SélèneSoleil Fauve.
La lumière jaune se jetait ardente entre les murs blancs. Venue des cieux, elle brûlait plus fort que la passion, embaumante dans ses arabesques.
Je sentais l'odeur de la peinture, l'odeur de l'art. L'art blanc. L'art silence, qui ne se dit pas. Coup de peinture, éclaboussures, chef-d'œuvre discret.
Par terre, un matelas. Nous étions allongés dessus, faute de lit. Et alors, dans le silence des après-midi palermois, entre les ruelles et les pavés de feu, nous battions à l'unisson. Essences vivantes dans un lieu dépeuplé, voilà que nous renaissions sous les battements de l'amour passion. Rouge vif, la couleur était exquise.
Il dormait. D'un sommeil léger, d'un sommeil d'été. Les rayons du soleil caressaient sa peau, belle plume sur une toile qui ne se sait pas. Il était Art, il était muse, et je voulais m'oublier dans les volutes de sa beauté.
J'avais toujours aimé le Beau, aimé l'Art, la contemplation. Ce silence, cri de l'âme, extase et paillettes. Pas l'amour, mais la Liberté et l'Art. La sublimation des sentiments, quelqu'ils soient, dans une forme d'esthétisme alternatif, rare et précieux. Les belles choses. Et lorsque j'étais avec Dante, je me sentais toujours comme à l'Opéra, lorsque la note la plus aiguë de la soprano bouleverse les éléments, fait éclater le verre et délivre les hommes. Toujours comme la danseuse étoile, lorsque sa pirouette l'emporte au delà de la scène, au delà de la musique, au delà du mortel. Lorsque, face à un paysage magnifique, le souffle se coupe, comme incapable de se poursuivre, face à tant d'éclat. Toujours, comme lors du coup de foudre, où le cœur, et où les frissons, et où tout le corps vibre, vibre passion, vibre toujours. Oui, Dante était Art, et il était destiné à resplendir, destiné à briller, diamant, et j'adorais être là, seulement là, près de lui, parce que sa lumière, bien qu'il l'ignorait, resplendissait sur tous les visages de ceux qui l'approchaient.
Je le regardais une dernière fois et me levais, toujours une petite fille à ses côtés.
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Le miroir me renvoyait une image flatteuse. Ma peau avait beaucoup foncé sous le soleil, et elle brillait, mordorée, sous la lumière ocre. Retrouver Palerme, revoir Dante m'avait profondément changé. Comme si, la Dolce Vita s'était faite ressentir jusqu'au plus profond de moi, m'avait doucement enveloppé dans son habit de soie.
J'avais bientôt fini de repeindre l'appartement, et l'été touchait presque à sa fin. Bientôt, j'allais devoir repartir, retourner à Paris. Mais comment ne pas vouloir rester ? Comment réussir à oublier le soleil, tant qu'il se consumait en moi ?
Trois coups à la porte de la salle de bain me firent sursauter.
- Prête ? me demanda Dante à travers la porte.
- Presque !
J'enfilais ma robe blanche en vitesse, ébouriffai mes cheveux pour leur donner un peu de volume et sorti le rejoindre.
Il m'attendait devant la porte, et je ne pus m'empêcher de sourire.
- Un rien, et il est magnifique. C'est injuste.
Dante ria et il m'attrapa par la taille. Irradiée.
- Tu sens bon, amore mio.
- Seulement parce que j'ai un peu de ton odeur.
Je le sentis sourire tandis qu'il m'embrassa dans le cou. Je fermais les yeux un instant. Moments célestes.
- Andiamo, s'exclama-t-il en me prenant par la main.
Et mon cœur redoubla ses battements, tandis que je tentais de calmer mon anxiété, priant pour que tout se passe bien...
...
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S A P H I R
Romance2009. De retour à Palerme, Sélène retrouve ses côtes baignées par le Soleil, l'éternité ocre et jaune de la jeunesse encore pure qui se veut invincible. L'été de 1999 est resté gravé dans sa mémoire telle la relique de l'immortel. Foulant les mêmes...