Chapitre 8

34 2 0
                                    

LÉANA

     Mon stage à la pouponnière se termine enfin. Pas qu'il se soit mal passé ou que j'en avais marre mais ces quelques semaines ont été assez intense et j'ai hâte de pouvoir profiter du calme que m'offre mes cours. Je finis par une garde de jour, en plus un vendredi, alors ce soir c'est boîte de nuit avec Sabrina et quelques amis. Mon prochain stage, aura lieu au mois d'avril, c'est celui que j'attends avec le plus d'impatience. C'est dans un hôpital a une soixantaine de kilomètres de chez moi. Ça va me faire pas mal de route mais je travaillerai au sein d'une unité mère-enfant qui privilégie le bien-être des jeunes mères et de leurs nouveaux nés. Tout est mis en place pour respecter les demandes des parents tout en gardant la sécurité d'un milieu médicalisé. C'est mon rêve d'exercer mon métier dans ce genre d'endroit. En plus au lieu de travailler en vacation de douze heures on travaille neuf heures sur quatre jours, coupés par quatre jours de repos. C'est basé sur les trois/huit des usines mais avec une demi-heure de transmission en début et en fin de service comprise dans la garde. Parce qu'en plus de choyer les patientes le pôle mère-enfant prend soin de son personnel.

      Cet hôpital est excentré de l'agglomération principale de ma région mais il a l'avantage d'offrir à une population isolée un lieu de soin sans avoir à faire 50 kilomètres ou plus pour se faire soigner. Outre le pôle mère-enfant, il y a un service d'urgence, un service de radiographie, échographie et scanner et deux services de médecine générale. Des médecins spécialisés y sont dépêchés de l'hôpital universitaire un ou deux jours par semaine pour y effectuer consultations et opérations.

     Ensuite il ne me restera que le stage en réa-néonat entre juin et juillet.

     Sabrina a prévu de me retrouver chez moi pour qu'on se prépare ensemble. Nous ne nous sommes pas vu depuis plus de 15 jours, ça commence à être vraiment long. Elle est déjà là et me tourne le dos alors que je débouche au coin de la rue. Prise d'une joie toute juvénile je cours et lui saute littéralement sur le dos. Ados elle me faisait constamment le coup. Ma petite poupée blonde pouffe de rire en me disant que je suis trop lourde pour ce genre de blague et ça me fait marrer encore plus parce que ce stage, de part son intensité et ses horaires, m'a fait perdre 2 ou 3 kilos que je n'avais malheureusement pas en trop.

     — Alors, ma belle, contente ? me demande-t-elle tandis que nous montons à l'étage bras dessus, bras dessous.

     — Ouais, j'ai eu de supers appréciations.

     — C'est cool ! Et du coup, tu vas prendre un logement sur place pour ton prochain stage ?

     C'est vrai que j'y avais songé un temps mais la réalité financière m'a rattrapé.

     — Non je vais faire la route, je sais que ça va être épuisant mais j'ai un logement gratuit ici et si je loue un truc même pour un mois je vais y laisser tout mon fric. Par contre je prendrais une chambre de temps en temps pour me soulager.

    J'aurais aussi pu demander de l'aide à ma mère, je sais qu'elle aurait accepté. Matt et elle m'ont souvent proposé leur soutien mais je vis déjà gratuitement chez elle et à ma majorité elle m'a donné une part des économies que mon père avait fait sur notre dos. Après avoir passer mon permis et m'être acheté une voiture, le peu qu'il me reste ainsi que ma bourse me servent pour mes études. D'autant plus qu'avec mes horaires lors des semaines de stages il est difficile de trouver le moindre job, hormis un peu de baby-sitting. Bon, je me dis que sans les contraintes d'un boulot j'ai plus de temps pour étudier.

     Nos pas nous ont menés jusqu'à la cuisine où je sors les crudités et le plateau de charcuterie et de fromage que j'ai préparé hier soir. On grignote en avalant un ou deux verres et en rattrapant quinze jours de confidences. Lorsque nous montons nous préparer je sais tout des traumas qui ont émaillés le service de mon amie, des petites histoires de ses collègues, de ses prises de bec avec Fred et même de leurs réconciliations sur l'oreiller. J'ai aussi droit à des nouvelles de ses frères et de ses parents. Sabrina parle beaucoup et relativement vite, ça m'a toujours arrangé moi qui préfère rester en retrait. Si je ne raconte rien et que je ne me fais pas remarquer les gens n'ont pas d'emprise sur moi et puis je suis une fille plutôt lisse, ma vie est loin de ressembler à un feuilleton mêlant drame et histoire de cul. Mon amie m'a toujours poussé à m'ouvrir, c'est grâce à elle que j'ai compris qu'il y avait des personnes en qui je pouvais avoir confiance. Et elle est celle en qui j'ai le plus confiance alors après quelques anecdotes sur mon boulot et ma famille, je réponds à ses questions sur le sujet que j'ai jusque-là évité : mon correspondant anonyme.

Mon voisin De NumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant