Les raisons pour lesquelles je te hais

6 - "Pas de chance avec la radio ?"

Bellamy ne comprend pas exactement ce que Sybel lui fait, mais il ne s'est jamais senti aussi bien de sa vie.

Mais le fait est qu'il ne veut pas se sentir bien. Il veut retourner à l'époque où il se sentait plus bas que terre. À l'époque où il était trop en colère contre Clarke pour ressentir la profondeur de son amour pour elle.

Mais il ne peut pas. C'est ce qu'il réalise la première fois qu'il glisse au milieu du lit pour la prendre dans ses bras avant même qu'ils ne s'endorment.

Le Bellamy du passé, le Bellamy triste et en colère n'aurait jamais fait ça. Le Bellamy du passé compterait les raisons pour lesquelles il devrait en vouloir à Clarke pour toujours et rester sur le bord du lit, ne pas toucher, ne pas regarder, ignorer sa présence derrière lui.

Seul le Bellamy ensommeillé peut faire ça, seulement lui peut montrer sa faiblesse pour elle. Seulement lui peut la vouloir, peut avoir besoin d'elle. Seul le Bellamy endormi a le droit de la tenir entre ses bras et de sentir son cœur battre contre sa cage thoracique, d'entendre son souffle et de sentir son corps peser sur lui tandis qu'elle dort.

Alors, pourquoi ça fait autant de bien ? Ça ne devrait pas sembler aussi juste. Ça devrait faire mal comme une trahison. Une trahison envers lui-même.

Ce n'est pas le cas, purement et simplement. Il devine que c'est ce que quatre semaines de vie avec la sorcière de Sanctum lui font... À eux. Quatre semaines de travail sur la gestion de sa colère à chaque corvée que Sybel lui donne. Quatre semaines de regrets qu'il place dans chaque tâche physique qu'il accomplit. Quatre semaines à éprouver son corps jusqu'à épuisement. Quatre semaines qu'il travaille sur sa relation avec Clarke.

Il sait qu'il n'ont pas l'air d'y travailler. Ils parlent à peine, mais même sans cela, Bellamy ne s'est jamais senti plus proche d'elle. Et pas seulement physiquement, dans ce lit, entre ses bras. Mais au quotidien aussi, grâce à toutes les petites choses qu'il apprend sur elle qui le font chavirer à chaque fois un peu plus.

Elle mange à peine le matin, et pas seulement parce que Sybel lui dit de ne pas le faire, mais aussi parce qu'elle n'a pas faim. Mais elle a l'habitude de boire un grand verre d'eau après s'être réveillée et elle l'aime glacé, ses lèvres laissant des empreintes sur l'humidité du verre lorsqu'elle a terminé. Elle bouge comme un diable quand elle essaie de s'endormir, mais quand elle est enfin sortie, elle ne bouge pas d'un pouce, comme une statue gelée à ses côtés.

Elle aime les couleurs des soleils couchants et la façon dont ils brillent à travers les feuilles. Elle dessine Madi quand sa fille lui manque et elle garde la bague de sa mère dans son sac, la prenant parfois dans sa paume lorsqu'elle pense que personne ne regarde. Elle fredonne quand elle cuisine, ce qu'elle aime faire. La fin de ses douches est toujours glacée. Il le sait parce que la salle de bain est remplie de brume chaude lorsqu'il prend son tour après elle, mais l'eau est toujours froide lorsqu'il ouvre le robinet.

Elle est silencieuse quand elle est fatiguée. Elle fronce les sourcils quand elle lit. Elle a sur le dos des cicatrices qu'il n'avait jamais vues jusqu'à présent. Parfois, elle jette un long regard triste vers lui lorsqu'elle pense qu'il est distrait par autre chose alors qu'il n'y a vraiment qu'elle dans son esprit.

Aujourd'hui, Sybel lui a donné un jour de congé. Apparemment, hier a été difficile. Il le sait, non pas parce qu'ils lui ont dit, mais parce qu'il est toujours là la nuit pour ramasser les morceaux. Et hier soir a été plus difficile que tout ce que Clarke a vécu depuis le début de leur séjour ici. La façon dont elle a sangloté contre sa poitrine après que son cauchemar l'ait réveillée le hantera jusqu'à ses derniers jours. Il ne se sent jamais aussi impuissant que lorsqu'elle se brise entre ses bras et qu'il ne sait pas s'il peut ou même doit faire quelque chose pour l'aider.