C'est mon imagination qui me joue des tours ou quoi? Mais qu'est-ce que c'est que ce délire. Le père d'Hélène me suivait, je me retourne... Plus personne ! Raisonne toi John, t'es dans la réalité là, c'est juste pas possible de disparaître comme ça. Et si... Non, c'est carrément n'importe quoi. Je sais que c'est du délire alors pourquoi je suis persuadé que ça va recommencer? Redescend sur terre John ! Ehoo ! C'est de la science-fiction là !
Bon, déjà commençons par sortir d'ici. Surtout qu'au lever du jour c'est plus que rafraîchissant de rester au milieu de ruines avec juste un tee-shirt. Etrangement je me sens en pleine forme, comme si j'avais dormi plusieurs jours. Pourtant il s'est passé à peine quelques secondes entre le moment où je me suis senti partir puis revenir. En un claquement de doigt je suis passé du coucher au lever du soleil.
Les rayons de lumières viennent partiellement éclairer le temple assailli ce matin par un groupe d'hommes et de femmes affecté au nettoyage du site. En me voyant l'une d'elle fit un bon et se mit à crier « khmaoch » en direction d'un préfabriqué situé un peu plus loin dans la jungle. J'apprendrais bien plus tard qu'elle m'avait tout simplement pris pour un fantôme. Heureusement pour moi mes parents étaient déjà sur le chemin du temple pour reprendre les recherches de la veille. Dix petites minutes plus tard et les voilà qui débarquent. Ma mère s'est métamorphosée pour l'occasion en sprinteuse olympique, manquant de me renverser lors de nos retrouvailles. Ce que je n'avais moins prévu c'est l'escorte policière qui suivrait derrière. Littéralement arraché à mes parents, j'entends des bribes d'une discussion entre un inspecteur et mon père. Ils veulent apparemment savoir ce qu'il s'est passé depuis hier soir et surtout où j'étais cette nuit. Menotté et sous bonne garde, je me laisse emporter dans la chaleur étouffante de la vieille berline de police. Je ne sais pas si c'est une attention toute particulière à mon égard mais mon entrée dans le commissariat est quasi théâtrale. Le cliché est total quand on m'installe promptement dans un bureau miteux face à un homme bedonnant, livré avec l'immanquable épaisse moustache noire. Les persiennes sont entièrement baissées et la seule lumière présente dans la pièce provient d'une vieille lampe de bureau n'éclairant que le côté droit de mon visage. Un silence pesant s'installe. Puis l'homme face à moi se présente (enfin je suppose) et se met à débiter un flot de paroles inintelligible pour moi. Disons que le Khmer n'était pas proposé comme 2ème langue cette année.
– Mr Galard, Le commissaire vous demande où vous étiez cette nuit.
Oh mon dieu ! Je l'avais pas vu lui. Adossé au mur derrière moi, un homme en costard couleur crème est là et fait apparemment office d'interprète.
– Euh, je sais pas. J'essayais de trouver la salle où j'avais perdu Hélène et d'un coup je me suis retrouvé ce matin au même endroit. Je me souviens de rien entre temps.
Nouvel échange entre les deux hommes
– Vous êtes certain de ne pas vous être évanoui Mr Galard ? Pas d'alcool, drogue ou autre stupéfiant ?
– Non, rien je vous dis. Je cherchais Hélène avec son père et voilà je suis là. Vous l'avez retrouvée ?
– Elle est rentrée hier soir avec ses parents mais vous avez de la chance. Cette histoire aurait pu très mal finir. Ne vous avisez plus de recommencer ce genre d'escapade. Estimez-vous heureux que le commissaire fasse preuve de clémence envers vous cette fois. Alors tenez-vous tranquille à présent.Attends mais... Oh merde, Non ! Pourvu que j'me trompe.
– Je peux vous demander un service ?
– Je ne pense pas que vous soyez en mesure de demander quoi que ce soit mais dites-moi et j'aviserais si c'est dans votre intérêt ou pas de le communiquer au commissaire.
– Je pense pas que ça va jouer en ma faveur mais j'ai besoin de savoir. Pourriez-vous demander à ce que quelqu'un appelle les parents d'Hélène ? J'ai comme un mauvais pressentiment et j'ai peur qu'elle ait de nouveau disparue elle aussi.
– Vous êtes sur Mr Galard ? Si ça s'avère être vrai, vous allez à coup sûr loger dans ses murs pour un long moment.
– Je veux savoir. J'ai besoin d'en être sûr.
– C'est entendu. Vous êtes certain que vous n'avez rien à nous dire ?
– Pas pour le moment non.Les voilà de nouveau lancés dans un déluge de paroles aux sons étranges. D'un côté un homme parfaitement maîtrisé, de l'autre un homme a priori furieux des propos qui lui sont rapportés. L'interprète saisit le téléphone du commissaire et compose ce qui je présume semble être le numéro de l'hôtel où logent les parents d'Hélène. Après quelques échanges difficiles avec l'accueil, la langue de Molière fait enfin surface. Faites que ce soit pas ça, je vous en supplie. Donnez-moi tort pitié !
- Oui, bonjour. Excusez-moi de vous déranger. Je suis Mr Laktar Paku, Agent interprète pour le commissariat de police d'Angkor. Je suis avec le Commissaire IENG qui souhaiterait prendre des nouvelles de votre fille. Comment ? Vous êtes sûr de ce que vous affirmez ? Je vois. Un instant je vous prie Monsieur.
Et rebelote, mais cette fois-ci l'échange est bref. Le commissaire se lève d'un bon et deux hommes me saisissent par les épaules. Avant de sortir de la pièce, j'entends l'interprète demander à son interlocuteur de lui ramener « la lettre ». Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé. Bizarrement j'ai peur mais pas pour moi. J'ai peur de la perdre elle. Depuis ce matin tout se chamboule dans ma tête. Je me sens qu'à moitié moi-même, différent... Je ne veux pas croire que ça en restera là. Je pense que... non j'en suis sûre... je l'aime.
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Le Rituel (L'arche de Ta Prohm)
RomanceAu cœur d'un voyage au Cambodge, deux jeunes adolescents, tout juste tombés amoureux, se retrouvent piégés dans les vestiges mystiques de Ta Prohm, un lieu empreint de mystère et d'histoire. Une aventure énigmatique va sceller leur destin à tout jam...