𝐟𝐚𝐯𝐨𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞 𝐰𝐨𝐫𝐬𝐭 𝐧𝐢𝐠𝐡𝐭𝐦𝐚𝐫𝐞 - 𝗆𝗂𝗇𝗌𝗎𝗇𝗀

K 10

Jisung sortit de son sommeil en sentant la fraîcheur des draps près de lui. Un pressentiment pinça son cœur en imaginant la distance que le châtain pourrait prendre à son égard une nouvelle fois. Le blond se rassura en pensant qu'il ne fallait pas qu'il se fasse de conclusion hâtive, qu'après une nuit comme laquelle ils avaient partagés, Minho n'oserait pas refaire ses mêmes erreurs. Pourtant, lorsqu'il le croisa dans les escaliers, le châtain, il ne lui offrir aucun baiser, aucune marque d'affection qui aurait pu communiquer une quelconque préoccupation à son égard. Rien, il ne lui avait offert qu'un maigre sourire avant de s'enfuir à l'étage, laissant derrière lui la froideur d'un manque. Jisung préféra laisser de côté son comportement et de plutôt s'adresser à Novah qui lui serait sûrement de bons conseils.

En arrivant dans le jardin afin de déjeuner, le cœur lourd, Mafalda s'arrêta dans sa course pour faire face au coréen qui lui offrit une salutation. La domestique se courba poliment avant d'expliquer la raison de sa venue.

« Monsieur Han, Novah est partie chercher quelques affaires importantes à son lieu de travail. Elle s'excuse de ne pas vous avoir prévenu plus tôt. Madame ne sera donc pas présente de la journée. Que souhaitez-vous pour manger ? La gorge de Jisung se serra à l'entente de la nouvelle. Il n'avait aucune envie d'être seul avec son aîné et son seul remède s'était à son tour volatiliser.

- Au vu de l'heure, je ne vais pas déjeuner ce matin, je préfère me réserver pour le prochain repas. Merci Mafalda. » La servante se courba une nouvelle fois avant de retourner à ses préoccupations. Le blond se leva, décider de recevoir de véritables explications de la part du plus vieux.

Jisung gravit les marches en marbre, l'air décidé. Il n'en pouvait plus de se faire avoir un soir pour finir le cœur brisé, une fois le soleil levé. Arrivé à l'étage, un sentiment prit part de son cœur, il tenta de dissimuler ce goût âcre sur sa langue en déglutissant difficilement, la gorge sèche. Une bourrasque de vent passa tout le long du couloir pour finir sa course sur le corps figé du blond. Tout d'un coup, l'entièreté de la villa lui semblait étrangère, il se sentait comme un étranger dans ce qu'il se plaisait appelé "tanière". Ses pas lourds le conduirent face à la chambre du châtain. La porte en chêne lui paraissait infranchissable, imposante, mais il tapa trois petits coups au bois, attendant timidement que celle-ci s'ouvre.

De l'autre côté, lorsque trois coups retentirent dans sa chambre silencieuse, Minho se figea un instant, connaissant parfaitement la venue de son cadet. Si le garçon aux airs de rongeur avait voulu discuter de choses futiles, il serait passé par la salle d'eau. Hésitant un instant à faire le mort, un lourd silence s'abattit, pesant mentalement le pour et le contre. Seulement, le châtain se devait d'être brave, consciencieux de ses erreurs et ainsi de se faire pardonner au blondinet qui était au bord d'une crise d'angoisse sous tout ce suspens.

Le visage fin de Minho passa l'encadrement de la porte pour sourire gentiment à son homologue qui était incapable de réciproquer son geste. Il se poussa vers la gauche, laissant son acolyte pénétrer dans sa chambre. Il continua de marcher docilement vers le balcon, là où l'air se faisait plus frais, plus respirable. Il s'accouda à la rambarde en fer, en attendant son ainé.

"J'pense que ça serait bien si on avait une réelle discussion. Le ton de Jisung se faisait glacial, distant, le châtain se pinça les lèvres à cette remarque en observant à son tour le jardin.

- Me fais pas croire que tu regrettes ce qu'il s'est passé hier soir. Une bourrasque de vent passa dans les cheveux des deux garçons, le blond était profondément blessé par ses paroles. Comment pouvait-il parler de cette soirée comme la plus banale des choses ?

- C'est justement ça le problème Minho, le fait que je ne regrette pas et pourtant, quand j'vois que tu ne m'aurais même pas adressé la parole ce matin si j'étais pas venu jusqu'à toi, j'me sens bizarrement comme un con. Cracha le blond, ses paroles accompagnées d'un rire sarcastique. Minho le rejoignit dans son hilarité en se tournant complètement face à lui.

- Mais tu t'attendais à c'que je fasse quoi Jisung ? Que j'te dise que je t'aime juste pour te faire plaisir en te réveillant ? Que je prépare ton p'tit déjeuner avant que tu te réveilles ? Tu vis dans quel conte de fée ? Pourquoi est-ce que tu pourrais pas être une lubie, une passion de passage comme tout le monde fait en été ! Le garçon n'en pouvait plus, ses ongles se plantèrent dans sa peau délicate de sa main.

- Dit le que j'suis con Minho ! J'te jure que ça ira plus vite !

- Mais tu t'attendais à quoi Jisung !

- Que tu m'avoues tes sentiments ! Un soupir passa la barrière des lèvres du blond qui n'en pouvait plus. Que tu me dises que tu m'aimes et qu'on arrête de se chercher pour ensuite s'éviter ! Ça t'aurait tué de juste t'excuser pour pas avoir été clair ?

- Mais je ne t'aime pas Jisung et ça ne changera probablement jamais. Le temps sembla s'arrêter le temps d'un instant. L'air s'alourdit brusquement, les deux garçons se regardèrent silencieusement, cherchant à voir l'âme solitaire de l'autre se détruire. Jisung laissa une larme perler au coin de ses yeux pour rouler sur sa joue. Sa gorge serrée était incapable de traduire les pensées emmêlées de son esprit. Est-ce que c'était ce qu'il ressentait réellement ? Où est-ce que c'était ce qu'il aurait aimé croire ? Aucun mot ne semblait assez fort pour décrire ce qu'il ressentait là, à cet instant précis dans l'Univers. Un soupir haché par ses sanglots passa la barrière de ses lèvres.

- C'est vraiment c'que tu ressens ? Le regard fuyant de son ainé répondit à sa demande pleine d'espoir. Mais rien, Minho se contenta de fixer le bas de la résidence. Le blond prit une inspiration avant de lâcher sa dernière phrase qui brûlait désormais sa gorge. L'amour te tuera peut-être. Mais ta fierté le fera en premier Minho. »

Sans un mot de plus, le garçon quittant le balcon du châtain qui laissa enfin les larmes chaudes, lourdes de non-dits, dévalés sur ses joues pleines et colorées de mélanine.