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  Arrivé à l’hôpital, Ibrahim effrayé tout au long du trajet s’attendait à une annonce bouleversante, sa belle-mère le conduisit jusque devant de la porte de chambre où était sa femme. Cette dernière ne souriait pas, et juste derrière cette porte se trouvait sa femme.. « mais que vais-je voir dans la chambre ô Allah ? » se demandait-il. Il ouvrit donc la porte, très surpris , il vit sa femme assise au bord du lit en parfait état. Et juste derrière sa belle-mère s’écria alors : « Allah est Grand ! Allah est Grand ! Ibrahim ta femme est enceinte. » Il n’en revenait pas. En réalité, il ne savait pas quoi faire à ce moment précis ; deux bonnes nouvelles lui étaient présentées : sa femme qui n’avait rien et le fait que celle-ci attendait un enfant. Ému et heureux, il chercha une place pour s’asseoir et ne cessait de répéter : « louange à Allah ! » Sa femme toute souriante se leva et vint s’asseoir près de lui en chuchotant discrètement à son oreille : « tu vois, Allah ne manque jamais à Ses promesses, alors sourit et essuie ces larmes. »

  Les mois passèrent, et Zahra était déjà à son neuvième mois de grossesse. Elle n’attendait plus que le moment propice de l’accouchement. Durant les mois précédents, son petit restaurant était fermé, c’était une décision de son mari ; il ne voulait pas qu’elle fasse quoi que ce soit. En effet, c’est lui qui, malgré le fait qu’il était occupé à l’école, s’occupait des travaux de la maison. Bien sûr elle pouvait se rendre chez sa tante, mais ce dernier voulait être près de sa femme et de son bébé à venir. Il faisait tout pour qu’elle se sente bien et elle n’avait pas à se plaindre.
  Une nuit, alors qu’elle ne trouvait plus le sommeil, elle se leva délicatement pour ne pas réveiller son bien-aimé, alla donc au salon et s’assit. Elle caressait tendrement son ventre et se mit à invoquer son Seigneur de la manière suivante : « ô Allah ! C’est Toi le plus Miséricordieux des Miséricordieux. Accorde-moi un enfant bon et inscris-le parmi ceux qui Te loueront et ne cesseront de T’invoquer, qu’il soit vertueux, obéissant et soumis à Toi. Amine ! »
  
  Le lendemain, alors qu’il était en réunion, Ibrahim reçu un appel de sa femme lui demandant de venir rapidement. Il savait ce que cela signifiait, alors il laissa un remplaçant et s’en alla. Une fois arrivé à l’hôpital, on apprêta Zahra pour l’accouchement. Celle-ci un peu inquiète ne cessait d’invoquer son Seigneur, car dans ces circonstances la vie de la mère ou de l’enfant était en jeu ou les deux. Dehors, inquiet et agité, Ibrahim n’entendait que les cris de sa femme ; il voulait que cela cesse pour qu’il puisse aller la rejoindre. Et là, les pleurs d’un bébé se firent entendre, ceux d’une magnifique princesse. Ibrahim était soulagé, lui qui attendait ce moment depuis longtemps… Leur patience et leur endurance ont fini par payer, ce qu’ils voulaient tant leur était donné ; louange à Celui qui fait dons et accorde Ses grâces ! Enfin seuls, Ibrahim enlaça très fort sa femme et lui dit : « je ne vais pas te mentir Zahra, j’ai eu un peu peur pour vous deux.
- Louange à Allah ! Khadidja et moi sommes là en vie.
- Khadidja ?
- Oui. Ne te rappelles-tu pas que c’est ainsi que nous allions appeler notre fille ? Voici ta princesse Ibrahim, elle est vraiment magnifique.
- Comme sa belle maman. »

Quelques temps suite à l’accouchement et à la cérémonie de l’enfant qui était déjà passée, on sentait toujours une aire festive chez les Mohaman. Ibrahim était tellement heureux de l’arrivée de sa fille qu’il ne se présentait plus tellement à l’école. C’est lui qui s’occupait le plus de la petite Khadidja : lorsqu’elle pleurait il la berçait, lorsqu’il fallait changer sa couche… Il s’occupait absolument de tout et cela amusait beaucoup sa femme.
   Un lundi férié, Zahra était toute seule avec sa fille et s’apprêtait à faire le biberon de celle-ci, lorsqu’une personne l’interrompit : « que la paix soit sur vous habitants de la maison ! – Ainsi que sur vous ! Répondit Zahra ». C’était une personne que Zahra ne pensait plus revoir, il s’agissait de Halima. Zahra l’invita donc à entrer et toutes deux s’assirent. Alors Halima dit : « ma sœur comment vas-tu ?
- Bien, on remercie Allah. Répondit tendrement Zahra.
- Félicitations vraiment pour la naissance de ton enfant. Après toutes ces années d’attente, hum tu es très forte ma sœur. Bien voilà, si je suis là devant toi Zahra, c’est pour te présenter mes sincères excuses. La façon dont je t’ai renvoyé n’était pas très habile de ma part, d’autant plus que je ne t’ai pas donné de raison et…
- Ne t’en fais pas Halima, pour moi c’est déjà oublié.
- Ah louange à Allah ! Vraiment merci de me pardonner, hmm… »
Des excuses venant de la part de cette femme avare, envieuse et égoïste cachaient en réalité autre chose au fond. Zahra la connaissait très bien et pas juste elle, mais les résidents du quartier aussi. En effet, certaines personnes la traitent de sorcière et la soupçonne de pratiquer la sorcellerie, du fait de la façon étrange dont elle regarde les gens et à cause de nombreux grigris qu’elle porte sur elle et dispose dans ses locaux. La voyant très agitée et ne cessant de se gratter la tête, Zahra lui demanda donc : «  voudrais-tu me dire autre chose Halima ?
- Qui moi ? Ha ha oui oui, hum c’est pour savoir quand tu allais ouvrir ton restaurant, enfin si tu veux bien me répondre. Dit-elle avec un grand sourire.
- Eh bien Halima, je ne pense pas encore à cela. Pour l’instant ma priorité c’est ma fille… »
Comme un signe marquant son départ, la petite Khadidja se mit à pleurer très fort et là Halima en se levant dit : « je pense que je vais y aller maintenant, ta fille te pleure. »  Et elle s’en alla. A vrai dire si sa fille n’avait pas réagi ainsi, Zahra n’aurait pas eu le courage de dire à Halima qu’il fallait qu’elle parte.

KhadidjaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant