La femme aux cerises blanches

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— Chifuyu ! Chifuyu !
   Le jeune homme battit des paupières alors que quelqu'un le secouait vivement par les épaules. Il remua légèrement, douloureusement, il avait un goût métallique dans la bouche, et sa langue lui faisait horriblement mal, il avait dû se mordre dans sa chute. Sa joue droite le brûlait, il sentait des picotements parcourir sa peau, mais aussi ses mains.
   Le jeune homme ouvrit lentement ses yeux et distingua un visage familier penché sur le sien. Des yeux clairs le regardaient avec soulagement, il fut soudainement soulevé du sol, sur lequel il était allongé, et Takemichi le serra avec force contre son torse.
   Chifuyu cligna des yeux en reprenant lentement ses esprits. Il leva lentement sa main et tapota le dos de son meilleur ami, alors que celui-ci fondait en larme. Le jeu était terminé ? Depuis combien de temps Chifuyu était au sol ?
   Il se souvenait avoir plongé au sol au moment où la poupée se retournait, il était tombé brutalement, avait roulé sur le sable. Il se souvenait avoir entendu un coup de feu, sa tête s'était mise à tourner, sa pression était redescendu d'un coup et puis... plus rien. Il avait fait une sorte de... de malaise ?
   — On a réussi, sanglota Takemichi en l'étouffant contre lui. On-on est t-t-toujours en vie !
   Chifuyu pouvait voir dans le dos de son meilleur ami le terrain de jeu. Des cadavres jonchaient le sol dans des marres de sang, et au fond du terrain, contre les portes de sortie, des corps s'empilaient les uns sur les autres, tordus dans d'étranges positions, déformés, contorsionnés, les têtes rejetées en arrière, du sang coulant de leur bouche.
   — J'avais peur que tu sois mort, murmura Chifuyu en fermant les yeux alors que des larmes embuaient ses iris turquoises.
   Après les premières coups de feu, Takemichi et lui s'étaient séparés et il n'avait pas revu son meilleur ami. Même s'il s'était forcé à penser à son jeu et sa survie, Chifuyu n'avait put s'empêcher d'imaginer son meilleur ami, inerte sous les corps ensanglantés près des portes.
   — J'étais d-derrière toi, pas t-t-très loin, explique Takemichi en reniflant bruyamment. J'ai aidé une f-f-fille qui était c-coincée sous q-quelqu'un...
   Chifuyu acquiesça faiblement. Il leva les yeux et remarqua qu'une fille se tenait près des d'eux. Il mit du temps avant de la reconnaître. Mais en voyant son grain de beauté sur son menton, et ses cheveux roses, il se rappela d'elle. Elle était dans sa voiture, et elle était aussi intervenue lorsque les hommes masqués étaient venus présenter le jeu. C'était sûrement d'elle que Takemichi parlait, sinon pourquoi serait-elle là ? Comment s'appelait-elle déjà ?
   — On était dans la même voiture, dit Chifuyu.
   — C'est vrai, s'exclama Takemichi en le lâchant. Moi je ne me souviens pas d'avec qui j'étais, je suis arrivé dans les premiers de ma voiture. Comment tu t'appelles d'ailleurs ?
   — Je m'appelle Hinata Tachibana, dit la jeune femme en serrant ses bras autour de son torse.
   — Moi c'est Takemichi, et lui c'est Chifuyu.
   — Merci de m'avoir sauvé, dit Hinata avec reconnaissance.
   — C'est normal.
   Chifuyu détourna son attention d'eux et chercha autour de lui. Il parvenait à reconnaître quelques visages. L'homme qui l'avait poussé au sol était là. Celui aux cheveux blancs et aux yeux violets aussi, tout comme son ami. Il y avait aussi ce garçon avec des tatouages sur les mains, qui parlait avec un autre joueur, un qui avait des lunettes. Ils avaient l'air d'aller tous très bien, comme si ce jeu n'était que de la rigolade. Ils n'avaient pas l'air traumatisé du tout.
   — Où est Baji, demanda Chifuyu d'une faible voix.
   — Qui ?
   — Baji...
   — Je ne sais pas qui c'est, dit Takemichi en fronçant les sourcils.
   Chifuyu se releva difficilement et tourna sur lui-même. Où était-il ? Son regard se porta sur le terrain de jeu. Il s'avança sans réfléchir, pour s'assurer que le corps du garçon qui l'avait protégé ne se trouvait pas ici, mais son meilleur ami le retint.
   — Arrête, va pas là, imagine que la poupée marche toujours !
   — T'as pas vu un gars plus grand que toi, avec des cheveux noirs en queue de cheval et des mèches qui tombent sur son visage ? Il fait un peu peur, son regard est perçant et froid, et... c'est le numéro 113, dit Chifuyu sans écouter son meilleur ami.
   — Y'en a plein des comme ça Chifuyu, s'exclama Takemichi. Je te signale qu'on a presque tous les cheveux noirs ! Et les autres candidats font tous peur... genre lui là-bas, dit Takemichi en pointant du doigt quelqu'un derrière Chifuyu.
   Le jeune homme ne prit pas la peine de se retourner et claqua sa langue contre son palais. Baji était forcément en vie n'est-ce pas ? Chifuyu n'aurait pas dû le quitter, c'était une mauvaise idée.
— Tu parles du garçon qui était avec toi c'est ça ? Je sais pas où il est...
   — Des joueurs ont commencés à regagner le dortoir, intervint Hinata. Les masqués nous font signe de partir regarde, peut-être que le garçon dont tu parles est déjà partit ?
   En effet, les joueurs étaient tous en train de partir en file indienne, suivant sûrement des hommes roses. Chifuyu ne réfléchit pas plus que ça et partit s'insérer dans une file, sans même attendre Takemichi.
   Le jeune homme se glissa derrière la fille à la mèche brune qui cachait son œil droit et devant le garçon au visage brûlé et avança rapidement.
   Son cœur battait moins vite que pendant l'épreuve, mais il allait toujours trop vite. Chifuyu n'arrivait pas à détacher son esprit de la scène qui s'était déroulée sous ses yeux. Il revoyait les corps tomber un à un, dans des explosions sanglantes, il revoyait les corps se secouer sous l'impact des balles, les yeux s'éxorbiter, il pouvait encore entendre les hurlements de terreur.
   Chifuyu avait envie de vomir, de pleurer, de crier, de partir en courant. Pourquoi est-ce qu'il était là ? Qu'est-ce qu'il était en train de lui arriver ?
Le jeune homme arriva dans le dortoir sans même sans rendre compte. Il était perdu dans ses pensées, tout se mélangeait dans son esprit. Il était vraiment passé à deux doigts de la mort, il n'allait pas pouvoir tenir, comment devait-il survivre ?! Le premier jeu avait été un jeu d'enfant mais et si ça changeait ? Il allait se faire tuer. Chifuyu allait se faire tuer dès le deuxième jeu ! C'était impossible de survivre, même mentalement, voir des personnes mourir ainsi n'était pas supportable, c'était terrifiant et-
— Tu sais que tu m'as fait peur. J'ai cru que t'étais mort, déclara une voix familière.
Chifuyu se figea et se tourna vivement. Baji était là, adossé contre un lit, près de Mikey, la fille qui lui ressemblait et du garçon à la tresse.
— T'es en vie, s'exclama Chifuyu sans pouvoir masqué son soulagement.
— Évidemment que je suis en vie.
   Chifuyu s'avança rapidement et se planta devant Baji, avant de reculer légèrement. Il était allé près de lui pour le prendre dans ses bras, mais en fait c'était étrange de faire ça, il ne le connaissait pas. Le jeune homme s'inclina alors en joignant ses mains et dit :
    — Merci pour m'avoir protéger.
   Baji redressa sèchement Chifuyu et le secoua par les épaules avec agacement.
    — La prochaine fois on reste vraiment ensemble, toi et moi j'ai décidé qu'on ne se séparait plus, dit Baji en fronçant les sourcils.
Chifuyu ne sût pas quoi répondre, surpris de la réaction de Baji.
— Tout à l'heure tu bougeais plus au sol, on était à deux doigts d'appeler un masqué pour qu'il te ranime, jusqu'à ce que ton pote nous dégage.
— Ah... j'ai dû faire un malaise avec la descente de la pression...
   — Et ben refais plus ça, j'avais peur que tu sois mort, dit Baji en entourant Chifuyu de ses bras pour le serrer contre lui.
   Le jeune homme garda le silence et se laissa faire avec surprise. Il ne s'était pas du tout attendu à ça, surtout venant de quelqu'un qu'il connaissait à peine mais bon...
   — ... L'essentiel c'est qu'on soit tous les deux en vie, dit Baji avec soulagement.
   — Oui. On... on est plus que combien, demanda Chifuyu d'une voix serrée.
— On ne peut pas le savoir, dit une fille blonde qui se tenait près de Mikey. Tu connais Baji ?
— Un peu, dit Chifuyu en écartant doucement Baji de lui.
— Tu peux rester avec nous si tu veux, déclara la fille. Mieux vaut rester en équipe dans ce genre de chose. Je m'appelle Emma, Mikey c'est mon frère. Et Draken nous a protégé dans le jeu alors il fait équipe avec nous. Tu veux nous rejoindre ?
Chifuyu hésita un instant. Il chercha du regard Takemichi, pour voir s'il était arrivé dans le dortoir, et vit qu'il était toujours avec Hinata. Est-ce que Chifuyu devait rester avec lui ? Il ne savait pas vraiment, même s'il voulait toujours être avec son meilleur ami, il ne pouvait pas effacer deux ans de séparation. Il avait peur que ça soit bizarre entre eux, mais peut-être qu'avec le contexte du jeu ça se passerait bien...
— J'ai déjà mon meilleur ami, je ne peux pas l'abandonner. Désolé, dit alors le jeune homme.
   — Pas grave, dit Emma.
   — De toute façon mieux vaut qu'on soit un nombre pair, lança Draken. Si on doit faire des épreuves par deux ce serait plus simple.
   — T'as pas tord, dit Mikey. Tu veux pas ramener ton ami avec toi dans le groupe ?
   — Non merci, vous inquiétez pas pour nous, dit Chifuyu.
— Mais si on est pas dans la même équipe, comment on reste ensemble, demanda Baji sans comprendre.
— On peut...
Chifuyu hésita un instant. Il n'avait pas vraiment de solution à lui proposer, mais bon... le jeune homme se hissa sur la pointe des pieds en s'appuyant sur l'épaule de Baji, et approcha sa bouche de son oreille.
— Si tu veux on a chacun notre équipe mais on reste quand même tous les deux pendant les jeux, chuchota Chifuyu. En plus clair, tu as deux équipe. Eux, et moi.
Chifuyu s'écarta et fixa Baji en attendant sa réponse.
— Ça me va, dit presque aussitôt Baji.
— Vraiment ? Tu sais ce que ça implique ?
— Oui c'est bon. On se reverra sur les épreuves alors.
   Chifuyu hocha légèrement sa tête et partit rejoindre son meilleur ami. Faire équipe était une bonne idée, mais il ne voulait pas faire équipe avec n'importe qui, en réfléchissant un peu, ça pouvait être dangereux pour lui. Si on supposait que Chifuyu restait en vie encore longtemps, tout comme son groupe, qu'est-ce qui lui assurait que personne ne se retournerait contre lui ? Il y aurait forcément des jeux où ils allaient devoir se battre les uns contre les autres. Et si on partait du principe qu'il n'y aurait qu'un seul vainqueur, rien ne lui garantissait que ses coéquipiers ne lui planteraient pas de couteau dans le dos.
   Il fallait des alliés dignes de confiance, se lier à n'importe qui ici pouvait être dangereux. Certes, Baji l'avait protégé et Chifuyu sentait bien qu'il avait envie de lui parler et d'être son ami, et d'une certaine manière, Chifuyu voulait aussi rester près de lui, et il lui faisait confiance. Mais c'était en Mikey, Emma et Draken qu'il n'avait pas confiance. Il ne les connaissait vraiment pas eux pour le coup.
   Et si jamais Chifuyu devait se battre contre Mikey ou Emma, qui visiblement connaissaient Baji depuis longtemps, quelle serait la réaction de Baji ? Logiquement il se retournerait contre lui.
   Mieux valait attendre et voir comment évoluerait leur relation, mais pour l'instant, Chifuyu préférait rester prudent. Donc il restait avec son meilleur ami, et aussi avec Baji, même s'ils n'étaient pas dans la même équipe.
   — Ça te dérange si Hinata reste avec nous, demanda Takemichi en le voyant arriver.
   Le jeune homme lui lança un regard blasé. Il était sérieux ? Visiblement, Takemichi n'avait pas du tout raisonné de la même manière que lui.
   — Mais on ne l'a connaît pas, si ça se trouve elle est dangereuse, fit remarquer Chifuyu, sans être gêner de parler d'Hinata devant elle.
   — Pourquoi elle serait dangereuse ? Elle est très gentille !
   Mais qu'est-ce qu'il était crédule, c'était désespérant. Donc Chifuyu venait de refuser une alliance pour les protéger lui et Takemichi, et son meilleur ami voulait inclure une inconnue dans leur groupe ?!
   Takemichi était vraiment naïf, s'en était presque inquiétant. S'il avait envie de s'allier à une parfaite inconnue qu'il le fasse, mais il n'avait pas le droit d'impliquer Chifuyu dedans.
— Si je dérange, je peux m'en aller, dit timidement Hinata.
Chifuyu lui lança un regard indifférent mais ne dit rien. Il préféra se détourner d'eux et partit s'assoir sur un lit au hasard. Il avait besoin d'être seul.
Le jeune homme s'allongea dedans et posa ses mains sur ses yeux. Il fallait vraiment qu'il se calme, la terreur qu'il ressentait lui tordait tellement le ventre qu'il n'arrivait presque pas à respirer et à se tenir droit. Il avait l'impression que tous les autres joueurs allaient bien, mais comment faisaient-ils ? Lui il était mort de peur, c'était la première fois qu'il voyait des cadavres, la première fois qu'il voyait autant de sang.
Des innocents s'étaient fait tuer parce qu'ils n'avaient pas respecter les règles du jeu, on ne tue pas les gens pour ça, on ne tue pas tout court ! Qui étaient ces hommes masqués ? Pourquoi est-ce qu'ils leur faisaient cela ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
C'était à cause de leur dette ? Pour les punir ? Est-ce qu'ils méritaient vraiment cela ? Chifuyu n'avait rien fait de mal, il avait juste mal géré son argent, on ne pouvait pas le tuer pour ça ! Il ne voulait pas mourir, il n'avait que vingt-six ans, il avait encore toute la vie devant lui !
Le jeune homme ne voulait plus voir personne mourir, c'était atroce, horrifiant, et traumatisant. Comment pouvait-on tirer sur de pauvres personnes sans aucuns états d'âme ?
— Hey.
Chifuyu enleva ses mains de ses yeux et tourna la tête.
— La fille aux cerises blanches, s'exclama-t-il en se redressant vivement.
— Je m'appelle Senju Akashi en fait.
— Ne me dis pas que toi aussi tu es là pour jouer...
La fille aux cerises blanches, Senju, s'assit près de lui et enfouit ses mains dans ses poches.
— Je ne pensais pas que les jeux se dérouleraient comme ça, dit-elle à voix basse.
Chifuyu se releva pour bien s'assoir près d'elle. La première fois qu'il avait vu son visage, il n'avait pu voir que ses yeux et son nez. En réalité, elle avait un visage assez carré, une frange blanche tombait sur ses sourcils, aussi clair que la neige, et ses cheveux, qui devaient être assez courts, étaient noués en deux petits chignons bas.
— T'es une sans-abri, demanda-t-il en se rappelant qu'elle était pieds nus lorsqu'il l'avait rencontré.
— Je vis avec mes deux grands frères. Ils sont ici aussi. Takeomi c'est le plus grand, il est numéro 11. Et Sanzu il est numéro 10, raconta Senju en balançant ses jambes dans le vide.
— Et toi tu es numéro combien ?
Senju lui montra le badge qui était épinglé à sa poitrine. Il affichait le numéro 9.
— Et toi c'est le 219, vit la jeune femme. C'est cool qu'on se retrouve, au moins je connais quelqu'un !
— Euh oui... mais tu as tes frères.
— J'ai pas envie de rester avec Takeomi, il est trop protecteur et n'écoute jamais mon avis. Et Sanzu ne nous aime pas vraiment, il va sûrement faire chemin solitaire. Et toi je t'ai vu parler avec d'autres personnes ?
— Oui. Takemichi, le gars là-bas, c'est mon meilleur ami, mais on ne s'était pas vu depuis deux ans.
— Pourquoi ?
Chifuyu haussa les épaules. Il avait l'impression de ne plus savoir ce qui l'avait poussé à agir comme il l'avait fait avec son meilleur ami. Tout était confu, le revoir subitement le perturbait et il ne savait pas s'il devait agir normalement ou prendre ses distances.
— Hmm. Tu as peut-être envie de te reposer, dit Senju d'un air dubitatif.
— Tu peux rester, ça ne me dérange pas.
— En fait je ne veux juste pas rester seule. Je... j'ai l'impression que mon cœur va s'arrêter tellement il bat vite, dit Senju en portant la main sur sa poitrine.
— Tu as peur, comprit Chifuyu avec un regard peiné.
— Je suis terrifiée, dit la jeune femme, des larmes brillant dans ses yeux. J'ai peur de rester seule et qu'on vienne s'en prendre à moi...
Chifuyu hésita un instant, puis il posa sa main sur l'épaule de Senju. Il n'était donc pas le seul à être terrorisé.
— Moi aussi j'ai vraiment peur, dit-il en serrant l'épaule de la jeune femme.
Des larmes se mirent à couler sur les joues de Senju et elle s'empressa de les faire disparaître.
— Tu as vu les candidats ? Certains ont l'air de monstre, ils me font peur, dit-elle en tremblant.
Chifuyu ne sût pas comment consoler la jeune femme. Il pensait la même chose qu'elle après tout...
— Tu vois Sanzu ? C'est un garçon avec des cicatrices aux coins des lèvres. Il a les mêmes yeux que moi et des cheveux rose bonbon si tu ne te souviens pas.
Chifuyu parcourut la foule de participants du regard. Plusieurs groupes s'étaient formés, et les candidats solitaires avaient pour la plupart regagner leur lit pour s'y recroqueviller. Son regard se posa sur le garçon que décrivait Senju. Il parlait avec quatre autres joueurs et semblaient particulièrement excité.
— Regarde ceux avec qui il parle, dit Senju. Ceux aux cheveux violets n'ont absolument pas réagis aux coups de feu, le plus grand a même poussé des joueurs au sol pour les retarder. Je les connaissais déjà mais là... si on doit jouer contre eux...
   Chifuyu les regarda longuement. Il reconnaissait le plus petit des deux. L'homme au carré blanc l'avait cité quand il parlait des dettes des joueurs. S'il se souvenait bien, il s'appelait Rindo. Lorsqu'il l'avait vu sur l'écran d'affichage, Chifuyu avait sentit une sensation de malaise le parcourir, le regard froid de ce garçon avait quelque chose de dérangeant, c'était presque en contradiction avec son apparence qui avait l'air désinvolte.
   — Et celui avec les cheveux blanc, il est arrivé en deuxième à « Un, deux, trois, soleil ». Son regard est tellement vide que j'ai l'impression qu'il ne ressent rien du tout. C'est comme s'il n'avait pas d'âme, juste un corps et de la folie, continua Senju en sanglotant.
   Chifuyu le reconnaissait aussi, il avait également été cité par l'homme rouge. C'était Izana Kuro- quelque chose. Il était passé devant lui pendant le premier jeu, et avait sauté avec indifférence au-dessus des cadavres. Et Chifuyu avait pensé de lui la même chose que ce qu'était en train de dire Senju.
   — Et le quatrième garçon, je crois qu'il est aveugle de l'œil gauche, mais son expression et l'aura qu'il dégage m'effraie. Ils sont tous terrifiant, on est entouré de monstre, dit Senju d'une voix serrée.
— Je suis d'accord avec toi, dit Chifuyu en reposant les yeux sur elle. Mais tu ne peux pas pleurer comme ça, tu ne dois pas paraître faible. En plus, regarde, il y en a plein qui ont l'air apeurés et faibles.
Senju renifla et acquiesça.
— Reprends toi ok ? Dans cette pièce tu ne crains rien, et tant que tu ne t'approches pas de ceux qui te paraissent dangereux, tout se passera bien.
— Merci, dit la jeune femme en essuyant ses joues. C-comment tu t'appelles ?
— Chifuyu Matsuno. Tu peux m'appeler Chifuyu.
— D'accord. Tu... tu peux aussi m'appeler Senju.
Chifuyu hocha la tête et sourit pour réconforter la jeune femme.
Un gros bruit se fit soudain entendre, comme une sorte d'alarme, les portes du dortoirs s'ouvrirent alors et des hommes masqués apparurent. Il y avait le même nombre d'homme que la dernière fois. Huit triangles et un carré. La seule différence, c'était que les triangles étaient équipés d'armes.
En les voyant s'avancer, la foule se recula précipitamment, sauf les plus courageux qui se contentèrent de tourner la tête vers eux, et la faible rumeur des conversations tomba.
   — Vous avez tous remportés la première épreuve, déclara l'homme au carré blanc. Sincères félicitations. Permettez-moi donc de vous annoncer les résultats.
   Les chiffres affichant le numéro 489 sur l'écran au-dessus des masqués se mirent à défiler pendant un instant, avant de s'arrêter pour 271.
   — Sur quatre cent quatre-vingt neuf joueurs, deux cent dix-huit ont étés éliminés. Et deux cent soixante-et-onze ont réussi à finir le premier jeu, dit l'homme.
   Les joueurs restèrent silencieux face à cette annonce. Chifuyu sentit un coup frapper son cœur. Deux cent dix-huit joueurs éliminés ? C'était beaucoup trop, autant de personnes étaient mortes ?! Tout le monde avait l'air choqué, sauf quelques-uns, personne n'avait dû penser que les dégâts étaient aussi grands...
   — À présent, permettez-moi de vous préciser quel sera le montant de la prime offerte au vainqueur.
   L'homme en rose sortit une petite commande de sa poche et la pointa vers le plafond du dortoir. Chifuyu leva alors la tête, et remarqua que la tirelire géante était toujours là. Il avait presque oublié qu'il était ici pour de l'argent... À présent ça n'avait plus d'importance. Gagner quelques yens ne valait sûrement pas le coup de mourir...
   Un tube sortit du plafond et vint s'insérer dans le sommet de la tirelire. Aussitôt, des liasses de billets se mirent à tomber sur la paroi de verre, se découpant parfaitement dans la lumière dorée.
  Des liasses de billets, encore et encore. L'argent tombait du ciel dans un bruit mélodieux, c'était comme si une musique de loto s'était déclenchée, la lumière dorée semblait briller d'un éclat aveuglant. Seuls les billets comptaient.
   Chifuyu se leva lentement, incapable de détacher son regard de l'argent qui continuer de tomber, alors que les joueurs autour de lui l'imitaient et se rapprochaient lentement de la cagnotte, les yeux brillants, la bouche ouverte.
   Les billets défilaient dans les regards de chaque joueurs, tous ne pensaient plus qu'à ça. Les jeux, la mort, la peur, ils devenaient de lointains souvenirs.
   Chifuyu n'arrivait pas à croire à ce qu'il voyait. Il n'avait jamais vu autant argent de toute sa vie, il pourrait faire tellement de chose avec, il devait récupérer ces liasses à tout prix, peu importe les conditions.
   Combien y avait-il d'argent dedans ??? Rien qu'avec ça, Chifuyu pourrait rembourser absolument toutes ses dettes !
   — Pour l'instant, deux cent dix-huit joueurs ont étés éliminés. Soit cent millions de yen par joueur. Ce qui veut dire que pour l'instant, vingt-et-un virgule huit milliards de yens ont étés accumulés, dit l'homme masqué d'une voix monotone. Au cours des prochains jeux, de nouveaux joueurs seront éliminés, et le montant de la cagnotte ne fera que grandir.
   — On gagnera combien à la fin, demanda quelqu'un dans la foule.
   — Puisque vous étiez quatre cent quatre-vingt-neuf joueurs, le montant totale sera de quarante-huit virgule neuf milliards de yens.
   Q-quarante-huit virgule neuf milliards de yens ??? Ça voulait dire que... que si Chifuyu gagnait il serait milliardaire ?!
   Des murmures envieux traversèrent le dortoir, tous les joueurs semblaient à présent impatient de jouer de nouveau.
   — Attendez, s'exclama soudain quelqu'un.
   Chifuyu décrocha difficilement son regard de la lumière au-dessus de lui et chercha du regard la personne qui venait de crier. Senju se tenait toujours près du lit, ses poings étaient serrés, ses larmes avaient disparus. Elle avait l'air déterminée, et complètement indifférente à l'argent qui se trouvait au-dessus d'elle.
   La jeune femme s'avança la tête haute dans la foule et vint se placer à quelques mètres des hommes roses.
   — Je ne me laisserais pas acheter par l'argent. La vie n'a pas de prix, ce n'est pas avec cette mise en scène débile et ces billets, qui doivent être obtenus illégalement, que vous me convaincrez de rester ici.
   Les masqués ne répondirent pas, se contentant probablement de dévisager Senju.
   — Laissez repartir ceux qui le veulent.
   — Article Un du formulaire de consentement des joueurs. Un joueur n'a pas le droit d'abandonner la partie, répondit le carré blanc.
   — Article Trois, la partie peut s'arrêter si la majorité est d'accord, répliqua Senju. Si on est assez pour vouloir partir, on-
   — Personne veut partir alors ferme-là et va sagement t'asseoir, coupa froidement quelqu'un.
   Chifuyu haussa les sourcils de surprise et tourna la tête vers le garçon qui venait de parler. Une mèche blonde tombait sur son visage, parmi sa chevelure brune, il avait l'air un peu fou, et visiblement cette situation l'amusait. Il avait un grand sourire sur le visage.
   — Pardon, dit Senju en se tournant vers lui.
   — T'es la seule à vouloir te barrer alors fais pas chier.
   — Donc tu veux mourir dans cet enfer ?
   — C'est dehors qu'il est l'enfer, intervint un autre garçon. On a notre place nulle par sauf ici, c'est comme si on pouvait tout recommencer à zéros.
   — Y'aura qu'un seul gagnant, la probabilité que ce soit l'un de nous est trop faible pour tenter le coup. C'est du suicide de rester là et je ne suis pas désespérée à ce point là, dit Senju.
   Le garçon à la mèche blonde claqua sa langue sur son palais, avant de rire légèrement.
   — Ah... j'avais pour principe de ne pas frapper les meufs, soupira-t-il avec amusement.
   Il leva sa main droite, couverte du kanji du châtiment et la passa sur son visage.
   — Mais si tu continues à nous les briser...
   Un nouveau sourire se dessina sur son visage.
   — Je vais devoir te tuer.
   — Si tu crois que j'ai peur de toi tu peux te-
   Senju n'eut pas le temps de terminer sa phrase que le garçon fondit sur elle et enfonça son poing dans son visage. La jeune femme fut projetée au sol, sous les exclamations choquées des autres joueurs. Chifuyu se précipita dans la foule pour accéder à Senju, mais quelqu'un déploya son bras devant lui pour l'empêcher de passer. Un garçon avec des lunettes. Il était dans sa voiture de transport si Chifuyu ne se trompait pas.
   — Laisse-le faire, dit-il simplement.
   — Laisse-moi passer, s'énerva Chifuyu.
   Le garçon ne lui répondit pas.
   Senju essuya un filet de sang qui coulait de sa bouche et se redressa difficilement sur ses coudes. Chifuyu devait aller l'aider, elle allait se faire de nouveau frapper si personne ne faisait rien !
   Le garçon leva de nouveau son poing, il s'approcha de la jeune femme, un grand sourire au visage, et Senju ne recula pas. Chifuyu poussa sèchement le bras qui lui barrait la route, il refusait de laisser quelqu'un frapper un autre joueur. Et il refusait qu'on l'empêche de protéger quelqu'un.
   Mais il n'eut pas besoin d'intervenir. Un homme masqué, avec un triangle sur son casque, s'interposa soudainement entre les deux joueurs, et pointa son arme sur le garçon, au milieu de son front.
Celui-ci se figea en même temps que tous les autres joueurs.
— Nous n'autoriserons aucuns actes qui soit de nature à entraver le processus démocratiques, déclara le carré blanc avec calme. Chacun est libre de s'exprimer librement.
— Ok ok, dit le garçon en levant ses mains près de sa tête. C'est bon, vous pouvez baisser votre arme.
Mais le triangle blanc ne bougea pas, et pendant un instant, Chifuyu se demanda s'il était en train de protéger Senju, s'il comptait vraiment tirer, ou s'il voulait juste faire peur à ce garçon et aux autres joueurs.
Le garçon méché finit donc par reculer, et partit s'adosser contre un lit, loin de Senju. La jeune femme en profita pour se relever et croisa ses bras sur sa poitrine.
— Il est vrai que selon l'article Trois, une partie en cours peut s'arrêter si la majorité le veut, continua le carré blanc, alors que son collègue baissait enfin son arme. Souhaitez-vous procéder à un vote ?
Senju grimaça. Elle jeta un coup d'œil au masqué qui se tenait toujours près d'elle. Il voulait peut-être s'assurer que personne ne viendrait de nouveau la frapper.
Chifuyu serra les lèvres. Il n'avait pas envie de procéder à un vote, il ne savait pas s'il voulait rester ou partir. D'un côté, il était bien conscient que rester était de la folie, une mort presque sûre l'attendait. Mais d'un autre côté, il n'avait rien à perdre. Sa vie n'avait pas de valeur, il n'avait rien à perdre. Et il avait quand même une chance de gagner...
— C'est inutile, ce serait une perte de temps, soupira Senju. Continuons le jeu.
La jeune femme s'inclina devant le masqué près d'elle, sûrement pour le remercier d'avoir empêcher l'autre garçon de continuer de s'en prendre à elle, et partit dans la foule.
— Très bien, dit l'homme avec un carré blanc. Alors le jeu continue.

───────༻⭒༺ ───────

Qu'avez-vous pensé de ce quatrième chapitre ? :)
Ça y est, Hinata, Emma et Senju arrivent enfin dans le jeu 😩 Je les avais seulement introduit jusque là, mais finit les rigolades, et laissons place aux meilleurs persos. Il est temps que les choses se corsent.
Ce chapitre je l'aime beaucoup parce qu'il se passe des choses importantes dedans, et le chapitre qui suivre sera trop bien aussi 😏
D'ailleurs, j'ai vu vos suppositions sur l'homme au carré blanc, haha bonne chance pour trouver qui s'est !😂

Merci d'avoir lu !

(Par contre, Hanma à osé frapper Senju, jetons lui des pierres.)

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