5° Dolce Vita!

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- 10 ans plus tôt -




Dante



C'est une sensation étrange. De se voir mourir.
L'ironie suprême. Le tout-ça-pour-ça.

Tu nais. Tu vis. Tu crèves.


Les flammes léchaient le bâtiment. Réfugié au fond de la chambre, je restais prostré, recroquevillé contre le mur.

J'avais peur. Pas du genre d'angoisse qui te noue le ventre et te donne le vertige, mais de celles qui te terrassent, te ravagent de l'intérieur, te déchirent. J'implosais sous la douleur, sous l'angoisse, sous l'horreur.

Je n'étais plus un homme. Je n'avais jamais été un homme. J'étais un petit garçon, rattrapé par toutes ses erreurs, rattrapé par ses mauvaises actions, mais qui n'avait jamais grandi. J'étais un enfant qui avait donné une partie de son âme en échange d'un exutoire.

Ah! Je l'avais crié, la Dolce Vita sur ma vespa. Je l'avais hurlé. Parce que l'ultrason devait devenir réalité.

Vivons. Vivons, bordel !

Je sursautais à l'entente de sanglots, avant de réaliser que c'était les miens. Que je pleurais. Parce que c'est tout ce qu'il me restait.

Les flammes rongeaient le bois, et le restaurant s'effondrait dans un bruit fracassant.

Respire, Dante.

Les larmes abondaient, et leur arrière goût salé laissait une impression amer.

Quelle absurdité. De mourir comme ça.

Je réprimai un rictus. Je l'avais mérité. Parce que j'étais un monstre, un criminel. Je crachais des larmes, et tout ce que je touchais se détruisait.

Respire, Dante.

La fumée enserrait la pièce. Elle arrivait plus vite que les flammes. Je n'avais plus d'air. Je n'avais plus rien.

Et soudain, la vérité me percuta : Tu vas mourir.

Elle hurlait, se martelait, telle la mélodie de l'infernal.

Respire, Dante.

Je regardais les flammes se rapprocher, pensant à ma mère, à mon grand frère.

À tout ce que je perdrais.

Comme émergeant d'une transe soudaine, j'entendis soudain les sirènes de police, des pompiers à l'extérieur.

La fumée avait étouffé la pièce. Tout se vivait dans une brume grisâtre. Et j'aurais voulu la percer à coups d'épée, qu'elle meure et s'évanouisse dans ses propres réminiscences. Qu'elle tombe en cendres, et me redonne la vie.

La mafia m'avait donné vie. J'avais exulté si fort que j'en avais oublié le tempo mortel me suivant à la trace. Boum, boum, et au troisième coup, ça t'éclate la rétine, tu vois des paillettes, des diamants. T'es aveuglé, attiré par le clinquant, par les bijoux en toc qui se réclament du luxe. C'est plaqué or, argent et deux jours plus tard ça devient vert. Verdâtre, le cuivre il brille pourtant, comme la balle du neuf millimètres qui t'érafle, te déraille. Au réveil, tu te fait brûler par les flammes. Hurle, mais tu ne seras jamais la mer. Merde, tu t'es auto-détruit, et maintenant, c'est trop tard.

Mais je ne voulais pas mourir. Ce feu, il ne brûlait pas autour de moi. Il brûlait en moi. Rage de vivre. Rage de vaincre. Elle me nourrit, elle me terrasse. Violente. Vivace. Brutale, elle se voulait de celles qui te redonnent tes ailes, avant qu'elles ne tombent en cendres. Vole, le souffle de l'air te portera.

Les sirènes des urgences hurlaient dehors. Presque grinçantes, elles rimaient avec captivité.

Si tu sors en vie, tu finiras en prison.

Ainsi soit-il, pensais-je. Derrière les barreaux, peut-être pourrais-je enfin échapper à moi même.

Tentant le tout pour le tout, je décrochais un rideaux qui pendait à la vitre, l'arrachant d'un geste brusque. Je m'en enveloppais, et en fit faire plusieurs fois le tour de mon bras. J'en recouvrais également mon visage.

Les flammes avaient pris d'assaut la pièce. C'était ça ou la mort.

Serrant les dents, je m'élançais à travers les flammes, avec une seule chose en tête :




Vivre. Vivre, à tout prix.















...

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À très vite 🖤

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