Witch Games : Liaison Interdite

Chapitre 5 : Liaison

J'ai à peine ouvert la porte de mon appartement que les lèvres de Lionel s'écrasent sur les miennes, dans un mélange de douceur et de brutalité.

Ça me plaît.

Trop même.

J'ai l'impression d'avoir une nuée de papillons logée au fond de mon bas-ventre tandis qu'un cocktail explosif embrase ma bouche lorsque la langue de mon partenaire entre en contact avec la mienne. Je dois le repousser pour reprendre mon souffle – et vérifier que j'ai bien fermé la porte à clé étant donné que je suis une véritable étourdie.

Cependant, Lionel me laisse à peine le temps de déposer mon sac par terre qu'il me saisit par les hanches, dégage ma tignasse emmêlée et dépose une pluie de baisers dans ma nuque.

— Sur ta liste d'interdits, on est au quantième ?

— Hum... au moins au treizième. Et ça tombe bien parce que c'est mon chiffre porte-bonheur.

Je me retourne et passe mes mains dans ses cheveux noirs pour de reprendre mes esprits et tenter de calmer les effets de l'alcool.

Comment se fait-il que les sorcières ne soient pas immunisées contre l'alcool ? râlé-je intérieurement en me mordant l'intérieur de la joue.

Lionel remarque que je tangue et me rattrape par la taille.

— Tu es sûre que ça va ?

— Oui, oui... t'inquiète.

— Tu devrais boire un verre d'eau.

— Ça va, je te dis.

— Freïa...

Je frissonne en entendant mon prénom dans sa bouche. Lionel allume la lumière du couloir et celle du salon.

— Où est la cuisine ? Je vais te servir...

— Désolée, chuchoté-je.

— Tu t'excuseras demain quand je te raconterai notre soirée et que tu me diras que tu as tout oublié à cause de l'alcool, rétorque-t-il en me tirant par la main.

J'avoue que je ne le comprends pas. J'ai passé la soirée à le draguer et à faire des allusions sexuelles. On a blagué, bu, ri et joué à « fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis ». Et quand je décide enfin de me lancer (chaude et bouillante), il s'arrête d'un coup.

Quel mec fait ça ? « Le genre de mec bien éduqué » me répondrait Sedna. J'entends sa voix claire et distincte dans ma tête. Peut-elle arrêter de me servir les sermons de grande sœur spirituelle, surtout quand j'ai un verre dans le nez ? Apparemment, non. Et comme si Lionel l'avait entendue, il s'exécute, s'affaire dans ma cuisine et me tend un verre d'eau fraîche. Puis il m'aide à m'installer sur une des chaises de bar qui se trouvent devant le plan de travail et se plante face à moi. L'inquiétude lui fait froncer les sourcils. Une petite ridule apparaît sur son front et je trouve cela bien trop craquant.

On se regarde dans les yeux pendant quelques minutes, même si je remarque le regard de Lionel loucher sur mes lèvres à plusieurs reprises. Je n'ose imaginer l'état déplorable dans lequel je suis avec mes boucles entremêlées, mes joues aussi rouges que les roses éternelles déposées près du frigo et mes yeux vides de vie.

Finalement, mon invité du soir décide de faire comme chez lui et se met à fouiller dans tous les placards de la cuisine. Je suis tellement ailleurs, dans mon brouillard d'alcool, que je ne réagis même pas lorsqu'il tombe sur des bocaux avec des choses très louches dedans. Lui-même ne semble pas choqué à la vue de petites araignées qui se trimballent dans un bocal en verre, ni devant les autres bizarreries de sorcières que Sedna et moi avons pris l'habitude de cacher pour avoir l'air d'être un minimum normales.