A la recherche de Proust - [1]

Chapitre 21

Joyeuses fêtes de fin d'année à tou.te.s 😘

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♪ Heart of Glass - Blondie

"Qu'est-ce que tu lis ?"

Levi tourna son regard vers le brun, allongé à ses côtés, le visage à demi enfoui dans l'oreiller. Ils avaient atterri chez le noiraud après avoir roulé sans but jusqu'à tard dans la nuit. Eren était vite tombé de fatigue, épuisé par les émotions de la soirée. L'adulte lui, avait pour habitude de peu dormir, profitant de ses nombreuses insomnies pour se plonger intensément dans la lecture de ses nombreux ouvrages. Il ne devait pas être plus de 4 h du matin.

"Les Fleurs du Mal."

"Classique. Lequel ?"

"Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde,
Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
Dans l'épaisseur de ta crinière lourde ;

Dans tes jupons remplis de ton parfum
Ensevelir ma tête endolorie,
Et respirer, comme une fleur flétrie,
Le doux relent de mon amour défunt.

Je veux dormir ! Dormir plutôt que vivre !
Dans un sommeil aussi doux que la mort,
J'étalerai mes baisers sans remord
Sur ton beau corps poli comme le cuivre.

Pour engloutir mes sanglots apaisés
Rien ne me vaut l'abîme de ta couche ;
L'oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers.

À mon destin, désormais mon délice,
J'obéirai comme un prédestiné ;
Martyr docile, innocent condamné,
Dont la ferveur attise le supplice,

Je sucerai, pour noyer ma rancoeur,
Le népenthès et la bonne ciguë
Aux bouts charmants de cette gorge aiguë
Qui n'a jamais emprisonné de cœur."

Eren avait écarquillé les yeux, soudain prit d'une émotion vive. Il n'avait pas souvenir de ce poème, pourtant il avait l'impression qu'il lui rappelait énormément de souvenirs. C'était comme si les mots de ce texte faisaient écho à son subconscient, à ce qu'il pouvait ressentir. Il encra ses yeux dans l'acier du regard du noiraud. L'adulte l'avait observé tout au long de sa tirade, s'émerveillant devant la teinte doré que prenaient ses iris lorsqu'ils se retrouvaient dans la pénombre de sa chambre. Ceux-ci s'étaient éclairés à mesure que Levi avait récité ce poème. Il l'avait lu et relu de nombreuses fois au cours des dernières heures, se disant à mesure que ses yeux parcouraient ces lignes, que ces mots lui étaient destiné.

"C'est sublime..."

"C'est toi."

Eren eut l'air surpris et troublé. Jamais on ne l'avait comparé à un poème, encore moins une œuvre aussi belle que celle-ci. Il en était chamboulé. Se hissant sur ses coudes, il releva son buste pour laissé apparaître l'entièreté de son visage au noiraud qui continuait inlassablement de le dévorer du regard.

"Comment ça ?"

Levi posa le recueil à côté de lui, avant de venir approcher son visage de celui rougit, de son bel adonis.

"Tu es Léthé, mon Dieu de l'oubli. Depuis que je suis avec toi, j'ai l'impression que mon enfer pourrait enfin s'ouvrir sur la vie. Je passe mon temps à me délecter de ta présence comme je me régalerais de l'eau de son fleuve, et j'oublie tout. J'en deviens amnésique. Tu dissipes ma mélancolie, tout comme le népenthès d'Homère..."