Chapitre 10

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     Malgré la lumière tamise de la cellule, je relevais lentement mon manteau afin de dévoiler et de constater l'état de mon ventre, après avoir été transpercé de part en part. Ma respiration sifflante se mêlait à celle de Gemma qui se reposait à l'autre bout de la cellule, dans les bras de son frère. Je n'avais pas trouvé le moment opportun pour examiner mes blessures récentes, mais l'instant était venu ; celui qui ne manquait pas de me faire chanceler. Cependant, je devais savoir, recueillir le moindre indice, dans le but de recouvrer de mes blessures et de retrouver la mémoire. Dans le silence grinçant, l'image d'un trou béant me vint dans mon imaginaire, une nausée me prit la gorge. Je fermais les yeux, les rouvrais et soufflais fébrilement, chassant ses idées noires. Je laissais glisser mes doigts boursouflés sous cet habit déchiré, effleurant une peau sèche et rêche. Je lève à trois. Un... Deux... Trois !

     Gasp !

     Un spasme me fit soudain sursauter lorsque je découvris la chose suivante :

     Une matière noire, reflétant la faible lumière environnante, des éclairs grisâtres criblaient ledit matériau. Froid et semblant solide comme la roche, je ne pouvais me tromper. Cependant, ma rationalité innée ne pouvait s'empêcher d'osciller. Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Merde... Vraiment, c'est quoi, je ne comprends pas. Haha ! Mon Dieu... Au secours ! Je ne comprends pas.

     Il fallait pourtant faire face à la vérité. J'avais mon hypothèse quant à la composition de cette matière. Je courbais mon majeur sur mon pouce de manière que les doigts formèrent un cercle. Je relâchais mon majeur sur la matière, mon ongle rencontra la surface dure, poreuse, froide et sombre. Pichenette ! Toc !

     Mi-cristallin, mi-rocailleux, voilà le son que pouvait produire un métal « quelconque ». Mon expérience chez le métallurgiste me le confirmait sans nul doute. Je tressaillais.

     Mais comment c'est possible ? Je rêve ? Biologiquement parlant ... Mais quand bien même ! Ça n'a juste pas de sens, ça dépasse l'humain à ce stade ! Je... comprends pas.

     Le constat était inimaginable, complètement irrationnel, sans logique, fantastiquement révulsant. En effet, un métal noir aux reflets argentés semblait avoir « comblé » ma blessure, ou tout du moins l'avoir recouverte. Rester lucide se présentait comme plus qu'ardu. Du métal aurait remplacé le travail de cicatrisation de mon corps : du métal, comme pour une armure ou une lame.

     Je pleure.

     J'ai les joues empourprées.

     Je panique.

     Penser.

     Je ne peux plus respirer.

     Je tombe, je m'évanouis.

     Des taches de couleur... Suis-je conscient ? Dans un environnement de blanc immaculé, des feux-follets flottaient dans ce néant de clarté. Les mystiques points tantôt froids tantôt chauds valsaient dans cet univers où seule la vue me permettait d'accéder à un tel espace. Ces couleurs se mouvaient dans cet infini, pour se rassembler, puis se coaguler. Les pigments éclatants devinrent gris puis noirs. Les centaines de taches se répandaient, jusqu'à former une...

     J'écarquillai les yeux dans la perpétuelle nuit noire, trop noire. Je ne discernais plus rien. J'étais aveuglé et les silhouettes autour de moi avaient laissé place au néant. Des petites lueurs multicolores traversaient et dansaient encore autour de mon champ de vision, comme pour me narguer. Dans un éclair de folie, je frappai violemment ma tête contre le sol poussiéreux de cette prison.

     Je sursautai. Qu'est-ce que je fous ? Fou, je deviens marteau !

     Était-ce donc ça une crise ? Que venais-je de vivre ? Je me souviens toujours des derniers évènements. Je suis sûr que lors d'un évanouissement, on ne peut voir de telles choses. Y a-t-il un lien avec...

Seul avec personneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant