N 13

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Journal de Jisung :

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Journal de Jisung :

Trois ans sont passés pourtant, tu resteras toujours le personnage principal de mon cauchemar préféré.

Lee Minho.

Comme le premier chapitre de Lolita, on prononce ton nom par une simple caresse sur le palais, ton prénom commence par une rencontre entre nos deux lèvres pour se terminer sur nos incisives centrales.

J'aimerais prononcer ces deux mots sans sentir mon cœur s'envelopper dans une douce nostalgie. Après beaucoup de temps, j'ai réussi à penser à toi sans de la colère, de la rancune et de la tristesse. Je me suis senti si vide quand tu es parti de ma vie, enfin plutôt quand je t'y ai fait partir. Pendant longtemps ce n'était plus que moi sans toi et rien d'autre.

Un beau matin, je me suis réveillé et je ne pensais plus à toi, à nous, même si cela n'a sûrement existé que dans mes rêves les plus profonds, les plus utopiques, les plus inavouables. Je ne pensais plus à tout ce que l'on aurait pu devenir. J'étais tourné vers l'avenir pour la toute première fois avec un sourire resplendissant en regardant le ciel avec remerciement, ne le maudissant pas de ne pas nous avoir offert plus de temps. Je ne suis plus triste, mais je ressens comme vide. J'ai passé tellement de temps à penser à toi, à ce qu'il s'était passé et toutes les émotions qui m'avaient traversé ce doux été lorsque je repense au premier épisode comme une partition de piano, un air de jazz. J'ai tellement chéris ces souvenirs que je me demande parfois si je ne suis pas tombé davantage amoureux par leurs fautes. J'ai remercié le ciel et le soleil que tu chéris tant de t'avoir mis dans ma vie. Car si j'ai tant souffert, c'est que c'était sincère, j'ai eu la chance de connaître un amour pur et vivant.

Je me suis pendant longtemps trouvé lâche. Lâche de t'avoir comme abandonné vers la fin de l'été sans aucune lettre alors que ta chère tante y avait eu le droit. Me faire à l'idée qu'on ne se reverra sûrement jamais me brise le cœur car ton souvenir est comme le chant des sirènes, envoûtant et impitoyable. Après tout, cette histoire a dû te sembler si enfantine, ma réaction si excentrique et dramatique. Je l'ai pensé beaucoup plus tard alors que tu y as sûrement songé dès le début.
J'aurais aimé te parler, t'expliquer, mais plus que tout, j'aurais aimé savoir le fond de tes pensées et que tu ai le courage de me dire ce que tu écrivais le soir dans ce maudit carnet. Mais ce qui est fait, est fait comme me l'a dit ta chère tante.
Je suis passé la voir, plus d'une fois. Mais tu n'y étais jamais. Pendant trois ans, je passais quelques vacances à ses côtés. Elle me disait avec un sourire désolée que tu étais trop occupé, par tes études, par ta nouvelle vie en Angleterre. Est-ce vrai Minho ? Est-ce que tu ne m'évitais pas plutôt ? Honteux par tes actions et trop fier pour t'en excuser.

T'aimer a été la plus simple des choses, mais t'oublier en était une autre. J'aurais aimé te croiser entre ces quelques murs qui ont abrité cet amour athée, voir comment tu as changé en trois petites années. Je me suis assis pendant des heures sur les chaises de jardin en compagnie de Mafalda qui me comptait tes exploits dans les pays anglophones, d'à quel point ton anglais étais resplendissant et qu'aucune trace d'accent coréen n'était notoire. J'aurais aimé l'entendre lorsque tu me lisais les livres de ta tante au coin du feu les jours de pluies. En toute franchise, me faire une raison qu'on ne se recroisera jamais m'a prit du temps. Ne plus croiser tes yeux taquins, ton sourire malicieux et tes gestes emplis de grâce... lister toutes ces choses me prendrait trop de temps et martyrisait mon cœur d'une torture indescriptible. J'ai pendant longtemps adorer rêver de nos retrouvailles au fond de mon lit, la nuit, lorsque les choses sont plus faciles à dire. Peut-être qu'on aurait dû avoir notre dernière conversation à ce moment-là, sous les étoiles et la fraîcheur de la nuit. Peut-être que les choses auraient pu être différentes, qui sait ?

Mais tu es un esprit libre Lee Minho. Un esprit trop indomptable pour les règles. Tu as une aura bien trop rouge. Tu détestes être dépendant, tu détestes les cages et les esprits trop fermés qui ne savent pas s'extirper des chemins courant de la vie. Tu passes - et cela pour le restant de tes jours - ton temps à te prouver que rien ni personne ne te fera rentrer dans une case, dans une routine ; que les règles sont faites pour les gentils toutous. Les conseils des gens te seront toujours incohérents s'ils ne sortent pas des lèvres tentatrices et interdites des esprits libres comme les tiennes. Mais quand verras-tu que ses règles te donneraient accès à la facilité d'une ville tranquille et paisible ? Tu me dirais que tu ne veux pas d'une vie comme celle-ci, qu'elle n'a pas de goût sans interdit. Pourtant, tu connais mieux que personne le malheur d'une opportunité ratée, des rêves regrettés. Mais même lorsque les leçons de vie te sont transmises par les tiens, tu ne sais t'y tenir pensant que toi, Lee Minho, tu sauras faire la différence et ne pas commettre les mêmes erreurs. En es-tu si sûr ?
Ton amour pour l'art scandaleux en est la preuve même, franchir l'interdit, choquer pour s'amuser, voir les codes être renversés en quelques coups de pinceaux bien placés. Les traits fins de ton visage en sont la preuve, te faire passer pour un ange est le plus beau spectacle pour la société. Mais mon préféré restera à jamais celui du diable et ses yeux espiègles, avides de limites à franchir, de gentils toutous à faire frémir.


Minho m'a fait réalisé plusieurs choses, tout d'abord que le diable n'est pas un être rouge avec des cornes et une queue, mais un garçon magnifique, qui se doit d'exister dans l'unique but d'être la tentation incarnée. La routine devient effrayante lorsqu'on a goûté aux promenades nocturnes imprévisibles, aux bains de minuit, aux vols de fruits dans les jardins voisins. En bref, la vie devient fade sans l'indomptable Lee Minho.

Louisa m'a dit qu'elle te croisait rarement dans le bar dans lequel elle travaillait cet été-là. Mais qu'elle entendait parfois ton rire en passant par la villa. J'imagine que les traits de ton visage avaient fini par être si rares que les habitants du village pensaient rêver en les voyant furtivement entre deux coins de rue sur ton vélo.

Mafalda devient de plus en plus malade, elle préfère dire que ce n'est rien qu'un rhume qui traîne avec un sourire délicat, mais je l'entends parfois tousser si fort qu'elle doit se tenir aux meubles pour ne pas tomber. Ça va bientôt faire un an que cette merde traîne dans son corps sans qu'elle ne veuille nous communiquer ce que les médecins lui disent. Novah a déjà essayé de la persuader de lui soutirer quelques informations, mais rien à faire. Elle s'inquiète puisque les mensonges ne sont plus que les derniers recours pour une Italienne honnête comme Mafalda. Elle s'affaire à nous convaincre que ce n'est rien, que ce n'est pas un problème d'argent qui l'empêche de recourir aux soins dont elle doit bénéficier. Novah a déjà réussi à faire en sorte qu'elle ne travaille plus, ou du moins que pour les petites choses du quotidien. Une chambre lui a été attribuée. Des médecins passent de temps à autre quand elle n'a pas la force d'aller aux cabinets.

Mes études se déroulent comme je le veux. Tout va bien, ça m'intéresse et j'ai réussi à trouver du travail à côté. En Corée du Sud, les choses ne changent pas vraiment. Je me suis vite rendu compte que je vivais dans une routine rapidement lassante qui était aux premiers abords réconfortants. J'ai décidé d'y remédier en testant de nouvelles choses comme par exemple me colorer les cheveux en brun. Le blond me ramenait trop au garçon que j'étais autrefois. Il fait souvent gris alors je m'extirpe en Italie dès que j'en ai la chance. Mais quelque chose me dit que je vais y retourner dans peu de temps.

J'ai longtemps cru qu'on allait se croiser, un beau matin. Que j'allais revoir tes cheveux châtains et brillants sous le soleil resplendissant. J'ai longtemps espéré te croiser en retournant en Italie, mais le destin s'est toujours arrangé pour que ça ne se produise pas. Est-ce qu'un jour, il nous redonnera une chance ?
La nuit, lorsque le silence et la solitude sont mes seules compagnes et que je me complais à repenser à cet été-là, une seule question vient toujours finaliser cette douce torture.

Qu'est-ce que le ciel est capable de faire pour deux âmes solitaires et compères ?

𝐟𝐚𝐯𝐨𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞 𝐰𝐨𝐫𝐬𝐭 𝐧𝐢𝐠𝐡𝐭𝐦𝐚𝐫𝐞 - 𝗆𝗂𝗇𝗌𝗎𝗇𝗀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant