04. rupture cinglante

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C'était la première fois qu'ils s'endormaient de cette façon. Kokonoi n'avait jamais fait ce genre d'étreinte auparavant. Les câlins ne duraient pas plus de dix minutes généralement, parce qu'il s'occupait plus de ses affaires d'argent, qu'autre chose. Il était sans aucun doute paniqué quand il a appris que son meilleur ami fréquentait une certaine jeune fille depuis trois semaines ou un mois. Ça on ne le saura jamais. Toujours est-il que le lendemain, Inui ne put s'empêcher de se défaire du noiraud qui avait ce problème matinal quotidien. Et parce qu'il était long à la détente et qu'il n'était pas bien réveillé, il n'avait rien remarqué de gênant ou d'embarassant. Seishu et Hajime étaient des adultes, c'était frustrant et perturbant à la fois. Mais le blond s'était pris au jeu parfait d'entamer le rôle de sa sœur et cela depuis bien des années.

C'était aussi pour cette raison que Draken qualifiait leur relation d'histoire compliquée. Qui dans ce monde pouvait avoir la même relation dans des circonstances similaires ? Personne. Inui le savait, il commençait à ne plus se sentir très à l'aise et il était toujours et sans cesse en quête d'une histoire d'amour où il serait un homme ordinaire avec une personne ordinaire et aimante. Kokonoi n'était ni ordinaire et n'avait pas l'air de l'aimer. Le matin, il s'était levé puis lavé, douché, habillé et avait mangé un bout de croissant que déjà il était parti voir son nouveau client, à six heures du matin sous la pluie battante. Inui l'interpella un instant pour lui donner un parapluie, le vent soufflait si fort, les mèches du noiraud étaient remplies de fines gouttelettes qui parfois retombaient sur son visage.

Le blond était en sweat et en chausson devant le petit appartement, un parapluie à la main qu'il tendit à son ami.

- Tu veux être tout trempé quand tu seras face à face à ton client ? Celui que tu dois arnaquer ? Le blond laisse s'afficher un rictus. Peut être que tes mains vont glisser ou bien que tes liasses de billets vont être toutes trempées.

- Haha, je crois bien que c'est la première fois que tu plaisantes de mes petites magouilles. Rentre vite, c'est plutôt toi qui va attraper froid si tu restes en pantoufles, répondit le noiraud en souriant.

- Fais attention à toi. Aujourd'hui j'ai un déjeuner avec Suzuna, je serai obligé de laisser le chat dans l'appartement.

- Je sais pas quand est ce que je terminerai et je ne sais pas non plus combien j'ai de clients aujourd'hui. Mais d'ici la fin de matinée, je crois que je serai libre. Il fait une pause. Ah, un rencart, hein ? D'accord, eh bien bon courage. J'espère que vous allez rompre, finit il dans un cafouillage.

- Tu as dit quelque chose ?

- Oh non. Non, non. Rien. Ne t'inquiète pas. Je te disais juste bon courage, j'espère que ça va bien se passer ! s'écria t-il en s'éloignant peu à peu de l'appartement avec le parapluie.

Le magasin de moto n'était pas encore ouvert vers sept heures et quart, mais Seishu voulait quand même partir. Voir que son colocataire était déjà parti le faisait se sentir délaissé, ennuyé. Il mit quelques croquettes dans la gamelle du chat et se rendit en face de la devanture du magasin. Il sortit les clés et ouvrit la porte. La pluie n'avait pas cessé. En fait elle était de plus en plus forte et les gouttes tapaient frénétiquement sur la vitrine. Quelques minutes plus tard, le blondinet vit Draken avec un parapluie qui se fumait une clope. Il le rejoignit pour s'en fumer une aussi. Le temps orageux et les passants qui couraient partout, avec leurs parapluies colorés. Ce paysage était magnifique. Inui prenait souvent des nouvelles du gang et plus particulièrement de Takemichi. Après tout, il avait laissé la onzième génération des Black Dragon entre ses mains.

C'était une bonne chose. Il avait reconnu Shinichiro en lui, celui qu'il admirait tant. Pour Inui, c'était fini tout ça. Le chemin pour être un adulte responsable, ne devait pas être semés de creux qui pouvaient symboliser ses erreurs passées. Mais d'un côté il y avait Kokonoi avec ses jeux d'argent, d'escroquerie pour de l'argent, ses chantages financiers, son business contenant essentiellement de l'argent. Enfin, il préférait le voir se noyer dans l'argent plutôt que dans une déprime sans nom. Trois fois il l'avait vu sous un pont, les yeux rouges, grimaçant pour retenir ses larmes. Mais ces trois fois il avait craqué dans les bras de Seishu qui était obligé de le ramasser à la petite cuillère. Les larmes qui avaient inondés son faciès furent essuyées par les grandes mains du jeune homme à la chevelure tournesol. Inui était la seule personne à l'avoir vu dans cet état. Il savait qu'il ne devait pas le quitter brusquement.

En fin de compte, il n'avait pas l'intention de se séparer de lui, pas pour l'instant. Son projet était clair et concret, mais il ne pouvait pas se résoudre à laisser son meilleur ami du jour au lendemain sans prévenir. Les heures passèrent à la boutique de motos, le déjeuner avec Suzuna approchait à grand pas. Il était onze heures et demie, Kokonoi était sûrement rentré à la maison et s'occupait du chat comme si c'était la prunelle de ses yeux. En pensant à ce schéma, Inui semblait attristé et se disait que c'était si dommage qu'il n'avait pas cette place de choix dans son cœur. Si seulement il pouvait être le chat, et non pas le petit frère d'une jeune fille que Kokonoi a autrefois tant apprécié. Il fit un léger signe de la main à Draken pour lui souhaiter une bonne pause entre midi et deux heures, avant de se diriger vers le centre ville.

Suzuna l'avait attendu dans un bar restaurant. Ses cheveux ondulés et noirs de jais étaient si bien coiffés et parfumés. Elle portait une robe d'hiver beige et un petit manteau noir. Inui la trouvait très jolie, mais il y avait ce petit quelque chose qui l'empêchait d'éprouver quoique ce soit de romantique envers elle. Il savait que s'il se forçait, elle ne fera que souffrir encore et encore tout comme lui souffre ne pas recevoir l'amour qu'il aurait souhaité de la part de Kokonoi. C'était un cercle vicieux. Plus Kokonoi le traitait comme un simple ami, plus Inui se mentait à lui même et continuait de sortir avec Suzuna. Voyant cela, Koko se mettait à rester distant et hésitait à se rapprocher de lui. Il ne savait pas s'il devait réellement arrêter sa relation avec elle. Parce qu'il était persuadée qu'elle était la personne qui le rendrait heureux, qui lui apportait un semblant de vie normale.

- Tu vas bien ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette, fit la jeune fille d'une petite voix.

- Est ce que tu penses que tu pourras me rendre heureux ?

- C'est...C'est quoi cette question ? B-bien sûr que oui. Tu ne l'es pas avec moi ? Je m'y prends mal ?

- C'est pas toi, c'est moi qui ne pense pas que ça puisse durer entre nous...En fait c'était une erreur de parcours.

- Mais-

- En fait, il s'avère qu'il y a cette personne que je n'arrive pas à oublier. Pourtant elle ne me regarde pas. Mais je ne peux pas m'empêcher d'être amoureux. Les yeux de Suzuna étaient écarquillés, elle semblait en colère.

- Tu es en train de me dire que tu t'es joué de moi pendant un mois ? T'es sérieux Seishu ? Je suis pas un objet, je suis pas quelqu'un que tu peux jeter quand bon te semble !

- C'est étrange, c'est exactement ce que je devrais lui dire. À peine avait-il eu le temps de finir sa phrase qu'il se prit un verre d'eau dans la figure.

- Seishu, tu n'es qu'un connard ! s'écria t-elle en partant du restaurant.

Salut à tous ces nouveaux visages ! Je vous retrouve cet après midi pour le chapitre 5 de Washing Machine Heart. En espérant que cette histoire vous plaise ;)

𝐖𝐀𝐒𝐇𝐈𝐍𝐆 𝐌𝐀𝐂𝐇𝐈𝐍𝐄 𝐇𝐄𝐀𝐑𝐓 𝕥𝕜𝕣 | 𝐊𝐨𝐤𝐨𝐍𝐮𝐢Où les histoires vivent. Découvrez maintenant