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10h02.

Maxence marchait tout en observant distraitement l'horloge digitale de son téléphone et il accéléra le pas en apercevant la devanture tout à fait banale de la clinique.

Pourtant un détail attira son attention et il stoppa soudainement ses pas pour observer la personne qui poussait les portes vitrées de l'hôpital. Il observa les épaules baissées, la chemise ouverte sur un t-shirt gris trop grand et plissé et il aperçut les mains remettre délicatement en place la casquette sur les cheveux rebelles. Il étudia les yeux bleus vérifier que personne ne se trouvait sur son chemin et il l'observa finalement s'éloigner rapidement de l'institut, de sa démarche habituelle.

Le brun était surpris de croiser Valentin dans un endroit pareil; il avait beau chercher, il ne voyait rien qui aurait pu justifier sa présence dans cet endroit, surtout après la soirée arrosée et la nuit bien accompagnée qu'il avait dû passer. La vision du rider quittant la boîte au bras de la jolie brune vint s'immiscer dans son esprit et il la chassa en poussant à son tour les vitres transparentes.

Il s'approcha de l'accueil, reçut le numéro de chambre de sa mère et se précipita vers les couloirs blancs de l'hôpital. Il était en retard.

Lorsqu'il arriva devant la porte sombre de la chambre, il repéra son père qui faisait les cent pas, visiblement sous pression.

-"Ah Maxence t'es là! Tout va bien fiston?" Il posa sa main sur l'épaule de son fils.

-"Ça va Papa. Et Maman?"

-"Elle est fatiguée mais ça va. Tu peux rentrer vas-y"

Le brun toqua légèrement à la porte puis entra timidement dans la pièce. Il distingua au fond de la pièce, la silhouette allongée de sa mère et il s'approcha, pas à pas. Il observa ses yeux sombres, affaiblis, amenuisés par la chimiothérapie, la radiothérapie et tous ces traitements s'apparentant dangereusement à des poisons puis il murmura :

-"Bonjour Maman"

Dimanche 03 mars, 20h05.

Maxence patientait dans la petite cuisine commune de son immeuble, attendant sagement l'arrivée de Thomas. Ce dernier aurait déjà dû être là depuis 20 bonnes minutes mais le brun était trop loin dans ses pensées pour lui en tenir rigueur, et ce malgré les gargouillements incessants de son estomac. Il repensait à son après-midi; il était retourné voir sa mère à l'hôpital, elle lui avait parlé de la Colombie, montré les cartes postales que son frère avait envoyées. Ils avaient ri, vécu, comme si rien n'était venu entraver leur existence cinq ans plus tôt, comme si rien n'avait enrayé leur vie.

Mais à vrai dire, ce qui occupait le plus ces pensées c'était la personne qu'il avait de nouveau croisé à la sortie de la clinique. Valentin, son éternelle casquette vissée sur la tête, était passé à quelques mètres de lui sans le voir, visiblement inquiet.

Il comptait donc sur Thomas pour répondre à ses interrogations.

-"Alors le dragueur, on rêvasse?" La voix enjouée du rouquin retentit soudain, faisant naître un sourire sur les lèvres du brun.

-"Je pensais à toi justement boucle de cuivre" rétorqua Maxence, moqueur.

-"Je te manquai, je comprends" Ils se tirèrent la langue et Thomas se laissa lourdement tomber sur le tabouret à côté de Maxence.

-"T'arrive juste quand les pâtes sont cuites, encore un peu et je mangeai tout"

-"T'aurais pas osé faire ça, je meurs de faim, ma mère m'a fait de la soupe tout le week-end, j'ai failli pleurer" ajouta Thomas, se servant généreusement dans le plat de spaghettis. "Bon alors t'as fait quoi ce week-end, monsieur-je-drague-en-boîte?"

-"Oh pas grand-chose tu sais, j'ai fait des photos et j'ai fini un dossier pour la fac, rien d'excitant quoi. Et toi?"

Thomas n'eut pas le temps de répondre que la porte s'ouvrait une nouvelle fois, sur Valentin, un sourire scotché aux lèvres.

-"Salut, Thomas" Il se tourna ensuite vers Maxence et lui fit un petit signe de la main "Salut le photographe"

-"Salut mec" répondit Thomas en fourrant une énorme fourchette de pâtes dans sa bouche. Maxence quant à lui resta silencieux et observa Valentin s'approcher du petit frigo commun. "Alors t'as fait quoi ce week-end Val?"

Le rider s'approcha doucement de Maxence et le frôla imperceptiblement, puis ouvrit la bouche pour répondre au rouquin affamé :

-"Rien, j'étais chez des potes, on a fait des soirées, c'était méchant". Il fit un léger clin d'œil au brun et sortit de la cuisine, une boîte de sauce dans la main droite.

Maxence observa Thomas s'empiffrer allègrement et retint un sourire. Il prit une légère inspiration et posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis samedi.

-"Tu sais pourquoi Valentin va à l'hôpital toi?"

Le rouquin planta ses yeux clairs dans les siens et avala difficilement sa bouchée.

-"Comment ça il va à l'hôpital?"

-"Euh bah je sais pas, je l'ai croisé ce week-end, je me suis dit que tu savais sûrement"

Thomas se gratta la tête, surpris.

-"T'es sûr que c'était lui? Il m'a jamais parlé de ça, puis tu l'as entendu, il était chez des potes tout le week-end, ça m'étonnerait qu'il ait pris le temps d'aller à l'hosto, entre deux cuites"

-"Euh ouais, t'as sûrement raison, j'ai dû confondre" il attrapa à son tour le plat de spaghettis, "Bon appétit débile"

Décidément,Valentin était plein de mystères. Mais après tout, il n'en avait rien à faire,le brun aux yeux bleu était détestable et il n'avait aucune envie de l'aider,ou d'en apprendre plus sur lui. Absolument aucune envie. 

Jeu InconscientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant