De retour de la prière du soir, Zahra installa le dîner pour son mari, et lui raconta ce qui s’était passé en matinée. Il se demandait intérieurement pourquoi Halima voulait savoir quand sa femme allait ouvrir et pourquoi était-ce maintenant qu’elle venait présenter des excuses. « Très étrange », pensait-il.
« J’ai eu l’impression qu’elle voulait me dire de revenir travailler avec elle ! s’exclama Zahra.
- Hmm, bien évidemment vu que c’est toi qui attirait la clientèle dans son atelier ; et aussi depuis que tu as ouvert ton restaurant, on ne parle que de ça. La connaissant, elle envie ton succès et ta réussite.
- Pourtant il suffirait qu’elle fasse comme tout croyant ferait : demander au Tout Miséricordieux.
- Je ne pense pas que le terme « croyant » soit le bon qualificatif pour la décrire, ma chérie.
- Ibrahim, voyons…
- C'est la vérité Zahra. Et tu sais que j’ai raison, alors ne
donne pas raison au faux s’il te plaît. »La petite Khadidja grandissait un peu plus chaque jour qui passait. Elle était une enfant obéissante, serviable et aimée de tous ; oui tout le monde l’appréciait dans le quartier et aussi à l’école. Elle était très belle. Elle avait de grands yeux noirs, un teint d'une nuance café au lait, une longue et magnifique chevelure : héritage de sa mère. Le sourire ne quittait pas son visage, c’était la petite princesse de ses parents et ils ne manquaient pas de le dire, surtout son papa. Elle était très brillante à l’école, quoi de plus normal, son père veillait à ce qu’elle fasse bien tous ses exercices donnés ; elle excellait aussi à l’école coranique, oui c’était une petite fille espiègle et intelligente.
Au restaurant, c’est elle qui apportait cette touche adorable, en se mettant dans la peau d’autres personnes. Elle amusait beaucoup les clients ; quand elle ne s’y présentait pas, cela se faisait sentir, car les clients demandaient après elle.
Un jour en classe, Khadidja qui suivait le cours, commença à se sentir un peu mal à l’aise et perdit sa concentration. Tout d’un coup, elle sentit comme un écoulement s’échappant d’elle ; elle crut que c’était de l’urine, alors elle demanda rapidement la permission de se retirer, sortit discrètement et en étant gênée. Arrivée à la maison, elle ne trouva personne, bien sûr son père était surement à son bureau occupé et sa maman au restaurant. Elle alla donc à la salle de bain, retira sa robe. En enlevant sa culotte, elle remarqua une substance rougeâtre. « C’est du sang ?! » dit-elle, « oui c’est du sang !! » Et là, elle poussa un énorme cri : « aaah ! papa, maman je vais mourir, j’ai du sang qui coule sur moi. » A l’instant même son père était en train d’arriver. Entendant des cris depuis dehors, il entra dans la maison à toute vitesse, et vit sa fille assise en pleurs. La pauvre Khadidja, ses toutes premières menstruations venaient d’arriver alors qu’elle n’a que neuf ans. Il y avait de quoi être effrayé, elle n’en avait pas connaissance. Son père l’aida à se lever et lui dit : « qu’y a-t-il ma princesse ? Pourquoi ces larmes sur ton… » Sans même terminer sa question, il remarqua la tâche de sang d’où elle était assise et comprit enfin. Il s’assit disant : « au nom d’Allah ! Khadidja cesse de pleurer, cesse s’il te plaît. Tu n’as absolument pas à avoir peur
- Je vais mourir papa, le sanng…
- Calme-toi ma princesse, tu ne vas pas mourir. C’est là une étape par laquelle chaque femme passe. Ce sang que tu as vu, tu le verras durant toute ta vie jusqu’à atteindre ta limite. C’est ainsi ma Khadidja, alors ne pleure point et sourit, oui sourit car dès maintenant tu quittes la catégorie des plus petites, pour commencer à être une grande fille.
- D’accord papa. Mais est-ce que je jouerai toujours avec mes amis ? Et est-ce que j’aurai encore des amis ?
- Bien sûr que oui ma chérie. Tu auras toujours des amis. Dit-il tout en souriant. Et maintenant va te nettoyer.
- D’accord. Fit-elle tout en reniflant. »
Le soir, Zahra était rentrée très fatiguée, elle se reposait au salon. Khadidja et son père vinrent près d’elle, et Ibrahim dit à sa fille : « dit à maman ce qui s’est passé ce matin.
- Que s’est-il passé Khadidja ? Interrogea-t-elle
- Rien de très grave maman, mes premières ‘monstrues’ sont arrivées.
- Tes premières quoi… ?
- Mens-trua-tions, menstruations, désolé.
- C’est vrai ? Dit sa mère en se tournant vers son mari, qui lui souriait.
- Oui, répondit sa fille. Et papa m’a tout expliqué et m’a montré comment je dois faire quand ça arrive.
- Oooh ! je vois, ma fille chérie. Elle prit sa fille par les épaules. C’est une nouvelle étape de ta vie de femme qui commence.
- Papa me l’a dit aussi. Et je prie Allah pour qu’Il me facilite les prochaines. »
Et tous dirent « amine ».Des années passèrent, et Khadidja avait déjà quinze ans et demi, et elle passait en terminale. Elle avait fait un parcours sans faute et ses parents étaient très fiers d’elle. Dès les premiers chants du coq, Khadidja commença à s’apprêter pour la cérémonie de mémorisation du Coran.
La cérémonie avait débuté à la mosquée. Tout le monde était présent : Ibrahim, les hommes sages et quelques jeunes. Ils étaient assis juste derrière le professeur de l’école coranique, et Khadidja était juste à côté de lui ainsi que d’autres élèves. Cette cérémonie marque la fin du parcours de l’élève qui a pris soin d’apprrendre le Coran en entier, de le mémoriser et bien sûr de mettre en pratique ses enseignements. De plus, on confectionne pour l’apprenant, une ardoise faite en bois, bien décorée et peinte en guise de présent. Cette ardoise en bois qui est traduite en langue haoussa par « allo » est l’objet sur lequel les musulmans apprennent le Coran.
Le professeur entama donc. Khadidja tenant le Coran commença réciter une sourate, et se fit ainsi pour les autres. Enfin terminé, le professeur commença à faire des douas (invocations). Tous félicitèrent les élèves.
Enfin à la maison, exténuée qu’elle était, Khadidja était couchée dans sa chambre, et là sa mère entra. « Puis-je m’asseoir ma fille ? Demanda Zahra.
- Bien sûr maman. Dit-elle tout en se relevant.
- Merci ma chérie. Et voilà, louange à Allah tu as mémorisé le Coran entier.
- Oui, louange à Allah !
- Tu sais Khadidja, ton papa et moi sommes vraiment fiers de toi, et nous rendons grâce à Allah de nous avoir donner une fille aussi intelligente que toi. Il est bien de voir son enfant accomplir cet exploit, et il est encore plus bien de mettre en pratique ses enseignements.
- Oui tout à fait, c’est exact. Et si Allah le veut je le ferai. »
Il y eût un silence. Khadidja savait que sa mère voulait ajouter quelque chose, quelque chose d'important. Elle était toujours ainsi avant de parler. Voulant briser le silence, Khadidja posa sa main sur celle de sa mère. Puis, se tournant vers sa fille, Zahra prit son visage entre ses mains, elle dit : « je n’en doute pas. Khadidja, tu sais quel est notre but à tous sur cette terre. Fait le bien ma chérie, rend le mal par le bien, donne et donne toujours ce que tu auras. Même si moi, nous tes parents ne profitons pas de ce que tu acquerras dans le futur si Allah le veut, aide les autres et soit généreuse et bonne envers les gens, car tu en seras récompensée… Et patiente, oui patiente dans les moments difficiles et place ta confiance en Celui qui nous observe tous… »
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Khadidja
Romancel'histoire se concentre sur une jeune fille nommée Khadidja, née dans une famille modeste. Intelligente et déterminée, elle souhaite poursuivre ses études, devenir quelqu'un et ainsi rendre fiers ses parents. Pourra-t-elle accomplir son destin entre...