Witch Games : Liaison Interdite

Chapitre 3 : Invitation

— Freïa, j'y vais. Ça ira toute seule ?

J'ouvre difficilement les yeux.

— Tu peux m'accompagner, tu sais... reprend ma colocataire. Les parents de Dorian ne sont pas là ce week-end et il y a assez de chambres d'amis pour...

Mon mal de tête m'empêche de réagir directement.

J'essaie tant bien que mal de prendre appui sur mes paumes pour m'asseoir, mais ça me paraît être un effort quasi insurmontable.

Mon regard parcourt lentement l'environnement qui m'entoure. Je distingue d'abord le beige du papier peint des murs de ma chambre, le lustre en forme d'étoile qui est accroché au plafond, l'immense bibliothèque remplie de mangas, de livres sur les Pokémon, des pierres semi-précieuses exposées un peu partout, un immense pêle-mêle de photos scotché au-dessus de mon bureau en bois et le vieux grimoire placé sous ma Nintendo Switch à côté d'une vieille lampe de chevet qui prend la poussière.

Dépourvue de force dans mes muscles, je retombe au beau milieu de mes draps de lit vert foncé en clignant plusieurs fois des paupières. Je tente alors de focaliser mon esprit sur une seule chose à la fois.

— J'ai soif, chuchoté-je en plaçant une main sur mon front.

— Tiens, me dit Sedna qui avait déjà tout prévu en me tendant une bouteille d'eau.

Est-ce vraiment une déesse ? ne puis-je m'empêcher de penser en buvant la moitié de la bouteille d'une traite et en observant la beauté exotique de mon amie.

Elle porte une blouse en satin doré qui rehausse son teint métissé et dévoile ses épaules saillantes, tandis que ses longs cheveux sombres et frisés tombent de part et d'autre de son visage.

— Je vais demander à Dorian de monter. Je te prépare le petit-déj, puis tu me diras ce qu'on fait. Si tu veux, je peux annuler mon déplacement.

— Je vais bien, t'inquiète.

— Tu ne diras pas ça quand tu verras l'état de ton fessier gauche... Sans parler de ton Iphone.

De quoi parle-t-elle ? Je comprends la moitié de ce qu'elle me raconte. Mais, peu à peu, des bribes de notre soirée d'hier me reviennent en mémoire. Du vin. Des discussions de filles. Un tirage de cartes. Des rires. Une chute.

Sedna me fait un petit signe de tête et se dirige vers la porte de ma chambre.

— Si tu as besoin de quoique ce soit, tu cries ! glousse-t-elle avant de rejoindre l'interphone et d'ouvrir la porte à son futur fiancé.

Je retombe dans mes couvertures et me demande quelle araignée m'a piquée pour me mettre dans un tel état hier. OK, du sang irlandais coule dans mes veines, mais tout de même. À moins que ce soit un trait de caractère hérité de mon père vu que je suis aux antipodes du caractère de ma mère. Mais ça, je ne le saurai sûrement jamais.

Je chasse vite cette idée de ma tête.

Je me traîne tant bien que mal jusqu'à ma penderie et attrape vite fait un jogging et un T-shirt Pokémon tout en jetant un œil par la fenêtre, curieuse de voir quelle voiture Gatsby a prise aujourd'hui.

Oui, Gatsby est le surnom que je donne à Dorian. Et pour cause : il est blond, a une tête d'ange, des manières de mec bien éduqué et sa famille se porte plutôt pas mal sur le plan financier. Si on était dans le jeu Pokémon, sur une échelle de pokédollars, ils peuvent facilement s'acheter sept bicyclettes sans devoir remuer ciel et terre pour obtenir un Bon de Commande qui vaut la modique somme de 1 000 000$. Et, bien sûr, ce fameux Gatsby s'amuse à collectionner des voitures d'exception, toutes plus extravagantes les unes que les autres. Apparemment, être le fils d'un richissime homme d'affaires tout en étant joueur de football professionnel, permet de s'assurer une sécurité financière pour les dix prochaines générations.