Chapitre 11

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     Après m'avoir adressé un regard, le cocher porta son attention sur la route caillouteuse.

     « En amont du tournoi, tu es censé signer un document stipulant que tu es conscient de pouvoir te faire tuer. C'est barbare, de la folie pure et simple ! Cependant, la curiosité morbide de l'humain entraine de telles règles. Certains recherchent des profils d'assassins parmi les recruteurs.

— Très bien, soupirais-je, pensif, merci d'avoir répondu à mes interrogations... »

     Eko se racla la gorge et prit une voix mielleuse sur le ton de la plaisanterie :

     « Eh bien mon bonhomme, après ces ô multiples questions désormais répondues grâce à mes connaissances encyclopédiques, permets-moi de te poser une simple question à mon tour !

— Uhm oui, j'imagine... répondis-je un peu méfiant. »

     L'homme reprit sur un ton beaucoup plus sérieux. Le changement aussi brusque me parut bien étrange :

     « Le chevalier Aunin et ce vieux Wilhelm, c'est vraiment toi qui les as... ?

— Oui, je... je n'étais plus qu'à moitié conscient et une force mystique m'a poussé à... tout ça et je... »

     Une remontée gastrique me brûla la trachée, me retournant avec hâte, je contenais toute la bile du mieux que je le pouvais, retenant mon souffle. J'avais voulu paraître calme et assuré auprès d'Eko, j'en souffrais à présent. Quelques déglutitions après, je tournais de nouveau ma tête vers le cocher. Les yeux exorbités, haletant, un filet de bave coulait au coin de mes lèvres. Un frisson me traversa l'échine. J'ai peur, cet évènement...

     Comme s'il n'avait rien remarqué, Eko, neutre, répondit un simple « Je vois ».

     La voix rauque et un peu chevrotante, je demandais :

     « Eko ? »

     Je ne reçus pas de réponse.

     « Es-tu un cocher ou chevalier de la Grande Armée ? Qui es-tu réellement ? »

     Il y eut un instant d'à peine trois secondes qui me semblèrent durer une éternité et l'homme reprit sur un enjoué et comique :

     « Comment ? Désolé, je n'ai pas entendu ! On va être à la bourre à cause de toi mon gars, cette jeunesse je vous jure ! Je fonce et je dois me concentrer sur la route. Autant parler avec un mur si tu vois ce que je veux dire ! »

     Nous avions donc accéléré la cadence pour arriver à l'Arène. Il a évité ma question ou alors n'avait-elle pas un quelconque intérêt ? Si ça se trouve, il a juste deux boulots, est-ce si incompatible ? Je secouai vivement la tête. Repenser au combat contre les chevaliers me troublait fortement, je n'avais plus les idées claires. Lors de cette discussion, je m'étais senti à l'aise malgré ma médiocre sociabilité. Cependant, paradoxe étrange, je n'avais pas totalement confiance en cet Eko, quelque chose me chiffonnait sans avoir la moindre possibilité de le déterminer.

     Les informations représentaient la plus grande des clés, que cela ait été pour ma survie ou retrouver mon identité. J'en avais beaucoup appris sur la Rosa : un village dans lequel trois cents participants prouvaient leur valeur et mettaient en avant leurs compétences dans une « mini-société » à des recruteurs. Ces derniers pouvaient tout observer à travers des « écrans » par le biais d'oiseaux, « Experts » et « caméras ». La Rosa incombait alors tous les dangers possibles. L'évènement me semblait international – au vu de la surprise d'Eko quand il apprit que je ne connaissais pas ce tournoi – et se déroulait durant deux mois. Les places bien que nombreuses paraissaient très prisées, je pouvais en déduire que cet évènement ne se déroulait que de temps en temps.

Seul avec personneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant