Khadidja

12

     Rumfa College, l'après-midi suite au départ de Khadidja et de son père.
  
   - Rentrez donc, fit le directeur en accueillant Zeynab et son père. Ceux-ci entrèrent et s'installèrent.
    - Je suis heureux que vous soyez venus malgré votre occupation, continua-t-il à l'adresse de Ali ( papa de Zeynab ).
  - J'en suis également ravi. Nous parlons tout de même de l'avenir de ma fille, dit-il. On aurait vraiment dit Zeynab. Elle avait les mêmes traits que son père, surtout le même nez aquilin qu'ils partageaient.
  - Évidemment, aquiesça le directeur. Comme je vous l'ai dit au téléphone, votre fille peut obtenir une bourse d'État. Il vous suffira juste de vous rendre au siège administratif.
  - C'est entendu, répondit Ali tout en regardant sa fille.
  - Bien. Il fouilla les documents devant lui. Le voilà " Zeynab Boukar" lut-il, votre relevé et votre certificat d'admission.
Son père les récupéra, tout en analysant ceux-ci.
  - Comme vous pouvez le voir monsieur, votre fille a fourni du bon travail.
  - En effet, confirma son père les yeux rivés sur les documents. Bien dans ce cas nous allons y aller, fit-il relevant les yeux.
  - Pas de problème, dit le directeur en se levant, l'air surpris. Les deux hommes se serrèrent la main et il souhaita bon courage à Zeynab, qui lui répondit d'un sourire.
  Une fois arrivés chez eux, son père lui dit qu'ils se rendraient demain au siège administratif. Elle hocha la tête, et lui demanda si elle pouvait de nouveau sortir. Il accepta. Il savait où elle allait. Dès qu'elle termina de se changer, elle sortit.
  - Tu sors ma chérie ? Demanda une voix derrière elle. C'était sa mère ( enfin sa belle-mère ).
  - Oui maman.
  - D'accord, dit la femme le sourire aux lèvres. Ne rentre pas trop tard.
  - C'est noté.
Qui l'aurait cru, pensait-elle fermant le portail derrière elle. Cela faisait deux ans maintenant. Deux ans que ses parents avaient divorcé. Et c'est pendant les grandes vacances que son père s'était remarié. Sa mère était maintenant au Ghana, mariée également. Ils étaient pourtant heureux, quand elle les voyait petite ; c'est vrai que son père était quasiment absent à cause de son travail, mais ils étaient heureux... De ce qu'ils laissaient voir. Elle soupira. Pour ce qui était de sa belle-mère, elle l'avait trouvé belle lorsqu'elle la vit, juste ça. Pour ce qui était de l'aimer, ce n'était pas le cas, elle était un peu sur la défensive. Il naquit petit à petit entre elles. Pourtant elle ne l'avait jamais appelé maman... Jusqu'à ce soir où elle le fit. Elles étaient rentrées d'un mariage exténuées, elle était dans sa chambre, la porte entre-ouverte cherchant à ouvrir la fermeture de son haut.
- Je vais t'aider, dit une voix dans son dos. C'est bon c'est fait, fit sa belle-mère heureuse.
- Merci maman.
Silence.
   - Je t'en prie ma chérie, finit par dire la femme. Bonne nuit à toi.
La porte se ferma. Pourtant elle resta là figée comme une statue. Elle avait sentie la voix de sa belle-mère vacillée, comme si elle avait étouffé un sanglot. Maintenant quand elle y repensait, elle en rigolait. Car ça venait naturellement. Le taxi s'arrêta. Elle descendit, paya le chauffeur et prit la direction de chez Khadidja. Elle arborait un sourire. C'était également il y a deux ans qu'elle rencontra celle-ci. Son amie de coeur.
  Zeynab n'était pas né à Kano, mais à Abuja, où elle passa son enfance et à ses 10 ans ils vinrent à Kano, ville d'enfance de son père. Son père s'assura de lui trouver une école, ainsi qu'une école coranique. Elle se plaisait vraiment à Kano, elle était heureuse jusqu'à... Jusqu'au soir où elle entendit ses parents se disputer. C'était la première fois qu'elle les entendait ; malgré le fait que leur chambre fusse à l'étage et la sienne en bas... Elle les entendait. Une fois le jour arrivé, elle voyait qu'ils ne se parlaient pas. Et c'était la même chose presque chaque soir, c'était horrible. Elle se sentait à l'étroit, elle voulait hurler. Elle n'allait pas bien psychologiquement. Elle voulait parler à quelqu'un, mais elle n'avait pas d'amis jusqu'à lors. Un matin, comme à l'accoutumée, son père alla la déposer à l'école coranique. Elle avait encore changé d'école coranique, car d'après son père qui lui le tenait d'un ami la précédente école n'était pas sûre. Les cours terminés, elle dut rester ranger avec une autre fille. Elle arrêta une fille, pour lui demander le nom de la fille avec qui elle devait travailler.
- C'est Khadidja. Je crois qu'elle est déjà à la salle de rangement, répondit son interlocutrice.
Elle la remercia, puis gagna la salle. En arrivant elle vit la " Khadidja " en question.
- Je suis là, dit Zeynab. Désolé du retard.
La fille se retourna, et Zeynab fut charmée. Charmée par le visage adorable de cette fille. Elle était petite, enfin moyennement pensait-elle.
- Hé ho, fit Khadidja. Tu es avec moi ? Zeynab revint à elle.
- Oui, oui désolé. Oh ! Tu as presque fini ? Constata-t-elle.
- Oui, répondit-elle le sourire aux lèvres.
- Je suis désolé.
- Oh non, ce n'est pas grave. On finit le reste alors.
Zeynab hocha la tête. Dès qu'elles finirent. Khadidja l'invita. Elle n'avait pourtant rien demandé. Mais elle accepta. Elle demanda au professeur d'en informer son père. Ce n'est qu'en chemin que Khadidja lui dit enfin :
- Tu as une tête bizarre.
- Quoi ? Dit-elle l'air effaré. Sa réaction amusa Khadidja.
- Désolé, mais c'est vrai. Elle fit un cercle avec son index vers son visage. On dirait que tu n'as pas dormi durant des jours.
Et comment, pensa-t-elle. Mais elle esquissa un sourire. Décidément cette Khadidja lui plaisait. Elle fut invitée à plusieurs reprises chez celle-ci. Ses parents étaient chaleureux, et l'ambiance ici comparé à chez elle était gaie. Et l'harmonie qui y régnait était agréable. À chaque fois qu'elles se séparaient, son amie et elle, elle voulait la revoir, passer du temps avec elle, chez elle. Elle l'aimait vraiment, Khadidja.
- Zeynab ? Elle releva la tête. Elle n'avait pas remarqué qu'elle s'était arrêté devant la porte.
- Mais voyons entre ma chérie, dit Zahra. Elle s'exécuta, le sourire en coin.
Ah ! Cette famille...