6° Amour Plastique

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Dante

Amour plastique.

L'impression, vivace, que mes sentiments avaient été enfermés dans une bulle de cellophane.

Et puis, à sa vue, le monde, qui valse et s'effondre, comme s'il n'avait jusque là que tenu sur un fil de soie.

Mitraille caniculaire. La chaleur faisait perler des gouttes de sueur sur mon dos. Et puis, le bruit d'une pièce en métal roulant sur l'asphalte en feu. Et son regard.

Elle avait les cheveux noirs. De larges boucles perlaient sur son dos, tombant avec grâce sur ses épaules, effleurant sa poitrine, dissimulée par un léger décolleté. Sa peau était marron safran, et j'avais l'impression que le soleil renaissait sous ses pores. Elle était majestueuse.

Le temps avait sublimé. Sublimé ses traits, comme si la maturité avait dessiné des fleurs sur sa peau, et que, germées, elles avaient donné naissance à des particules d'éternité.

Ses yeux brillaient. Sûrement était elle aussi surprise que moi. Les retrouvailles font toujours cet effet là. Bonjour, bonsoir, nous revoilà, après toutes ces années.

Je m'avançai, instinctivement. Je pouvais sentir mon cœur courir dans ma poitrine. Comme s'il n'avait attendu que cet instant-là pour s'éveiller à l'intensité.

Et soudain, le bruit d'une porte qui claque et Nino qui se jette dans mes bras.

- Papà! s'exclama-t-il.

Je le serrais fort, et, lorsque je le reposai au sol, elle avait disparu.

Un instant avait suffit, et là où elle se tenait il y a quelques secondes seulement, ne subsistait que la brûlure du soleil, et un rayon ardent qui dardait le sol violemment.

Mon cœur palpitait, et je regardais au loin, sachant pertinemment que je ne la verrais plus. J'hésitai. Était-ce réel ? L'avais-je réellement vue ?

Je lâchais un rictus intérieur. J'avais vu son ombre.

Nino, s'agitait. Je le regardai, interloqué :

- Tu n'es pas censé faire la sieste ?

Il se tortilla dans tous les sens et se mit à sautiller en racontant une histoire à propos de dragon et de monstre.

- Et bien, ça m'a l'air très agité tout ça. Si tu permet p'tit gars, je vais tout de même te remettre au lit.

À l'intérieur, la chaleur étouffante ne pouvait s'infiltrer, bloquée par la climatisation. Elle faisait un bruit monstre, et je compris d'où venait ce rêve farfelu qu'avait fait Nino.

Il insista pour ne pas retourner dans sa chambre et je le laissais alors sur le canapé. Je m'assis à côté de lui tandis qu'il se rendormit.

Je le regardais un moment, pensif. Ses cheveux bruns lui tombaient sur les yeux. Il était très bronzé, et ses yeux étaient recouverts par de longs cils. Ils me rappelaient ceux de sa mère.

Dora était un ange.

Je passais ma main sur sa petite tête, tandis que j'étendais le souffle léger de sa respiration. Il s'était rendormi.




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Minuit.

La nuit était tombée depuis de longues heures maintenant.

S A P H I ROù les histoires vivent. Découvrez maintenant