Chapitre 7 - Belle-fille

110 8 2
                                    




S'asseyant sur le perron avec une tasse de café fumant, Jean observait le ciel étoilé. Il n'avait pas réussi à avouer à ses parents que Pieck était enceinte par sa faute. Ce n'était pas la cause de sa demande en mariage, mais plutôt un des éléments déclencheur de sa prise de conscience des sentiments qu'il éprouvait pour elle.

- Tu n'as rien d'autre à me dire ?

La porte en bois grinçait quand elle se refermait derrière le père de Jean. Il avait lui aussi une tasse de café fumant dans la main et s'asseyait à côté de son fils. Ce dernier jouait avec son bouc qui avait bien poussé.

- Pieck est enceinte de moi.

Le père apportait en douceur la chaude liqueur à ses lèvres et soufflait avant d'en boire une petite gorgée.

- C'est tout ?

Jean semblait halluciner alors que son père souriait en apportant encore une fois la tasse à ses lèvres.

- Ta mère et moi nous sommes mariés en novembre et tu es né en avril. Calcule rapidement sachant que tu es né à terme.

Jouant avec ses doigts pour compter, le châtain se tournait vers son géniteur le regard ahuri.

- Et oui, on était jeune et amoureux. Les protections, on ne connaissait pas. Et c'est bien là la question que je voudrais te poser, vous avez le choix maintenant vous les jeunes pour éviter d'avoir des petits accidents. Comment se fait-il qu'elle soit tombée enceinte ?

Jean se grattait la nuque gêné.

- C'est arrivé qu'une seule fois et après cela, nous n'en avons plus parlé. Je ne pensais pas que ça arriverait.

Le père de Jean riait en laissant sa tête partir en arrière.

- Tu es bien stupide mon fils. Mais aussi un Kirstein.

Il tapotait sur l'épaule de son fils.

- Notre semence est bien trop puissante.

Jean se pinçait les lèvres pour éviter de sourire. Tout s'était étrangement bien passé. Il s'était mis la pression pour rien.

Le lendemain, alors qu'il descendait les escaliers, Jean tombait nez à nez avec Pieck aidant madame Kirstein en cuisine.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Pieck qui coupait le pain frais en tranche manquait presque de se blesser légèrement surprise. Elle lançait un coup d'œil à sa future belle-mère qui prenait les devants.

- C'est tout à fait normal d'inviter sa belle-fille à déjeuner avec nous. Elle va bientôt faire partie officiellement de la famille. Il faut donc qu'on l'intègre le plus possible pour qu'elle puisse m'appeler maman en bonne et due forme.

Pieck rougissait en posant délicatement sa main sur son ventre encore plat alors que Jean était pâle ; il n'avait pas encore annoncé ce détail à sa mère.

- Au lieu de rester les bras ballants, aide ta mère !

Un chapeau de paille sur la tête et son attirail complet du bon pêcheur expérimenté, monsieur Kirstein saluait de la main tout le petit monde avant de se diriger vers la porte.

- Où comptes-tu aller alors que nous avons une invitée ?

Madame Kirstein retirait des mains de son époux ses affaires et lui confisquait même son chapeau de paille.

- Nous allons manger tous ensemble et parler mariage.

Elle sautillait presque sur place alors que Pieck continuait de sourire en rougissant ; elle retrouvait ces petits moments synonyme d'une famille aimante.

À table, les œufs au plat étaient délicieusement bon, mais à peine avait-elle approché sa fourchette à sa bouche que Pieck se sentait nauséeuse.

Elle apportait sa main à ses lèvres pour calmer cette remontée et soufflait de soulagement quand la sensation se dissipait.

- Ce n'est pas bon ?

Madame Kirstein semblait soucieuse en fixant sa belle-fille. Elle avait peur que le petit-déjeuner ne lui plaise pas.

- Non, c'est délicieux. Mais j'en suis encore au stade des nausées matinales et ça ne s'arrête pas avant le début de l'après-midi.

Les yeux ronds, madame Kirstein fixait Pieck, puis glissait ses yeux sur la main de la jeune femme aux cheveux noirs posée sur son ventre.

Puis, tournant son regard vers son fils, elle le voyait complètement affaissé sur lui-même.

Remarquant enfin le regard de sa mère porté sur lui, Jean se redressait.

- Elle attend un enfant.

Il gardait le dos droit sans oser plonger son regard dans celui de sa mère.

Un silence pesant régnait sur les quatre membres autour de cette table.

- Tu ne leur avais pas dit ?

Pieck chuchotait mais savait pertinemment que tout le monde entendait.
Monsieur Kirstein riait pour détendre l'atmosphère devenue lourde.

- C'est une excellente nouvelle ! Je vais enfin être grand-père ! Même si j'avoue que je le sais depuis hier, je n'ai pas eu le temps de te féliciter Pieck et en même temps de te gronder. Pourquoi avoir choisi Jean ? Il est bien trop égocentrique.

Les regards convergeaient désormais vers madame Kirstein qui était pâle. Un fin sourire naissait sur ses lèvres et ses pommettes remontaient.

- Je suis si heureuse pour vous. Je vais être grand-mère. Et puis, il faut donc avancer la date du mariage.

Elle posait une main sur celle de Pieck et l'autre sur celle de Jean avant de papillonner des yeux. Un dernier sourire sur ses lèvres, madame Kirstein chavirait en avant et était retenue de justesse par son fils ; elle venait de perdre connaissance faisant paniquer les autres personnes présentes.

Ils se levaient tous pour se rapprocher de madame Kirstein et alors qu'il allait la mener sur le canapé du salon et que Pieck courait déjà imbiber un tissu d'eau, ses nausées revenaient.

- Jean... où sont les toilettes déjà ?

Elle plaquait sa main sur sa bouche et le châtain commençait sérieusement à ne plus gérer la situation ; il était totalement paniqué. Monsieur Kirstein poussait son fils vers Pieck qui courait déjà dans la direction indiquée et s'agenouillait près de son épouse.

- Vas voir ton aimée, je m'occupe de la mienne.

Et Jean rejoignait Pieck alors que monsieur Kirstein souriait en regardant son épouse depuis de bien longues années.

- Un seul et unique gosse et c'est un sale gosse qui malgré des années en tant que soldat exemplaire perd tous ses moyens quand il s'agit d'amour. Où as-t-on merdé dans son éducation ? En espérant que leur enfant tient de Pieck et non de son père.

Il riait faisant ressortir les rides aux coins de ses yeux en déposant un baiser sur le front de son épouse.

Un désir si simple (Jean x Pieck) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant