Chapitre 22

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LÉANA

     Raphaël m'a appelé vendredi soir et je dois bien avouer qu'il a une nouvelle fois enterré mon rendez-vous avec Mathis dans les confins de mon cerveau.

     La semaine dernière il était normal que je sois bouleversée. L'annonce du décès de Mamou m'a chamboulé au point de reléguer mon rendez-vous avec Mathis au second plan mais cette semaine il n'y avait pas de raison d'autant plus que ma soirée avait été pratiquement parfaite.

     Nous nous sommes rejoint à dix-neuf heures devant le restaurant, il portait par dessus une chemise blanche, ce blouson en cuir qui lui donne une allure de mauvais garçon endimanché alors que j'avais fait l'effort, malgré le froid, de porter une robe qui s'arrêtait au dessus des genoux. Dès que j'ai été à sa hauteur il a passé un bras ferme autour de ma taille et ses lèvres se sont collées doucement aux miennes. C'était chaud, tendre, avec un léger goût mentholé. Bien qu'on ait surtout parlé de l'hôpital la soirée fut agréable. J'ai apprécié sa présence, le contact de nos doigts qui se mêlaient parfois sur la nappe blanche, le goût de ses lèvres et aussi celui de sa langue quand elle est venue au contact de la mienne lorsqu'il m'a ramené au pied de l'appartement de Safia. Le goût de menthe avait disparu au profit d'un mélange capiteux composé de vin, de café et... de chocolat. Un mélange aussi enivrant que l'homme qui me pressait contre lui.

     Ce baiser, tendre et délicat au début, s'est peu à peu enflammé me faisant même hésiter à le faire monter. Ma colocataire travaillant de nuit nous aurions eu l'intimité nécessaire mais, moi, je devais me lever à quatre heures le lendemain et pour être honnête je n'étais pas encore prête à aller plus loin. Depuis Ryan je n'avais pas eu de relations sexuelles. Alors après quelques baisers, le sourire scotché aux lèvres, je l'ai laissé pour profiter de quelques douces heures de sommeil. Je flottais sur un nuage en imaginant déjà la suite de notre histoire naissante. Mathis a tout ce que je n'ai jamais espéré trouver chez un homme. Il est charmant, respectueux, intelligent, gentil et ayant un métier dans la même branche que moi, il me comprendra mieux qu'un autre quelque soit le sujet que nous aborderons.

     Je refermais la porte, clôturant par la même cette soirée, qu'une sonnerie m'obligea à fouiller, toujours souriante, le fond de mon sac pour en extraire mon portable. À ce moment là je pensais à Mathis, ça ne pouvait être que lui. Peut-être qu'il renouvelait ses remerciements pour cette excellente soirée ? Où peut-être m'avouait-il que je lui manquais déjà ? Il ne pourrait pas mieux conclure cette soirée.

     Mais je n'étais pas l'héroïne d'une comédie hollywoodienne et mon prince avait sûrement déjà rejoint son domicile.

     Malgré mes attentes un peu fleur bleue aucune déception n'est venue ternir ma bonne humeur. C'était un message de Raphaël.

     Je ne l'avais pas eu au téléphone depuis mardi et je voulais de ses nouvelles alors je l'ai rappelé immédiatement enclenchant le haut-parleur pour pouvoir me préparer pour la nuit. Un verre d'eau avalé, mes vêtements jetés dans le panier à linge sale, mon pyjama en satin enfilé, un démaquillage en règle effectué et je me pelotonnais sous ma couette avant la fin de notre conversation. Le sommeil s'infiltrant en moi, bercé par la douce intonation de sa voix.

     Ma soirée avec Mathis enfouie loin dans les méandres de mon esprit.

     Aujourd'hui est un autre jour et il me faut me concentrer sur ma dernière journée de travail de la semaine et c'est aussi la dernière fois que je vois mon p'tit loup. C'est le surnom que j'ai donné au petit garçon né sous X. Il sera en pouponnière dès lundi alors quand je ne suis pas occupée ailleurs je suis à la nurserie à le cajoler et à lui parler. Je prends sur moi mais ça me fend le cœur qu'un si petit être se retrouve seul pour démarrer dans la vie.

Mon voisin De NumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant