Le corps comme réduit en miettes. Je ne pouvais décoller ma face du sol humide. Je haletais dans la pénombre, exténué.
Fronçant les sourcils, je me concentrais pour respirer plus lentement et calmer mon rythme cardiaque. Je tentais de vainement réprimer le mal de crâne qui bourdonnait. Heureusement, je savais que ce mal n'était pas lié à une crise. Je le ressentais.
Les "crises"... Je ne pouvais m'empêcher de me questionner quant à ce sujet, quelles en étaient les raisons, mais aussi les conséquences...
J'expirais bruyamment.
La "Rosa", ce dont l'Archevêque nous a parlé, qu'est-ce que c'est ?
Je manquais de peu de m'assoupir, lessivé, puis la curiosité raviva quelques braises de vie en moi. Je peux toujours demander aux deux autres prisonniers, les Folium. Ils sauront peut-être !
Trempé de sueur et les muscles ankylosés, je roulais sur le dos pour enfin m'assoir en tailleur. Les cheveux dans les yeux, je dégageais quelques mèches mouillées de mon front.
« Je...Je ne recherche pas les problèmes, éloignez-vous de moi et ma sœur !
— Quoi ?
— S'il vous plaît ! »
Qui ? Moi ? Comment ?
Dans un coin du cachot, assis en tailleur, Bruno tenait Gemma dans ses bras. Me toisant durement, il resserrait son étreinte autour de sa petite sœur. Cette dernière semblait s'être évanouie et son front avait été soigneusement enveloppé de morceaux de tissu - qui avait viré au pourpre - que le jeune homme avait déchirés de sa veste. La jeune fille, alors grièvement blessée, haletait dans son sommeil, souffrante.
« Comment ?
— Je vous demande de vous éloigner. Personne ne cherche de problème à personne, on reste dans son coin et on attend la suite. On fait comme ça, d'accord ? »
La voix à la fois tremblante et assurée, il semblait prêt à tout pour « protéger » sa sœur. Protéger ? De quoi devrait-il la protéger ? Enfin...
Je secouai la tête, sachant pertinemment que je me mentais à moi-même : il me redoutait, après avoir entendu ce qu'il était advenu des chevaliers contre lesquels je m'étais battu, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute. Toutefois je ne comprenais toujours pas comment j'avais pu prendre l'avantage lors d'une telle bataille. En considérant mon corps frêle, dénué de force physique véritable ainsi que d'endurance viable, ajouté à un manque complet d'expérience en termes de connaissances de combat, qu'il soit sur le plan théorique ou pratique, aucune raison ne justifiait d'avoir pu autant blesser les chevaliers. Un nouveau point d'ombre qui semblait néanmoins avoir un lien avec la fameuse « voix » ... Plus rien ne semble faire sens désormais, est-ce si pertinent que ça d'être rationnel, franchement ? Je serrai les dents, à tel point qu'on aurait presque pu les entendre crisser, frustré et surtout perdu.
Si j'avais bien suivi, les chevaliers n'avaient pas été tués, mais tout de même grièvement blessés. Cependant, je n'avais toujours pas appris ce qu'il m'était advenu après m'être fait transpercer de... part... en part.
En y repensant, je déglutis, une nausée me prit de court et je me retins de vomir. Paume plaquée contre ma bouche, je ne pus empêcher un liquide chaud de remonter de l'estomac à la trachée. La bouillie acide, reglissa ensuite dans le ventre. La gorge en feu, une sensation de chaleur me carbonisait de l'intérieur. Me sens pas bien...
J'agrippais mon manteau au niveau de ma poitrine. Mon cœur battait à cent à l'heure, mais rien n'y faisait : cette image, cette sensation...
![](https://img.wattpad.com/cover/284799968-288-k2095.jpg)
VOUS LISEZ
Seul avec personne
FantasyUn adolescent adopte le pseudonyme de X, croix qui symbolise une identité qui ne lui appartient plus. Retrouver ses souvenirs : tel est l'objectif de ce frêle garçon, bien que survivre tiendrait déjà du miracle...