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Zayn

J'avais un mauvais pressentiment, je savais que quelque chose n'allait pas en moi. Vous savez, ce genre de sensation qui comprime notre cage thoracique pour nous prévenir d'un évènement possiblement néfaste. Eh bien, je la ressentais du fond de mes entrailles, m'ensevelir de l'intérieur. Assis autour de la table, les gars jouaient aux cartes pendant qu'on mangeait, tandis que je m'efforçais de ne pas paraître trop à l'ouest. Mon pied remuait rapidement contre le sol, et mon pouls n'atteignait jamais un rythme calme alors que mon esprit souhaitait être partout, sauf ici. Mes yeux se relevèrent paniqués sur Evan lorsqu'il m'interpella.

— Ton nez.

Je portai ma paume de main au-dessus de ma lèvre supérieure, lorsque du sang encore chaud entra en contact avec ma peau. Je saignais, encore. Je me levai de table et fonçai dans la douche. Dans le reflet de la glace j'observais mon visage blêmir à vue d'œil, mes cheveux étaient en sueurs, ils me retombaient sur les yeux, et mes lèvres étaient vraiment pâles, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu l'air si épuisé et stressé. Alors mes doigts glissèrent sur le tissu imprégné de transpiration qui couvrait mon torse, et frôlèrent ma peau. J'écrasais ma main sur mon cœur, comme si je pouvais maintenir ses battements qui résonnaient si fort dans ma cage thoracique.

Je sortis de la salle de bain, et l'air chaud de la salle principale m'oppressa. J'étouffais à tel point que l'oxygène coincé entre ces quatre murs n'était plus suffisant. Alors, d'une démarche paniquée, je me précipitai vers la porte d'entrée, et me laissai tomber sur mes genoux dès que j'atteignis l'extérieur de l'appartement.

Mes inspirations se faisaient de plus en plus calmes, à tel point que je commençais à retrouver un rythme cardiaque à la norme. Lorsque je me remis sur mes pieds et que je redressai ma tête, mon regard resta figé sur un cercle verdâtre qui brillait dans un coin du couloir. Un reflet vert turquoise qui attisait mes yeux à continuer de l'observer. Un putain de piège attractif sans faille.





Aeron

Je flânais dans les couloirs, réfléchissant de quelle manière j'aurais bien pu aborder mon asservi sans lui faire peur. Et plus j'y réfléchissais, plus je pensais qu'attendre demain était la meilleure solution. Je n'aurais rien tiré de lui en ce moment, s'il était encore avec Barbie. Je m'assis dans un coin sombre du couloir, et portai une main sur ma plaie. Elle avait nettement diminué. Ce n'était à présent qu'une légère égratignure. Je fermais les yeux, exténué de tout ce qui m'était arrivé en moins de trois heures. Mais tout ce que je vis, ce fut le visage

recouvert de sang de Lorine. Mon ancienne asservie, qui avait fini égorgée, pour unique raison d'être née avec le mauvais sang, ou plutôt le bon. Ils étaient tous assassinés, les uns après les autres, tous les sang-pur étaient traqués pour seule cause d'être ce qui nous gardait encore en vie, nous les signes. Je ne lui portais aucune affection

particulière, mais j'en voudrai éternellement aux humains d'être si égoïstes et cruels pour des motifs plus que puérils.

Je n'avais jamais eu plus d'affection que ça pour chacun des sangs-purs que j'avais pu exploiter d'ailleurs, mais les voir mourir sous mes yeux dans d'atroces souffrances, sans ne pouvoir rien y faire, ce n'était pas un style de vie auquel j'adhérais. Et mon esprit ne s'en remettait jamais complètement. J'étais bousillé de l'intérieur, rongé par les souvenirs de tous ces corps qui se sont fait déchiqueter sous mes yeux, chaque nuit. Tout en sachant que les prochains auraient fini de la même manière, je continuais de me lier, parce que j'étais moi aussi égoïste, j'avais besoin de vivre et je répondais à mes besoins avant ceux des autres. Tout ce qui m'importait, c'était moi.

Lion [Auto-édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant