10 - "Pour vivre."

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Le premier soleil est déjà couché lorsque Bellamy, Clarke et Sybel arrivent à destination.

"Le camp de Gabriel ?" demande Bellamy, surpris de se trouver là une fois de plus. Il ne garde pas un bon souvenir de son dernier voyage ici. Bien sûr, c'est là qu'il a sauvé Clarke de Joséphine mais c'est aussi l'endroit où sa vie a basculé dans le chaos. L'endroit où sa sœur lui avait été enlevé et où ils avaient commencé à réaliser que l'Anomalie n'était pas seulement un blizzard vert menaçant.

"Je te l'ai dit", répond Sybel. "C'est le centre de la forêt et le point où toutes les énergies d'Alpha convergent. Ce n'est pas pour rien que les premiers Princeps(1), et Gabriel après eux, ont établi leur camp ici."

Pourtant, l'Anomalie n'existe plus. Du moins ici, sur cette planète. C'est l'accord que lui et Clarke ont passé avec Cadogan. Et la pierre de Sanctum est maintenant détruite et inutilisable. C'est la seule pensée qui apaise l'anxiété de Bellamy en ce moment.

"Il y a une deuxième tente derrière le laboratoire de Gabriel si vous voulez changer de décor, ce que je comprendrais."

"Oui, s'il vous plaît", souffle Clarke, qui ne peut presque plus marcher et appuie son poids sur Bellamy. "J'ai l'impression que ça fait des jours qu'on marche".

"Va te reposer là-bas", ordonne la sorcière. "Je serai juste derrière toi."

Bellamy laisse Sybel disparaître dans la tente de Gabriel et conduit Clarke lentement vers l'autre. Le décor est plus spartiate là-bas. Pas de tubes à essai, de dessins ou de cahiers remplis de l'écriture du généticien. Juste un lit de fortune, assez grand pour que deux personnes puissent y dormir, et un bureau vide sans chaise. Des lampes solaires sont suspendues au-dessus de leurs têtes, projetant une faible lueur autour d'eux.

Clarke s'assied sur le bord du lit et soupire, épuisée. Elle est prompte à saisir la gourde que Bellamy lui tend, prenant quelques gorgées d'eau avant de la lui rendre. Elle semble aussi incertaine que lui lorsqu'elle demande :

"Qu'est-ce qu'on va devoir faire à ton avis ?"

Il s'apprête à dire qu'il n'en a aucune idée, essayant d'alléger l'atmosphère lourde avec une mauvaise blague quand Sybel entre dans la tente et répond à sa place.

"Bellamy va peindre ces symboles sur ton corps pendant que je prierai à l'extérieur".

Elle pose un livre ouvert sur la table et pointe son doigt sur des dessins que Bellamy reconnaît immédiatement.

"Ce sont des symboles de l'Anomalie ?" demande Clarke, incertaine.

"Oui", déclare Bellamy.

Il avait passé des mois à les observer dans le froid d'Etherea, en les étudiant à partir du livre de Doucette. Et ensuite, sur Bardo, il avait passé des semaines à les analyser et à apprendre leur signification sous le règne de Cadogan. Il les connaît par cœur. Dire qu'ils hantent parfois ses rêves ne serait même pas exagéré.

Il ne se demande pas pourquoi ce qu'il a à peindre sont des symboles de l'Anomalie, cependant. Non, ce qui a retenu son attention, c'est qu'il doit les peindre sur le corps de Clarke. Il écoute attentivement les explications de Sybel, attendant le moment où elle expliquera ce qu'elle entend exactement par là.

"C'est compris ?" demande la sorcière après avoir détaillé chacun des symboles. Elle a posé un pot de peinture bleu foncé sur le bureau et un pinceau à côté, et Clarke les observe attentivement comme s'ils risquaient d'exploser d'un moment à l'autre.

"En fait, non", répond Bellamy. "Où dois-je peindre ces symboles exactement ? Sur les joues et le front de Clarke comme ils le faisaient sur le Bardo ? Sur son cou ? Ses mains ?"

Les raisons pour lesquelles je te haisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant