Chapitre 1

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♪ Hier encore - Brigitte


Mikasa trépignait d'impatience dans la longue file d'attente qui les conduisait à l'amphithéâtre. Cela faisait déjà plus d'une demi-heure qu'ils faisaient le pied de grue devant la salle et Eren mourrait d'envie de faire demi-tour pour rentrer chez lui. Quand il avait dit « Cap ? » à ses amis de le faire changer d'avis sur les œuvres littéraires de Marcel Proust, il ne s'était certainement pas attendu à devoir assister, un samedi matin, à une conférence sur l'œuvre du dit auteur. Il porta à nouveau son regard empli de désespoir vers la jeune femme qui n'avait cessé de sautiller d'excitation, irritant un peu plus le grand brun. Elle était légèrement plus petite que lui, ses cheveux noirs coupés au carré lui tombaient négligemment devant les yeux, ses lèvres fines étirées en un grand sourire béat. Mikasa était, depuis toujours, une « adoratrice Proustienne » comme elle aimait se nommer, connaissant sur le bout des doigts les œuvres de l'écrivain. Et elle vouait, depuis presque aussi longtemps, un culte sans faille au plus grand spécialiste de Proust du pays, le Professeur Ackerman, qui donnait aujourd'hui même une conférence dans leur belle ville de Trost. La coïncidence avait voulu que son amie et le professeur porte le même nom de famille. À côté d'elle, Armin Arlelt, le meilleur ami du brun, pianotait nonchalamment sur son téléphone portable, pas le moins du monde intéressé par ce qui l'entourait. Armin était aussi grand qu'Eren, voir légèrement plus, et était le seul garçon sur cette planète à penser que la coupe au bol était encore à la mode. Il fallait dire qu'elle lui allait à merveille, donnant l'impression d'une auréole blonde au-dessus de son joli minois, mettant ses grands yeux bleus ciel en valeur. Le garçon les avait accompagnés pour la simple et unique raison qu'il n'avait rien à faire de son week-end, chose qui exaspérait au plus haut point son ami. Comment pouvait-il préférer venir s'ennuyer 3 heures, enfermé dans une salle bondée en écoutant un vieux prof miteux parler de son amour obsessionnel pour un écrivain français, loser toute catégorie, qui avait pondu un bouquin au bout de 20 ans et dont personne n'avait pris la peine de lire une ligne, plutôt que de rester tranquillement dans son lit ? Sérieusement, ça le dépassait.

« Arrête de grogner, tu veux, un pari est un pari et je crois savoir que tu n'as qu'une parole mon cher Ren. »

Le brun lança un regard glacial au blondinet qui n'avait pas lâché des yeux l'écran de son IPhone.

Bien sûr qu'il n'avait qu'une seule parole, c'était bien là son problème. À cause de ce maudit pari, il avait dû abandonner le séduisant châtain qu'il avait ramené chez lui hier soir après une soirée en boîte avec Jean, son binôme de beuverie. Il aurait bien remis le couvert avec le bel apollon encore nu à ses côtés si Mikasa ne l'avait pas tiré de ses draps à 8 h 30 du matin en agressant physiquement le bouton de son interphone. Il n'avait même pas daigné donner son numéro à sa conquête, sachant pertinemment qu'il ne le reverrait jamais. C'était sa façon à lui de fonctionner : il draguait, ramenait chez lui, concluait et s'en allait sans laisser de nom ni même de numéro. Il savait qu'en rentrant chez lui, il trouverait l'appartement désert. Les hommes, gênaient de la situation, préféraient toujours fuir sans attendre leurs restes. Eren était connu pour ça et la plupart du temps, cela convenait parfaitement à ses petits flirts d'un soir. Eren était très beau, il en avait conscience et en jouait beaucoup auprès de la gent masculine.

Il avait toujours été attiré par les hommes, depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne, au plus grand malheur de Mikasa qui avait longtemps éprouvé des sentiments amoureux pour le brun. Elle avait accepté l'idée qu'il ne ressentirait jamais la même chose pour elle, mais avait plus de mal avec son comportement de tombeur.

« Au fait, c'était comment son nom déjà au type qui est sorti de chez-toi ce matin ? »

Eren leva les yeux aux ciels. Ça recommençait. Elle devait constamment remettre ça sur le tapis.
Bordel, pourquoi cette foutue file n'avance pas ? Il se surprit à espérer que la conférence commence au plus vite, il ne supporterait pas bien longtemps le regard accusateur de son amie.

A la recherche de Proust - [1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant