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Zayn

    En un rien de temps, des millions de pensées envahirent mon esprit. Ma respiration devint lourde, et je n'arrivais plus à réfléchir correctement. Je fus obligé de m'appuyer contre le mur pour rester debout. C'était comme si je n'étais plus maître de mon âme, et que je la partageais avec quelqu'un d'autre. L'homme devant moi semblait être dans le même état, il se tenait la tête entre ses deux mains, et me lançait un regard meurtrier. 

    — Ça va être compliqué... si tu réfléchis autant, prononça-t-il d'une voix grave.

    Je restais appuyé de tout mon long contre le mur, lui en face de moi, à présent un bras de chaque côté de mon corps pour que je ne puisse m'échapper, comme si l'entièreté de cette situation avait quelque chose de logique. Son hémorragie diminuait étonnamment quelque peu, et pendant qu'il expirait son souffle chaud sur mon épaule, la porte d'entrée s'ouvrît subitement. Le temps que je relève les yeux, une poigne s'emparait déjà de mon bras. 

    — Zay ! Entendis-je, toujours à moitié sonné.

    C'était la voix d'Evan.  Il n'y avait évidemment qu'une personne pour m'appeler ainsi. Il me maintenait d'une main lourde contre lui tant je peinais à ne pas faiblir et m'écrouler au sol.

    — Qu'est-ce que vous lui avez fait, enfoiré ? Il réussit à peine à tenir debout !

    Je frémis lorsque mon front entra en contact avec son torse, et que sa main, engouffrée dans mes cheveux, me garda plaqué contre. Mes membres étaient engourdis, il m'était impossible de me tenir seul. Ce qu'il m'avait fait ? Même moi je n'avais pas suivi, mais j'aurais bien aimé que l'on m'explique. C'était juste un taré de psychopathe muni du syndrome de Renfield, que j'aurais mieux fait de laisser mourir, puis rendre visite à sa tombe pour dissiper ma culpabilité.

    — Zayn ! Clamait Evan, paniqué. Allez, on rentre.

    Il fit passer mon bras autour de sa nuque et m'aida à marcher, lançant un dernier regard assassin à l'homme dans notre dos, puis sortit des sanitaires. Et alors que les membres de l'équipe se dirigeaient automatiquement vers nous, je me demandais si je n'avais pas simplement imaginé toute une mise en scène dans laquelle Evan viendrait héroïquement prendre ma défense parce qu'il ne pouvait plus se passer de moi.

    — Evan ? Tout va bien ? Demanda l'un d'entre eux.

    Il hocha la tête.

    — Zayn n'est pas au top, je le ramène, continuez sans moi, et soyez sérieux s'il vous plaît. 

    Ils gueulèrent tous les uns après les autres, montrant leur respect à leur capitaine, et poussant mon mal de crâne à grimper en puissance. Je continuais de m'appuyer sur les épaules de mon meilleur ami, tandis qu'on remontait les escaliers interminables du campus.

    Evan et moi partagions notre chambre avec deux autres amis : Alex, et Grey. Alex était l'un des meilleurs joueurs de l'équipe de hockey, et Grey était un génie sur tout ce qui est enseignement scientifique. Notre groupe fonctionnait plutôt bien depuis nos années de collège, ce qui nous a poussé à cohabiter ensemble à la fac. Evan ouvrit la porte et m'aida à m'allonger sur mon lit. Aucun de nos deux amis n'était présent, sûrement parce que nous étions en plein milieu d'après-midi. Il mit sa main sur mon front, et s'agenouilla auprès de moi, puis il soupira longuement avant de me faire un faible sourire.

    — Zay, je te laisse trente secondes et tu te mets dans un tel état.

    Je ne répondis rien, pris de remords inutiles, je détournai les yeux.

Lion [Auto-édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant