvelle.

"- Il m'a dit que vous avez eu une grosse dispute et que....t'avais encore pété un câble..." Commença-t-il précautionneusement.

Je retiens mon souffle et m'accroche à ces mots.

"- Il sait plus trop où vous en êtes...Enfin, il sait plus trop comment gérer. Comment te gérer toi."

Des larmes menacent à nouveau de couler de mes yeux déjà humides. Je les retiens comme je peux, résigné.

"- Il quitte la ville pour un moment. Tu peux le joindre quand t'en as envie. Mais, il a précisé que tu devras l'appeler une fois que t'auras régler tes problèmes. Je suis désolé..."

Je n'entends même plus sa voix, ni même mon coeur et encore moins ma respiration....

Le silence siffle à l'intérieur de moi alors que je réalise lentement que tout ce bordel est de ma faute.

Baji sent la clope, j'étouffe à cause de ce parfum.

Éɢᴏɪ̈sᴛᴇOù les histoires vivent. Découvrez maintenant