Chapitre 12

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     « Salut les jeunes, je ne vous ai pas trop manqué ?

— Bonjour Eko, lui répondis-je, solennel.

— Bonjour, répétèrent Gemma et Bruno en chœur.

— La petite semble se porter mieux, mais cette blessure reste à surveiller, remarqua Eko.

— Oui... souffla Bruno.

— Ne te décourage pas, il y a des médecins à la Rosa. Pendant ce tournoi, essaye d'en trouver un. Cette blessure n'a pas reçu les soins nécessaires, et ce, depuis un certain moment désormais. Il faut prévenir une infection et voir si la cicatrisation se déroule correctement. Je suis désolé. »

     Le jeune homme grommela quelque chose d'incompréhensible. Le cocher me lança un regard et sourit :

     « On se bouge, aujourd'hui est un grand jour ! »

     Après être restés six jours cloitrés dans le noir quasiment total, nous sortîmes enfin à l'extérieur.

     Je pris une grande bouffée d'air avant de m'écrouler les genoux au sol. J'oubliai l'espace d'un instant les menottes qui me restreignaient, elles-mêmes liées au cocher par une corde qu'il tenait fermement. La sensation de l'herbe et de la nature m'avait franchement manqué, moi qui avais l'habitude de toujours être à l'extérieur quand je vivais en ermite. La brise légère effleurait ma peau d'une douceur indescriptible et les rayons chauds du soleil réconfortaient mon corps qui n'avait cessé d'être tourmenté dans le froid de la cellule. Je soufflais un bon coup, un peu rasséréné.

     Gemma quant à elle s'adonnait à admirer le paysage. Bruno observait tendrement sa petite sœur. Toutefois, la tranquillité de ce même endroit d'il y a une petite semaine laissait maintenant place à une grande foule venue admirer le spectacle. Nous marchâmes dans leur direction. Ils sont donc les fameux recruteurs... Ils s'agglutinaient devant des portes où la retransmission de l'évènement allait se dérouler, dans les bâtiments adjacents à la muraille de l'Arène.

     Alors que nous arrivions, beaucoup se retournèrent pour observer les prisonniers que nous étions, venir participer. Certains devinrent blêmes en nous voyant arriver. Un homme dans la cinquantaine poussa un hoquet surpris, ses yeux devenus vitreux se perdirent dans le vide. Un jeune garçon, dans un habit de soie teinté en bleu, se cacha derrière les jupons de sa mère, qui posait alors sa main protectrice sur sa tête. Ils nous connaissaient probablement des évènements survenus lors de la Justicia, là où l'Archevêque nous avait envoyé vers ce tournoi de la Rosa, sans raison bien valable.

     Sans se soucier des réactions choquées et piquées de curiosité des recruteurs et autres spectateurs, Eko nous invita à poursuivre notre route le long de la muraille. Durant ce trajet, nous ne manquions pas de faire tourner des têtes de curiosité, et ce, tout le long de la muraille. Tout se mettaient alors à murmurer sur notre compte, couvrant leurs bouches de leurs mains. Ces nombreuses personnes nous lançaient des regards noirs, ayant remarqué les menottes qui nous incombaient.

     Nous laissions l'attroupement de personnes derrière nous pour accéder à l'entrée des participants. Notre place n'était pas parmi ceux qui n'avaient plus qu'à s'assoir dans une salle chauffée pour profiter du spectacle. Confortablement installés, dans ces pièces tranquilles qui longeaient la muraille, ils pouvaient regarder les évènements de la Rosa grâce au système de "caméras" de l'Arène, système que Eko m'avait expliqué une longue semaine auparavant.

     Nous nous dirigeâmes ensuite vers une large et haute grille qui semblait donc être l'entrée de l'Arène. Les barreaux rouge cuivre de la herse brillaient sous les rayons du soleil. Une foule toute nouvelle s'était alors formée près de cette entrée principale. Je compris bien assez vite que ladite foule devait être un attroupement des familles et des amis des compétiteurs. Ils se rendaient ici pour souhaiter bonne chance une dernière fois à leur participant favori. N'empêche, on part pour deux longs mois dans cette machine bien huilée qu'est la Rosa.

Seul avec personneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant