Chapitre 6 - Les Kirstein

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Après la tonte, Jean reconduisait les enfants de Licht à la maison. Il devait à tout prix rentrer chez lui et annoncer la nouvelle à ses parents.

Comme le soleil déclinait avec lenteur au loin, il présumait que sa mère était rentrée ainsi que son père. Lui qui passait ses jours de retraite à s'asseoir de longues heures sur une barque en bois au niveau du lac en contrebas. Il pêchait avec patience et précision ; c'était tout un art pour lui. Et quand il revenait le soir, il passait par chacunes des maisons pour y déposer le dur fruit de son travail. Monsieur Kirstein laissait s'écouler son temps de cette manière. Il faisait ce qu'il aimait en donnant le sourire aux habitants de leur petit village quand il apportait de beaux poissons.

Jean passait à peine la porte de la maison que sa mère arrivait un torchon en main.

- On se lave vite les mains jeune homme et à table.

Elle retirait le fedora de son fils alors que ce dernier enlevait ses bottes pleines de terre.

- J'espère que tu as bien aidé Reiner et les garçons ?

Jean haussait les épaules.

- Ce travail de paysan va très bien à Reiner, ainsi qu'à Connie ou Falco. Je me suis adossé à un arbre, ce n'est pas de mon niveau.

Il passait à côté de sa mère qui levait les yeux au ciel.

- Comment vont les petits ? Tu t'en es bien occupé au moins ?

Le châtain se lavait les mains en haussant les épaules.

- C'est Livaï la nounou, pas moi.

Il se prenait un coup de journal à l'arrière de son crâne. Alors qu'il se tenait la tête en courbant le dos, le châtain reconnaissait là l'odeur de son père ; il sentait fort le poisson.

- Emil est ton filleul, prends-en grand soin. Les Braun te font confiance.

Monsieur Kirstein attrapait trois verres qu'il posait sur la table et prenait place sur sa chaise attitrée.

- Mangeons vite avant que les poissons ne refroidissent.

Alors que les trois membres de la famille Kirstein dégustaient le poisson pêché le jour-même, Jean tentait de capter le regard de sa mère. Il aurait aimé lui en parler en premier, mais l'impatience le rongeait.

- Emil est bien mon filleul, mais je pense que je suis enfin en âge de quitter la maison familiale et surtout de penser à fonder ma propre petite famille.

Monsieur Kirstein riait en s'essuyant la bouche de sa serviette de table. Jean se crispait.

- Ce n'est pas trop tôt. Toi qui rêvais de nous quitter et vivre en centre-ville dans l'opulence et la notoriété.

Jean ravalait sa salive. Sa pomme d'Adam montait et reprenait sa place.

- Je compte me marier cet été.

Là, madame Kirstein manquait de s'étouffer avec le riz accompagnant le poisson.

- Aussi tôt mon Jeanbo ? Tu ne veux pas nous la présenter avant ? C'est très précipité.

Elle avait déposé sa main sur celle de son fils en le regardant l'air soucieuse. Là, le père de Jean éclatait de rire.

- Tu as enfin réussi à avoir celle dont tu nous rabat les oreilles depuis tant d'années ? Comment elle s'appelle déjà. Makise ? Misaka ? Mikasa !

Jean pinçait ses lèvres en baissant la tête alors que son père continuait de déguster le succulent poisson.

- Non, j'en aime une autre. C'est Pieck.

Là, monsieur Kirstein avalait en aspirant un morceau de poisson et commençait à tousser. Il s'étouffait clairement et dans la panique, son épouse et son fils s'étaient levés pour lui venir en aide. Jean tapait dans le dos de son père pour faire sortir le morceau alors que la mère préparait déjà un verre d'eau pour l'après.

Une fois le morceau craché, les larmes aux yeux rougis et les joues cramoisies, monsieur Kirstein tapotait de sa serviette sur ses lèvres pour effacer la bave et buvait en douceur le verre d'eau.

Toussant une dernière fois pour apaiser cette nouvelle gêne irritante dans sa gorge, le père de Jean levait des yeux plissés vers ce dernier.

- Qui donc ?

Se laissant lourdement tomber sur sa propre chaise en soufflant, Jean triturait ses doigts quelques instants avant de se redresser. Il se levait et posait ses deux mains sur la table.

- Je compte épouser Pieck avant la fin de l'été.

Là, c'est madame Kirstein qui manquait de s'étouffer avec sa propre salive.

- Je sais pertinemment que...

Le père de Jean levait la main pour le couper et séchait ses larmes causées par ses rires.

- Pieck ? C'est excellent même. Tu as ma bénédiction.

Il se tournait vers son épouse.

- Enfin, il part de la maison. Invitons la future mariée à venir dîner demain soir. Nous avons à parler sérieusement. Il faut la préparer à supporter à vie son futur époux.

Et c'est d'une part vexé et de l'autre avec un poids en moins sur ses épaules que Jean finissait son dîner. Il regardait par la fenêtre en songeant à Pieck qui devait manger seule ou chez les Braun.

Un désir si simple (Jean x Pieck) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant