Les cours de sciences au lycée étaient dispensés par des professeurs, disons, très différents. Madame Facqs qui enseignait la biologie, n'était pas plus passionnée par son métier, que l'était un prisonnier par les barreaux de sa cellule. Monsieur Vansen, professeur de chimie, était, à l'origine, un pharmacien, qui n'en pouvait plus de gérer les clients et les ordonnances médicales. Il n'était donc pas du métier, mais accomplissait son job avec minutie.Monsieur Laurence était celui dont on parlait le plus dans l'établissement. Il était physicien diplômé, et on le savait rien qu'à le voir arriver. Partout où il allait, il transportait son matériel d'expérience avec lui, son sac était rempli d'une dizaine de calculatrices scientifiques et de vieux livres poussiéreux, qui, disait le professeur, renfermaient les secrets de notre monde. Les élèves l'appréciaient, néanmoins, ils ronchonnaient à tout bout de champ "on ne comprend jamais rien". Et en effet, le cours de monsieur Laurence s'apparrentait bien plus à un cours d'université qu'à un cours de lycée. Il s'appliquait à ce que les élèves le comprennent mais bien souvent, ses réponses laissaient place à d'autres interrogations. De toute évidence, c'était l'être le plus passionné que l'on pouvait rencontrer aux Etats-Unis. Il restait tard dans l'école, non par choix, simplement dès qu'il se plongeait dans l'un de ses livres, il ne pouvait se contraindre à relever la tête avant que la nuit ne soit tombée.
Cette soirée-là, il referma son livre de physique quantique alors que son horloge indiquait vingt-et-une heures passée. L'école était désormais déserte. Louis avait positionné deux de ses officiers à une cinquantaine de mètres de l'école. Madame Stan avait interdit que ceux-ci ne se rapprochent d'avantage. La police n'avait pas cherché à joindre monsieur Laurence, pour l'avertir. Le professeur aurait cru à une farce. Tout compte fait, il était bien au courant de l'épée de Damoclès qui touchait le crâne de ses collègues scientifiques et lui-même. Il n'était pas le plus perturbé du monde, malgré l'arrestation de sa collègue. (Ce qui, il en était persuadé, n'était qu'une simple erreur.)
Il quitta le local qui lui avait été attitré depuis de nombreuses années déjà, son sac sur le dos. Il se dirigeait vers le parking réservé aux professeurs en chantonnant tout bas un single des Beatles. Il avait perdu l'habitude de se méfier, et c'était une bêtise impardonnable. Lors de sa première année dans le lycée, il effectuait ce chemin, la main posée contre la poche de sa veste qui renfermait sa bombe au poivre, en cas d'agression. Mais à cet instant, le rythme de la musique capturait son esprit, l'allégeant de ses soucis. Selon lui, il y avait bien suffisamment de caméras de surveillance, pour s'inquiéter. À cette pensée, les rares néons s'éteignirent. S'il n'avait pas de casque sur les oreilles, il aurait pu entendre les signes indicateurs. Les bourdonnements des lampes et les râlements des caméras forcées de s'arrêter par manque d'électricité. Il coupa sa musique. Il se plaignit tout bas, du système électrogène défectueux du lycée. Il avait pourtant bien proposé de le réparer ! Il enleva le sac de ses épaules, à la recherche de sa lampe de poche qu'il gardait constamment sur lui.
Absorbé par sa recherche, il ne remarqua point celle qui était assise sur les marches de l'escalier central, dans la pénombre.
-J'ai toujours aimé la physique... Elle chuchotait, mais cela suffisait à ce que sa voix résonne.
Monsieur Laurence s'arrêta net. Il se tourna vers l'escalier et plissa les yeux pour réussir à distinguer la silhouette qui se dessinait peu à peu dans sa rétine.
-Une matière difficile, certes, mais noble. Quel plaisir de mêler mes connaissances mathématiques à la théorie pure scientifique.
L'inconnue s'était levée et avait prononcé ces quelques mots en les animant de grands gestes telle une actrice en pleine représentation théâtrale. Monsieur Laurence ne pouvait voir le sourire qui maquillait son visage.
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Hypnose (the wattys 2021)
Teen Fiction"Etes-vous prêts à prendre le risque? " "Hypnose franchit le dernier pas la séparant de sa victime, et attrapa la tête de monsieur Laurence pour l'obliger à la regarder droit dans les yeux. -À partir de ce jour, tu ne dormiras plus, tu ne mangeras p...