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Papa, 22h07 : Dsl pour le message tardif mais je suis allé voir ta mère ajd et je pense que ce serait bien que tu viennes la voir. Je veux pas t'inquiéter, on en parlera demain, on se voit à l'hôpital vers 10h. Bonne soirée.

Maxence avait les yeux posés sur l'écran lumineux; il scrutait inlassablement le SMS depuis quelques secondes, s'éloignant petit à petit du brouhaha constant qui régnait dans la petite chambre. Les phrases s'incrustaient dans son esprit en une succession de mots incompréhensibles et il sentit les effets euphoriques de l'alcool s'estomper pour ne laisser place qu'à une sourde angoisse. Son cœur s'emballa et, manquant d'air, il se dirigea précipitamment vers la sortie de la chambre. Le silence reposant du couloir l'enveloppa et il sentit ses jambes se dérober, il s'adossa donc doucement contre le mur et, ne supportant plus son propre poids, il se laissa tomber lourdement au sol en soupirant.

Il inspira profondément, tentant de reprendre une respiration à peu près normale, mais, submergé par cette sensation de mal être, ce poids insupportable qui pesait sur ses épaules depuis des semaines, il enfouit sa tête entre ses mains, luttant contre les larmes qui perlaient au coin de ses yeux sombres.

Valentin avait suivi des yeux la course effrénée du brun et il s'était dirigé à son tour vers le couloir, sans bruit, n'osant pas briser le silence rassurant dans lequel il s'était muré. Lorsqu'il aperçut la forme recroquevillée dans la pénombre, il s'immobilisa quelques instants, ne sachant pas quelle posture adopter. Finalement, il s'approcha lentement et demanda, d'une voix qui se voulait rassurante :

-"Ça va Maxence?", Il s'approcha encore un peu plus et se laissa choir à son tour à côté du corps inanimé, "Tu te sens pas bien?"

Le photographe leva lentement la tête vers la voix du rider et passa la main sur son visage, récoltant quelques gouttes salées au creux de ses paupières rougies.

-"Qu'est-ce que tu veux ?"

-« Je t'ai vu partir, je voulais vérifier que tu allais bien »

Surpris par le regard sincère du brun, Maxence se détendit et, dans un souffle, répondit « Tout va bien ne t'en fais pas »

-"Je suis pas un expert, mais ça a quand même pas l'air d'aller tu sais" ajouta Valentin avec un petit sourire triste.

Maxence pouffa doucement et remonta la manche de sa chemise, nerveusement.

-"C'est pas important, juste un problème familial, rien de grave"

Valentin observa le profil du brun, ses longs cils clairsemés de pépites transparentes, sa bouche frémissant encore un peu sous le coup de l'émotion et il posa lentement sa main sur son épaule. Puis, il bafouilla timidement :

-"Tu sais j'ai pas l'habitude de dire ça, mais si jamais euh.. Enfin si un jour t'as besoin de... Si tu veux euh..."

Une lumière ainsi qu'une forte musique se firent entendre et la tête d'Axel dépassa de la porte, ricanant bêtement. Il se figea lorsqu'il aperçut les deux silhouettes, puis s'approcha rapidement.

-"Tu fais quoi Valentin en fait?"

Valentin sauta sur ses jambes, comme s'il venait de se faire mordre, tira sur sa chemise, l'épousseta et fixa ses pieds. Puis, reprenant ses esprits, il afficha un rictus nerveux sur ses lèvres et répondit lentement, tout en se dirigeant vers la porte :

-"Rien du tout, je vérifiai que Maxence n'allait pas vomir dans le couloir, il a l'air fragile. Mais c'est bon, fausse alerte"

Maxence se tourna vers Valentin et planta ses yeux dans les prunelles claires quelques secondes. Il détourna ensuite le regard et répondit, dédaigneusement :

-"Ouais, fausse alerte" Un sourire méprisant se dessina sur son visage, "Tout va très bien. Sers-moi un autre verre Axel, s'il te plait"

Jeu InconscientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant