Des lumières jouaient devant ses iris turquoises, elles dansaient ensembles, se caressaient, se mélangeaient. La rose se mariait avec la verte, la rouge embrassait la bleue, et la blanche, elle s'entremêlait avec la jaune. Un arc-en-ciel, un feu d'artifice, des lumières. Elles clignotaient, dans le décor doré de la tirelire remplie qui flottait au-dessus de lui. Elles paraissaient presque nébuleuses, comme entourées d'un halo de brume, pourtant elles étaient bien là.
Chifuyu se souvenait encore de leur magnifique reflet dans les bouts de verres qui avaient volés dans tous le chapiteau. C'était comme s'il y avait eu une explosion de lumière, il avait été aveuglé, des rayons de couleurs avaient traversés le chapiteau, comme une étrange danse de lumière.
Il se souvenait encore du noir qui engloutissait le chapiteau. Un noir profond, intense, si sombre qu'en se penchant au-dessus du pont de verre, il était presque impossible de distinguer les corps qui se trouvaient au sol. Pourtant, Chifuyu les avait bien vu.
Il avait vu le corps de Sanzu, face contre terre. Ses jambes écrasées, réduites en morceaux, et pliées dans une étrange position. Chifuyu s'en souvenait.
Ensuite, il avait avancé sur le pont, et cette fois, il avait vu les corps de Izana et de Kakucho. Le corps de Kakucho écrasait celui d'Izana, comme si celui-ci avait essayé d'amortir la chute de son allié, en vain. Ils se tenaient toujours la main, même après leur chute mortelle. Chifuyu s'en souvenait aussi.
Il avait de nouveau avancé, et il était alors tombé sur le corps de Draken. Vu de haut, Draken paraissait plus petit, moins imposant. Il avait eu l'air apaisé, les traits de son visage étaient détendu, même à travers le sang qui traçait des lignes rouges sur son visage. Comme si la mort lui avait fait du bien, comme si c'était ce dont il avait eu besoin. Oui, Chifuyu s'en souvenait.
Il avait continué son chemin sur le pont de verre. Il s'était avancé, mais il n'était pas tombé. C'était Takemichi qui était tombé.
C'était Takemichi.
Est-ce qu'à lui aussi, la mort lui avait fait du bien ? Qu'est-ce qu'il avait ressentit en tombant ? Est-ce qu'il avait eu mal ? Lorsque la plaque de verre s'était brisée sous son dos, qu'elle avait éclaté en morceau, faisant voler en éclats tous les espoirs de Chifuyu que Takemichi survive, qu'est-ce qu'il avait sentit ? Est-ce qu'il était mort sur le coup, ou avait-il eu le temps de sentir ses os exploser dans son corps, le sang le baigner, ses yeux s'exorbiter. Est-ce qu'il en avait seulement eu conscience ?
Parce que Chifuyu, lui, en avait parfaitement conscience. Il avait tout vu. Son corps tomber sur la dalle de verre, sombrer dans le vide avec légèreté. Il avait vu son corps percuter si violemment sol que le choc avait comme agité toute son âme, son crâne exploser dans une giclée de sang. Il avait vu son meilleur ami baigner dans une marre de sang, il avait vu ses os se briser et déchirer son corps, il avait vu le sang se mettre à couler, il avait vu ses yeux se retourner dans leur orbite.
Il avait vu son meilleur ami se jeter dans le vide.
Et Takemichi ? Est-ce qu'il avait vu Chifuyu s'écrouler contre Baji ? Est-ce qu'il avait vu son âme se déchirer dans ses yeux ? Est-ce qu'il avait vu ses larmes briller dans l'obscurité qui l'entourait ? Est-ce qu'il l'avait vu le regarder tomber ? Est-ce qu'il l'avait seulement entendu ? Entendu sa voix hurler si fort dans le chapiteau que les minuscules ampoules des verres tremblèrent, ses cordes vocales s'égosiller avec horreur, désespoir, et douleur, jusqu'à se briser ?
Non. Takemichi n'avait rien vu de tout ça, il n'avait rien vu et rien entendu, et même si ce n'était pas le cas, il ne s'en souviendrait pas parce qu'il était mort. Il était partit, il avait abandonné Chifuyu, encore. Toute cette histoire était à présent loin derrière lui, un souvenir effacé de sa mémoire. Parce qu'il était mort.
Mais Chifuyu était toujours là, et lui il ne pourrait jamais oublier ça. Il reverrait toujours son meilleur ami mourir sous ses yeux, jamais, non jamais il ne pourrait faire comme si ça n'était qu'un souvenir.
Takemichi était mort pour lui, pour le laisser vivre, mais en se jetant du pont il avait emmené Chifuyu avec lui. Il l'avait entraîné dans sa chute, il l'avait tué avec lui. Il l'avait détruit. Encore une fois. Mais cette fois, le jeune homme ne se relèverait pas.
Il avait si mal qu'il ne sentait presque plus la douleur. Il avait si mal que sa souffrance en devenait abstraite, il en avait à peine conscience. Il se sentait juste vide. C'était une étrange sensation. Il n'entendait plus son cœur battre, ni ses poumons se remplir d'air. Pourtant il était toujours là, toujours en vie. Allongé sur le sol du dortoir, son cœur battait toujours, et l'air circulait encore dans ses poumons.
Mais il ne sentait plus rien.
Chifuyu avait presque l'impression de flotter, il avait presque l'impression de se sentir bien. Pour une fois, il ne sentait plus rien. C'était comme s'il faisait une pause, comme si on lui permettait enfin de s'arrêter, qu'on le laissait abandonner. Il était vide. Et ça lui faisait du bien.
Il pourrait rester des heures comme ça, contre le sol froid du dortoir. Ça lui faisait du bien... Il ne savait pas où était Baji, peut-être au toilette. Il ne savait pas non plus où se trouvait Senju. Et il n'en avait honnêtement rien à faire.
Il n'avait envie de voir personne. De juste reste là, à attendre que le temps passe. À attendre que la mort arrive, l'emmène et le libère. Chifuyu n'avait plus que ça à faire.
— Chifuyu, murmura quelqu'un près de lui.
Le jeune homme cligna lentement des yeux. La vision de son meilleur ami sur le pont de verre disparut, et il vit de nouveau la tirelire du dortoir qu'il fixait sans le savoir depuis tout à l'heure.
— Chifuyu, tu ne veux pas aller dans ton lit au lieu de rester sur le sol, demanda Baji avec inquiétude.
Tiens... Baji était à côté de lui ? Depuis quand ? Il ne l'avait pas vu arriver... le jeune homme se releva difficilement, et regarda d'un air perdu autour de lui. Baji se tenait juste à sa droite, il était tout pâle, et le regardait avec perplexité. Senju, quant à elle, était recroquevillée dans son lit, immobile.
Chifuyu se mit lentement debout. Il tituba légèrement, manquant de s'écrouler au sol, mais réussi à rester debout.
— Tu vas où, demanda Baji en le suivant du regard.
Le jeune homme ne répondit pas et s'éloigna de lui à pas feutrés.
— Tu veux que je vienne, continua Baji.
— Laisse-moi tranquille, murmura Chifuyu à voix faible.
Le regard perdu dans le vide, il s'avança dans le dortoir, il avait l'impression que son corps était animé par quelque chose d'extérieur, comme s'il ne le contrôlait plus vraiment. Il avait à peine conscience qu'il était en train de bouger.
Le jeune homme se vit arriver dans le couloir qui menait au toilette, et tituba jusqu'à celles des garçons. Il entra dedans avec lenteur, sans plus aucune force dans son corps. Il réussit à pousser la porte derrière lui, à s'avancer jusqu'au lavabo et à s'appuyer contre, avant de s'écrouler au sol.
Chifuyu chercha sa respiration avec difficulté, ses poumons oppressés le faisaient souffrir, l'air ne passait plus dans sa gorge, il suffoquait. Il avait l'impression de se sentir écrasé, oppresser pas des mains qui étouffaient son corps, qui le broyaient.
Chifuyu porta la main à sa gorge. Respirer le brûler, ça lui faisait mal, et il commençait à ne plus rien voir. Quelque chose lui piquait les yeux, tout était imprécis devant lui, tout devenait flou.
La porte des toilettes s'ouvrît, mais Chifuyu ne s'en rendit pas compte. Il avait l'impression de sentir son cœur s'arrêter dans sa poitrine, il avait juste mal, tellement mal que ça en devenait insupportable, il avait l'impression de se sentir perdre la vie.
— Chifuyu !
Quelqu'un se précipita vers lui, et le jeune homme vit un visage apparaître devant lui. Mais il ne voyait rien, il y avait trop de larme dans ses yeux pour qu'il puisse voir de qui il s'agissait.
— Baji, murmura-t-il d'une voix perdu.
Le jeune homme battit des paupières pour faire tomber les larmes sur ses joues, et put alors reconnaître son allié devant lui.
— J-je... J-je... B-Baji j'arrive pas... j'y arrive plus... j-je...
— Chut, calme toi, tout va bien Chifuyu, assura doucement Baji. Tout va bien.
— Non, dit Chifuyu en secouant la tête. Rien ne va, dis pas ça c'est faux...
— Si, ça va aller d'accord ? Respire lentement, calme-toi et-
— Ils sont tous mort Baji, s'écria Chifuyu avec détresse. Ils sont tous morts sous mes yeux, et je n'ai pu en sauver aucun !
— Tu ne pouvais rien faire pour eux... c'est pas de ta faute, tu n'y es pour rien, dit Baji en essuyant les larmes de son allié.
— ILS SONT TOUS MORTS SOUS MES YEUX, hurla Chifuyu en le repoussant brutalement.
Baji ne tint pas compte de son agressivité. Il l'attrapa par les épaules et le plaqua contre son torse pour le serrer avec force, alors que Chifuyu explosait en sanglot sans pouvoir se retenir.
— D'abord Mitsuya et Hakkai... j'ai vu leur corps de déchirer sur le champ de mine, je les ai vu exploser, juste sous mes yeux... ensuite Emma est morte, alors que j'ai tout fait pour la réanimer... J'ai épuisé toute mes forces pour elle, on s'est tous battu et elle est morte... devant nous... et après... M... M-Mikey est mort... Il m'a forcé à le lâcher... il m'a obligé... il... j'ai pas été capable de...
— Chifuyu tu te fais du mal pour rien, arrête...
— Ran est mort. Rindo est mort. Sanzu est mort, Izana est mort, Kaku est mort, Draken est mort, et maintenant Takemichi est mort aussi. Sous mes yeux. Ils sont tous partit sous mes yeux, SOUS MES YEUX PUTAIN BAJI, cria Chifuyu d'une voix étranglée.
— Mais ce n'est pas de ta faute, répliqua Baji.
— Non c'est de la tienne, lança Chifuyu avec hargne.
— ... Quoi... ?
— C'est à cause de toi tout ça, cracha le jeune homme en repoussant Baji de lui.
— ... Non... Pourquoi tu dis ça, dit son allié sans comprendre.
Le jeune homme se releva et se détourna de lui sans vouloir répondre.
— Chifuyu répond moi, dit Baji en se levant à son tour.
— C'est de ta faute tout ce qu'il s'est passé, murmura la jeune homme en affrontant le regard de son allié.
— Non c'est pas vrai. J'y suis pour rien et tu le sais.
Chifuyu ne répondit pas, et continua de fixer Baji avec haine.
— Qu'est-ce que tu me reproches ?
— C'est de ta faute.
— Pourquoi ?
— C'est de ta faute tout ça et tu t'en rend même pas compte !
— Parce que c'est faux !
— C'est de ta faute tout ça ! Draken s'est suicidé parce que Mikey était mort, et Mikey s'est suicidé pour toi ! C'est de ta faute s'ils sont mort, c'est de ta faute si Mikey a préféré me laisser vivre, parce qu'il l'a fait pour toi, parce qu'il voulait que tu puisses continuer le jeu, parce que sinon tu ne tiendrais pas ! C'est de ta faute si Takemichi est mort et que j'ai pas pu le retenir ! C'est de ta faute si je suis dans cet état, parce que j'ai toujours tout fait pour toi, pour te faire vivre ! Parce qu'on veut tous que tu vives, parce que tout le monde part pour que nous deux on puisse vivre et rester ensemble. C'est de ta faute, c'est de ta faute, C'EST DE TA FAUTE, hurla Chifuyu en frappant le torse de Baji avec fureur.
— Non... non... c'est pas de ma faute...
— Si tu serais pas venu vers moi, si t'aurais pas tout fait pour rester avec moi, pour créer cette putain de relation entre nous, si tu m'aurais jamais protégé, on en serait pas là aujourd'hui ! Si tu m'aurais laisser me faire buter dès le début j'aurais pas à vivre tout ça ! Si tu m'aurais pas laissé tomber amoureux toi j'aurais jamais eu à souffrir autant, s'égosilla Chifuyu en écrasant son poing sur la poitrine de Baji.
Ses cheveux se secouaient autour de son visage alors qu'il continuait de frapper son allié avec haine, et des larmes continuaient de brûler ses joues, mais Chifuyu n'en avait rien à faire. Baji ne se défendait même pas, il le laissait faire sans opposer aucune résistance.
— Chifuyu calme toi...
— C'est de ta faute, et tu sais que c'est de ta faute, tu sais qu'ils sont tous morts pour toi, parce que notre monde tourne autour de toi, et toi t'en a rien à faire parce que tant que je suis là ça te suffit ! Je suis en vie donc c'est bon, tout va bien en fait ! Mais moi je tiens plus, j'en peux plus, je veux juste que tout s'arrête, je veux juste mourir mais j'ai pas le droit parce que je t'aime et je veux pas te détruire comme moi je suis détruit !
— Chifuyu...
— Pourquoi c'est ta faute ? Tu demandes vraiment pourquoi ?
Chifuyu explosa d'un rire dépourvu de joie.
— Tu m'as tout laissé porter tout seul. J'ai toujours, toujours pris soin de toi, et j'ai toujours tout fait pour toi et toi tu m'as laissé faire. T'as vu depuis le début que j'étais pas bien, t'as vu que je ne supportais pas d'être en équipe, que j'avais peur, que j'allais mal, que j'étais tourmenté et est-ce que t'as fait quelque chose pour moi ? Non évidemment ! Tu m'as juste dit « ça va aller, t'inquiète pas » ! Mais non ça va pas, rien ne pas parce que je suis qu'un raté et que tu crois que je suis quelqu'un de bien alors que non !
— Mais Chifuyu... j'étais là... je...
— Tu m'as toujours dit que j'étais fort et que j'étais un poids pour personne mais, c'est drôle parce que moi je t'ai jamais cru ! Je suis fort ? Regarde moi Baji. Regarde moi ! Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un de fort ?! Tu m'aimes et tu veux que je sois fort mais je le suis pas, et je ne te suffis pas non plus ! Je suis désolé de pas être assez bien pour toi, je suis désolé de pas pouvoir être la personne que tu voudrais !
Chifuyu sourit et agita ses bras avec impuissance.
— Regarde ce que je suis, dit-il en secouant la tête. Je suis en larme, je suis à bout et je suis lamentable. Je suis rien du tout, et je suis tellement, tellement désolé de pas pouvoir être la personne que tu voudrais... Un mec fort capable de tenir et de se battre. Je suis désolé Baji, t'entends je suis désolé, cria Chifuyu avec détresse. C'est con que tu sois tombé amoureux de moi parce que je suis qu'un échec. Et je suis incapable de te donner ce que tu veux. J'aurais aimé que tu vois comment je suis réellement, et que tu ne m'accorde pas autant d'importance. Parce qu'à cause de ça... à cause de toi... Ils sont tous morts...
— Chifuyu c'est pas vrai...
— Baji tu me fais détester mon existence encore plus que je ne la détestais... C'est de ta faute parce que tu m'aimes et c'est de ma faute parce que je suis toujours là... Tu me fais détester tout ça Baji...
— Non arrête...
— Tu sais quoi Baji ? Je te déteste ! Je te déteste de tout mon être, je voudrais ne jamais t'avoir rencontré, ne jamais t'avoir parler ! Je voudrais que tu m'aies laissé me faire tirer dessus dès le premier jeu, que tu ne m'aies pas retenu au deuxième, et que t'ai laissé Mikey me buter au troisième, hurla Chifuyu avec rage.
— Arrête...
— Je te déteste ! Alors tu sais quoi ? Va te faire foutre Baji, va juste te faire foutre ! Toi et tous les autres, toi et Mikey, Draken, Takemichi, Hinata, Emma, Mitsuya, Hakkai, allez vous faire foutre parce que vous m'avez détruit et je vous déteste, cria Chifuyu avant que sa voix ne se brise. Va te faire foutre toi et tous tes sentiments pour moi, toi et tes amis, toi et ce jeu et juste laissez-moi ! Allez tous vous faire foutre...
Le jeune homme se détourna vivement de Baji pour plaquer ses mains contre son front, et tenta de chercher sa respiration. Son visage le brûlait tellement les larmes tombaient dessus, et sa voix s'était cassée, il arrivait à peine à respirer. Mais peu importe. Peu importe, il voulait juste que tout ça s'arrête.
Il voulait juste qu'un masqué arrive, qu'il lève son arme devant lui et qu'il lui tire une balle en plein cœur. Il voulait juste qu'on le laisse partir.
— Chifuyu, appela Baji derrière lui.
— Laisse-moi tranquille, réussi à dire Chifuyu en fermant étroitement les yeux yeux.
— Viens là.
Chifuyu ne répondit pas et renifla simplement. Il essaya de retenir ses larmes, de se calmer un peu, mais le tumulte d'émotion qu'il ressentait n'était pas encore calmé.
— Je suis désolé, murmura-t-il avant de fondre en larme avec détresse.
— Hé pleure pas... ça va aller, dit Baji en l'enlaçant par derrière. Ça va aller, tout va bien.
Chifuyu ne réussit pas à répondre, juste à sangloter violemment contre Baji. Son allié passa ses bras autour de ses épaules et serra son dos contre son torse, en déposant sa tête au sommet de son crâne.
— Calme-toi, murmura-t-il en berçant le jeune homme.
— Je suis désolé, pleura Chifuyu avec détresse.
— Tout va bien t'inquiète pas. C'est pas grave.
— Je le pensais pas... rien est de ta faute, dit le jeune homme en hoquetant. Je suis désolé...
— Je sais, t'en fais pas tout va bien... arrête de pleurer s'il te plaît, demanda Baji, la gorge serrée.
— Je suis désolé, répéta Chifuyu.
— Chi c'est pas grave, t'excuse pas.
— Désolé, dit Chifuyu sans s'arrêter de pleurer.
— Chi...
— Désolé...
— Chifuyu t'as le droit d'aller mal, murmura Baji en continuant de le bercer légèrement. Arrête de pleurer, respire doucement, ferme les yeux, et détends toi.
Chifuyu acquiesça et s'exécuta. Il posa ses mains sur les avant-bras de Baji, toujours enroulés autour de ses épaules, et se força à prendre de grandes inspirations pour réguler son souffle. Il se concentra sur la chaleur qui émanait du torse de Baji, collé contre son dos, de ses doigts qui passaient délicatement sur ses épaules, de sa tête blottit contre la sienne.
Les deux jeunes hommes restèrent longtemps dans cette position, immobiles, à chercher un calme qui pourrait apaiser leur cœur. Chifuyu réussit à se détendre, l'étreinte de Baji l'avait toujours apaisé et c'était toujours le cas aujourd'hui. Il avait l'impression que tout ne pouvait bien qu'aller tant qu'il était dans ses bras, il aimerait pouvoir y rester toute sa vie.
— Ça va mieux, demanda Baji au bout d'un moment.
Chifuyu acquiesça en silence. Ses larmes avaient cessés, et il respirait plus facilement. Il se sentait plus calme et ses idées étaient plus claires. Il se sentait un peu mieux.
— Chifuyu, c'est bientôt terminer ok, dit Baji près de son oreille. C'est presque finit, tiens encore deux jours et après je te jure que tu ne souffriras plus jamais.
— Hmm, fit Chifuyu d'une voix faible.
— S'il te plaît, ne dit plus jamais que tu veux mourir.
— Hmm...
— Allez, ça va aller hein ?
— Hmm.
Baji planta un baiser sur sa tempe et Chifuyu baissa la tête avec honte.
— Désolé de t'avoir frapper, dit-il.
— C'est rien, assura Baji en passant ses bras autour de sa taille. Je le méritais.
— Non pas du tout...
— Si... tu n'avais pas tord... Je ne suis pas assez là pour toi. Je t'ai mis trop de pression en te laissant tout faire pour nous deux, et à part te prendre dans mes bras je ne sais pas quoi faire d'autre. Je ne suis pas doué avec les mots...
— C'est pas grave, assura le jeune homme.
— Écoute... je ne suis pas doué pour parler, mais je peux t'écouter tu sais ? Tu ne veux sûrement pas en parler mais... si tu veux me parler de Takemichi... ou juste du jeu ou de ce que tu ressens, tu peux le faire tu sais ?
— Je sais Baji, dit Chifuyu d'une voix serrée.
— Et... Tu sais, même si tu ne tiens plus et que tu t'écroules a cause de tout ça, je t'aimerais toujours.
— Je sais...
— D'accord, dit Baji en lovant sa tête contre celle de Chifuyu.
— Tu... t'étais venu pour me dire quelque chose ?
— Non, je m'inquiétais juste pour toi. Je voulais être sûr que tu ne fasses pas de bêtise comme Rindo...
— Je ferais rien tant que t'es là, dit Chifuyu à voix basse.
— Sanzu pensait la même chose...
— Je ne ferais vraiment rien, je te le jure.
— Hm... Je pense que t'as besoin de penser un peu à autre chose. Tu devrais essayer de te reposer, ou juste te détendre un peu...
Chifuyu hocha la tête mais ne bougea pas. Il avait peut-être besoin de dormir en effet, mais il ne voulait pas prendre le risque de rêver de Takemichi. Il avait trop peur de fermer les yeux et de revoir les images de sa mort dans son esprit. Il n'était pas capable de subir ça une nouvelle fois.
— Tu ne veux pas dormir, comprit Baji.
— Non... désolé mais... j'en suis incapable...
— Arrête de t'excuser.
— Déso... oh...
— Pourquoi tu ne peux pas dormir ?
— Je ne veux pas rêver de lui... j'ai peur de tout revoir et je sais que je ne le supporterai pas. Je veux juste penser à autre chose... rien qu'un instant. Fermer les yeux et ne plus le revoir...
— Juste un instant, répéta Baji à voix basse.
— Oui...
Chifuyu sentit les lèvres de Baji venir effleurer sa peau nue, au creux de son cou, et y laisser des baisers papillons, provoquant des décharges électriques dans son corps. Le jeune homme se rendit alors compte que si Baji avait enroulé ses bras autour de sa taille, ce n'était pas juste pour le câliner contre lui, mais plutôt pour pouvoir caresser son ventre et passer sa main sous ses vêtements.
— Qu'est-ce que tu fais, demanda Chifuyu en rougissant légèrement.
— Hmm ? Je te détends juste, répondit Baji avec innocence.
— Je n'avais pas compris que tu parlais de ça quand tu disais qu'il fallait que je me détende...
— Parce que je ne parlais vraiment pas de ça. Mais maintenant que j'ai commencé...
— Baji tu crois vraiment que c'est le moment.
— On aura plus vraiment d'occasion après, dit Baji en remontant ses mains sur la poitrine de Chifuyu. Allez, ça va te faire penser à autre chose en plus...
Le jeune homme ne répondit pas. Baji n'avait pas vraiment besoin de le supplier, en sentant ses mains ainsi passer sur lui, Chifuyu n'avait pas beaucoup de chance de pouvoir rester indifférent...
— Je te fais pas d'effet, susurra Baji avant de passer sa langue sur son oreille.
— Dis pas n'importe quoi, murmura Chifuyu en soupirant de soulagement.
— Alors tu vas vraiment rester de marbre, demanda son allié en maintenant sa taille contre lui alors qu'il redescendait sa main sous les vêtements de son bassin.
Chifuyu rougit un peu plus mais se laissa faire. Il était incapable de repousser Baji, et même s'il le voulait il ne pourrait pas, vu comment il le tenait contre lui.
— Chi t'es brûlant, murmura Baji en effleurant sa peau de ses lèvres.
— Évidemment que je suis brûlant, t'as vu ce que tu fais...
— Tu me fais aussi beaucoup d'effet. Mais je préférerais que tu sois un peu plus réactif à mon toucher, déclara Baji en donnant un petit coup à Chifuyu.
Le jeune homme gémit légèrement et tenta de se défaire de l'étreinte de Baji pour s'échapper avant de ne plus réussir à garder le contrôle, mais son allié ne le laissa pas faire.
— Ah tu vois que t'en as envie, s'exclama-t-il en le poussant contre un mur.
— Oh tais-toi...
— Tu devrais me remercier de faire ça pour toi, juste pour te détendre, dit Baji en faisant tomber leur bas.
— Tu... parles... Ça t'arrange bien de faire ça.
— C'est vrai... mais toi aussi ça t'arrange.
Chifuyu voulut répondre, mais au lieu de parler, c'est un nouveau soupir de soulagement qui s'échappa de sa bouche. Il s'appuya au mur en sentant une chaleur brûlante monter en lui, et laissa Baji s'occuper de lui sans plus chercher à rester calme.
— Bah alors, t'es aussi sensible que ça, dit Baji avec satisfaction.
— Ferme-la, répliqua Chifuyu en fermant les yeux alors que son allié se frottait contre lui avec envie.
Baji embrassa lentement la ligne de son cou pour répondre, en prenant bien soin de passer sa langue sur sa peau brûlante. Son souffle chaud venait embraser son corps, alors que son torse et son bassin se mouvaient contre lui. Ses mains et sa cuisse glissaient sur peau nue, allant en-dessous des vêtements, et s'attardaient sur les zones sensibles de son corps. Chifuyu se mordit violemment la lèvre pour se retenir de gémir, et ferma étroitement les yeux. Baji savait déjà ce qu'il devait faire pour satisfaire son plaisir et celui de Chifuyu, il avait déjà pu découvrir son corps une fois, à présent il savait très bien comment s'y prendre. Autrement dit, Chifuyu n'allait pas pouvoir se retenir très longtemps. Baji savait très bien ce qu'il faisait.
— Si quelqu'un arrive dans les toilettes je te tue, dit le jeune homme en se cambrant contre le torse de Baji.
— Si la mort vient de toi je l'accepte sans problème, répliqua Baji en agrippant le bassin de Chifuyu. En plus — dis-le si je te fais mal — tu serais in... oh... incapable... de me tuer.
— On... on... ve... v...
— T'arrive p... p-plus à parler, s'étonna Baji alors que ses ongles s'enfonçaient dans la peau du jeune homme.
Chifuyu ne réussi qu'à gémir de plaisir en réponse. Il serra ses poings contre le mur en rejetant la tête en arrière avec soulagement, alors que Baji lui donnait des coups de bassin de plus en plus rapidement. Le corps de Chifuyu se couvrait de fièvre à cause de lui, et il sentait que le torse de Baji qui frottait son dos était aussi couvert de sueur. Le jeune homme avait l'impression de s'embraser, de brûler sous les caresses de Baji, comme si un feu s'était allumé à l'intérieur de lui et qu'il le consumait avec lenteur. Les mains de son allié étaient chaudes, moites, il en voulait encore plus, entendre sa voix susurrer son nom à ses oreilles, gémir des obscénités sans faire d'effort pour se retenir, son souffle saccadé s'échouer sur sa nuque. Il voulait que Baji continue d'embrasser son corps avec autant d'envie, qu'il ne s'arrête pas de l'enlacer avec fièvre, le plaquer contre le mur pour ne faire qu'un avec lui, que ses ongles griffer de plaisir sa peau, qu'une dernière fois, il y laisse la marque de son passage.
Qu'une dernière fois, il le fasse devenir sien, incapable de penser à autre chose, qu'il oublie toute sa souffrance, qu'il ne puisse plus que penser au plaisir. Qu'une dernière fois, Baji l'emporte ailleurs avec lui.
Leur corps dansaient l'un contre l'autre, sans plus s'arrêter. Baji enfonça ses dents sur l'épaule Chifuyu, en faisant cogner son bassin contre le mur. Ses canines durent percer sa peau, car le jeune homme ressentit une vive douleur, et lorsque la langue de son partenaire passa sur sa morsure, il comprit qu'il devait probablement saigner.
— S-sérieusement, gémit-il, essoufflé.
— J'ai p-pas pu m'en empêcher, répondit Baji en ralentissant son rythme. Désolé...
— Tu voulais surtout pas qu'on... t'entende, répliqua Chifuyu.
Baji ne prit pas la peine de répondre. Il lui donna un dernier coup de rein, en ayant la bonne idée de plaquer sa main sur sa bouche, et Chifuyu mordit violemment sa main pour étouffer son gémissement. Baji attrapa le jeune homme par les épaules pour le retourner en le tenant fermement, et prit son visage entre ses mains. Il l'embrassa avec fougue, en frottant son torse contre le sien, et Chifuyu manqua de tomber au sol. Baji réussit à le retenir d'une main par la taille, en continuant de tenir son visage de son autre main. Il embrassa Chifuyu avec tellement de passion que le jeune homme se sentit fondre contre lui, dévorer, il en avait presque mal.
— J-j'ai plus de souffle, dit Chifuyu au bout d'un moment.
Baji ne répondit rien, trop essoufflé pour parler. Il remit lentement en place leurs vêtements qui étaient tombés au sol, avant d'enlacer une dernière fois Chifuyu, en lui caressant doucement les cheveux.
— Merci, murmura Chifuyu en fermant les yeux.
— Il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit, dit soudain Baji.
— Quoi ?
— ... J'ai...
Chifuyu fronça les sourcils avec inquiétude.
— Il y a un problème ?
— ... Je... Non. Je voulais juste te dire que moi aussi je suis tomber amoureux de toi, dit Baji en plantant son regard dans celui de Chifuyu.
— Vraiment, demanda le jeune homme avec espoir.
— T'en doutais ?
— Non... enfin... je savais que je te plaisais mais...
— Je voulais te le dire avant... je voulais te le dire, se ravisa Baji.
— Avant que tout ça ne se termine, demanda Chifuyu.
— Oui... Chi... tu comptes ressortir vivant d'ici n'est-ce pas ?
Chifuyu ne répondit pas tout de suite.
— Oui, finit-il par dire. Toi aussi hein ?
— Oui évidemment.
Chifuyu regarda longuement Baji. Il y avait quelque chose de bizarre, mais il n'arrivait pas à voir quoi. C'était étrange...
— Ça va ?
— Avec ce qu'on vient de faire, ça ne peut qu'aller bien, assura Baji. Mai on devrait retourner dans le dortoir, Senju doit être tout seule, il faudrait peut-être rester aussi avec elle. Surtout que Sanzu est... il est mort...
— Tu as raison, dit Chifuyu. Elle aussi elle a perdu des personnes importantes sur cette épreuve. Elle aimait bien Izana et Kaku aussi...
— T'es pas obligé d'aller la voir, je peux le faire seul, dit Baji alors que Chifuyu sortait des toilettes.
— C'est mon amie, se contenta de dire le jeune homme.
Il retourna dans le dortoir et vit immédiatement que Senju se trouvait toujours dans son lit. Elle n'avait pas du tout bouger, et pendant un instant, Chifuyu eut peur qu'elle ne soit plus en vie.
— Senju, appela-t-il en arrivant devant la jeune femme.
— Hmm, murmura Senju en levant les yeux vers lui.
— Comment tu te sens ?
Senju ne répondit pas. Son regard ancré sur un point invisible était devenu vide. Comme celui d'Izana. De Kazutora. Et comme celui de Chifuyu. Le jeune homme voulut dire quelque chose, mais les portes du dortoir s'ouvrir soudainement, faisant se retourner les joueurs. Quatre masqué entrèrent, un carré suivit de trois cercles, qui portaient une boîte dans leur mains.
— Nous vous présentons nos sincères félicitations pour votre parcours et votre réussite lors de ces cinq épreuves, déclara l'homme au carré blanc.
Chifuyu les regarda sans comprendre. Mais qu'est-ce qu'ils venaient faire là ?
— Vous êtes désormais nos heureux finalistes, poursuivit le masqué d'un ton monotone. Et nous vous avons préparés un cadeau spécial. Avant de vous dévoiler ce cadeau, veuillez vous préparer et passer les tenues que nous allons vous donner.
Un cadeau venant de la part des masqués ? Ça n'avait aucun sens, qu'est-ce qui les poussait à faire ça ? C'était une épreuve ? Un piège ? Il fallait se méfier, c'était sûrement dangereux.
Les trois cercles s'avancèrent vers les trois joueurs restant et leur tendirent les boites en silence. Chifuyu en saisit une avec méfiance et l'ouvrît. Un costume noir reposait dedans.───────༻⭒༺ ───────
Hey désolée du retard !
Ce chapitre est quand même moins triste que les précédents, même si Chifuyu pete un câble. Je pense qu'il en avait besoin parce qu'il enfouissait trop de chose. À sa place j'aurais réagis pareil et j'aurais envoyer Baji se faire foutre depuis longtemps. Chifuyu devient sombre, il va vraiment mal et je vous assure, ça me fait trop de peine pour lui. Je sais pas pourquoi je lui inflige ça 🧍🏻♀️
Bref, demain c'est le fameux dîner de Squid Game ! J'ai trouvé la scène du repas extrêmement stylé, la façon dont c'était fait, l'ambiance, la musique, la disposition de la table etc. Un vrai repas ne fera pas de mal à nos champions !
Oh et... demain c'est un chapitre... qui fait mal au cœur. Vraiment, pour moi c'est l'un des pires, peut-être même le pire...
À demain !

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Squid Game - Le fil rouge
FanfictionLe monde dehors avait l'air si cruel et violent, uniquement fait pour une élite que jamais Chifuyu ne pourrait atteindre. Mais ce monde était magnifique à côté de celui que le jeune homme va découvrir dans Squid Game. Numéro 219, une seule mission...