Chapitre 3 - Un repos bien mérité

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– Allo ! Hélène ? Mais t'es où ?
– Papa. Je suis encore dans la grande salle en bas. John est avec toi ?
– Oui, Oui mais je crois qu'il est parti. J'ai dû lui faire peur. Tu m'as fait peur. Elle est où cette grande salle ? tu peux pas remonter toute seule?
– Non, j'peux pas. Je me suis blessée à la cheville toute à l'heure en courant. Après John a voulu me porter jusqu'à la sortie mais j'ai dû m'évanouir. Attends ! J'ai entendu tes pas. Reviens en arrière près du tas de gravats.
– Là ?
– Oui, accroupis toi. Je suis là. Je coupe le téléphone. Attrape-moi par les mains si tu peux.
– D'accord. Attends 2 secondes, j'ai plus 20 ans.

Super papa à la rescousse. Au moins l'inquiétude de ce soir aura peut-être des chances de lui faire oublier mon escapade de la journée. Je vais m'en souvenir de cette rencontre avec l'ami John. Toujours aux abonnés absents celui-là d'ailleurs. Je vous passe les détails mais pour faire simple, maintenant c'est au tour de mon apollon d'avoir disparu et de provoquer l'inquiétude de tout le monde. Une sorte de joute verbale entre nos parents respectifs commence mais qui se termine assez vite lors de l'arrivée du service de police local. Après avoir pris la mesure du problème, le plus gradé d'entre eux envoie enfin une équipe fouiller à l'intérieur du temple. En attendant, un autre vient gentiment me tendre un papier et un crayon pour prendre ma déposition. La tension entre nos familles à l'air pour le moment d'être retombée. Juste l'air... Un des policiers finit par nous ordonner de retourner à notre hôtel pour ne pas gêner les recherches en cours. Avant de partir, le père de John finit par lâcher un très épique « Ne vous avisez plus jamais de menacer mon fils, s'il lui est arrivé quoique ce soit, je vous en tiendrais entièrement responsable ». Pas de quoi effrayer mon papounet, ce vieil ours fort comme un roc.

Le retour en voiture se fait dans un silence presque religieux. Enfin presque... Je me sens pas bien du tout rongée par la culpabilité d'être partie. Comme si je l'avais abandonné là-bas. Je suis déchirée en deux et pleure à chaudes larmes. Reprends toi idiote ! Tu le connaissais à peine et tu réagis comme si t'avais quitté l'homme de ta vie. Mais il s'est passé quelque chose entre nous. J'ai besoin de revoir John mais surtout son petit sourire gêné si craquant quand il n'ose pas faire ou dire quelque chose, cette candeur avec laquelle il me prend la main, ce regard intense qui me dévisage comme si j'étais la plus belle fille sur terre. Où es-tu John ? J'ai le mal de toi. C'est si injuste... reviens moi vite...

Ma ptite crotte de troll dort déjà paisiblement quand la voiture entre enfin dans le parking de l'hôtel. Cette fois, pas besoin de parler. Sans un mot ma mère soulève doucement Clément en l'enveloppant de son gilet noir. Papa lui, tente maladroitement d'imiter ces mêmes gestes en me soulevant hors du véhicule mais j'ai plus sept ans et la manœuvre est bien plus délicate que prévue. Surtout avec une cheville abîmée. Mais qu'importe, je retrouve un peu de réconfort dans ses bras protecteurs et me laisse emmener jusqu'à ma chambre, les yeux brillants de tristesse.

– Ne pleure pas pour lui ma puce, c'est un lâche ton John. Il t'a laissé seule dans le noir au fond de ce trou.
– Mais non. Il est venu chercher de l'aide, j'en suis sûr. Tu lui as dit quoi pour qu'il parte comme ça ?
– Rien de bien méchant. Tu es tout pour moi. Alors forcément quand on touche à ma fille j'ai tendance à sortir de mes gonds.
– Je t'aime Papa. Mais je crois que je l'aime vraiment beaucoup. Tu devrais pas le juger trop vite.
– Ah ma fille. Si je pouvais retrouver toute cette belle insouciance que l'on a quand on est jeune. Je ne peux pas t'en vouloir, quand j'ai connu ta mère j'étais aussi accroc que toi aujourd'hui. Mais protège ton cœur, ta vie d'ado va t'apporter ton lot de John. Mais je serais toujours là pour sécher tes larmes.
– Laisse-lui juste sa chance. Comme tu le fais encore avec maman.
– Tu as sûrement raison. Mais en attendant repose-toi. On appellera ses parents demain pour savoir s'il va bien. Il s'est sûrement juste planqué le temps qu'on parte de là-bas. j'ai vraiment dû lui ficher la trouille de sa vie. Dors maintenant.
– Merci Papa.
– Bonne nuit ma puce.

J'espère vraiment que ça va s'arranger pour mes parents. Est-ce que l'on est tous condamnés à voir la routine anéantir la magie des premiers jours ? Je peux pas le croire, je n'veux pas le croire. Je veux que cette rencontre ne soit pas juste qu'une histoire de plus.

Tiens ! Maintenant que j'y pense. Pourquoi John n'a pas pris mon téléphone plutôt que de partir chercher du secours ? Bref, c'est quand même bien flippant cette histoire. Le père de John a insisté sur le fait que son fils était convaincu que j'avais vraiment disparu et maintenant c'est son tour. La nuit porte conseil, alors dormons.

Le Rituel (L'arche de Ta  Prohm)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant