Chapitre 9

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D'une mine maussade, je me dirige vers ma chambre. La main posée sur la poignée de la porte, j'hésite avant de pénétrer dans cette pièce assombrie par la scène de ce matin. Je prends courage et y entre sans faire attention aux murs qui m'entourent et me faufile directement dans la salle de bain.

Stoppé devant le miroir, je caresse ma lèvre meurtrie et ferme les yeux sous la douleur. Je respire un grand coup afin de me calmer. Je récupère mon gant de toilette et l'imbibe d'eau bouillante et c'est tremblante que je commence à éponger mon nez pour effacer le sang séché. À chaque mouvement, une plainte de supplice franchit le seuil de ma bouche.

Alors que je me prépare à remettre la lavette sous l'eau, la porte s'ouvre à la volée, laissant entrevoir le reflet d'un Claus en courroux. Brusquement, il me prend dans ces bras et plonge sa main dans ma chevelure afin de m'obliger à nicher ma tête dans son cou. À l'aveuglette, je le serre très fort et hume son effluve. Les notes aromatiques de son parfum agissent sur moi tel un tranquillisant. Mes muscles se relâchent, ma pression chute à la normale et j'explose en sanglots. Dans son étreinte, je m'apaise et évacue tout le stress accumulé. J'ai qu'une envie c'est de faire perdurer cette quiétude qui m'environne.

— Je suis désolé ! Je n'aurais jamais dû te laisser seule et...

— S'il te plait, Claus ne gâche pas cet instant présent avec cette histoire. Accorde-moi encore une minute de répit et de silence, par la suite on pourra en parler.

Mutisme, il m'oblige à me décoller de son torse afin de découvrir l'état de ma figure. Il crochète mon menton et caresse au passage ma lèvre fissurée. La tête rejetée en arrière, je laisse une complainte m'échapper. Il étend son bras, récupère le gant et commence à nettoyer chaque parcelle ensanglantée qu'il perçoit.
Devant son visage exaspéré et colérique, je me liquéfie. Voir mon reflet emprisonné dans ces délicieuses prunelles me donne des frissons. Plus les jours passe plus j'ai l'impression de retomber éperdument amoureuse de lui. Il m'en ivre à en perdre la raison. Tout en lui me rend dingue et il le sait.

Égarée dans ma contemplation, je ne ressens aucune douleur. Je ferme les yeux et un sourire en coin apparaît sur ma face en imaginant l'effet dévastateur qu'il a sur moi.

— Je... lancé-je, sans savoir quoi dire réellement. Les yeux clos, je cherche avec force des arguments convaincants pour le persuader de me pardonner, mais rien ne me vient. Aucun mot ne peut justifier le manque de confiance que j'ai eue à son égard. Surtout sur un sujet si délicat.

— Alex arrête de penser ! Tu en as assez morflé pour aujourd'hui.

Un rire cynique m'échappe sans que je ne puisse le retenir.

— Morfler ? Tu es sérieux ?! Entre toi et moi, qui s'est senti le plus blessé par cette putain de situation ? J'étais contente d'avoir retrouvé ma génitrice, mais si j'avais su qu'elle aurait mis le feu aux poudres je ne l'aurais jamais fait entrer dans nos vies. En une journée, regarde le bordel qu'elle a créé ? Et le pire dans cette histoire c'est que je suis tellement conne que j'ai cru chacun de ces mensonges. J'ai douté de toi alors que je savais au fond de moi que tu ne serais pas capable d'une chose aussi horrible. Telle une marionnette, je me suis laissé manipuler par ces âneries...

— Alex, ça suffit maintenant ! Je ne t'accuse de rien. J'ai eu une baisse de morale. J'avais besoin d'extérioriser tout ce que je ressens, c'est la raison pour laquelle j'ai refait appel à mon psychologue. Tu n'aurais jamais dû regarder cette séance. J'en veux à Caleb pour ce choix.

— Tu ne comprends pas ! C'est...

— C'est plutôt toi qui ne comprends pas ma chérie, je ne t'en veux pas, tu n'y es pour rien dans cette histoire. Ce n'est pas toi qui as mis les mots à la bouche de ta génitrice.

SOFT REVENGE  tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant