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J'ouvrai la porte d'un grand coup, des larmes commençant déjà à couler le long de mes joues.

La mélodie s'arrêta et Kiel se leva, enchaînant les excuses et les mots et les excuses.

- Mon Dieu, Lyra ! Je suis désolé, oh si tu savais, je viens de lire et d'écouter tous tes messages et je n'ai même pas les mots pour te dire à quel point j'ai honte de ne pas avoir pu te donner de nouvelles, je vais tout t'expliquer rapidement et je t'en supplie ne t'enfuis pas, je suis sincèrement désolé et- Lyra !!

J'étais tombée sur le sol de la petite pièce, mes jambes ne pouvant plus supporter le poids de mon corps et de mon cœur, ainsi que le mélange de sentiments divers qui me traversaient à cet instant.

Kiel s'approcha immédiatement, mais je l'arrêtai d'un geste de la main. Je ne pouvais accepter son aide, car plus que tout, j'étais furieuse. En colère contre lui, contre moi, et contre tout l'univers.

C'était un genre de sentiment qui effaçait tous les autres.

J'étais heureuse de le voir, triste d'avoir dû supporter son absence, fâchée qu'il n'apparaisse que maintenant, et plein d'autres choses encore.

Je l'aimais.

Mais je ne pouvais accepter ce qu'il m'avait fait, sans en savoir le pourquoi du comment.

Je devais savoir.

- Va te f-faire voir, Kiel. Tu m'as ab-bandonné, et tu v-voudrais maintenant que je te s-saute dans les bras ? J-je suis à deux doigts de te f-foutre une baffe et de c-casser le piano, alors explique-moi vite, et c-clairement.

- Vite, clair ? D'accord. Je vais tout te raconter.

- Merci. Et ne f-fais pas attention à mes larmes, c'est l'émoti-tion.

Il inspira un grand coup, et se lâcha.

- Ma mère est morte en me faisant naître, mon père m'a abandonné dès que j'eus appris à marcher et ma tante m'a recueilli et élevé. Je suis monté seul en ville et pour gagner ma vie, je jouais chaque soir dans différents bars ou restaurants.

Il reposa sa voix, respirant à nouveau, et continua.

- Et puis un soir de février, alors que je faisais mes courses dans la supérette devant cette université, je t'ai bousculé. Le sentiment que j'ai alors ressenti en te voyant s'apparente à un coup de foudre. Tu étais belle, tu avais l'air froide et tu ne m'as même pas regardé. Mais aussitôt après, quand tu as croisé cet enfant qui pleurait, tu lui as pris la main et tu es allée à la caisse du magasin. Oui, c'est ça. C'est plutôt à ce moment-là, le coup de foudre. Bref. Ça m'a motivé à nouveau. Comme je voulais te retrouver, je me suis inscrit dans cette université, et j'ai repris les études. Deux semaines ont passé, et j'ai découvert cette salle. Alors je me suis mis à jouer du piano régulièrement, et c'est là que tu es entrée dans la pièce. La suite, tu la connais.

- Très bien. Ton histoire est b-belle, mais n'explique pas p-pourquoi tu es parti DEUX PUTAIN DE MOIS. Dépêche-toi, j'ai envie d-de t'enlacer.

- Oui, j'y viens. La raison est simple. Je me suis fait renverser par un camion dans une ville voisine et je suis entré dans un coma. Charmant, n'est ce pas ? Les docteurs m'ont assuré que malgré la longue durée de mon sommeil, il ne me restait aucune trace d'une quelconque séquelle. Il m'ont quand même gardé plus longtemps pour en être sûr, et m'ont laissé rentrer chez moi la semaine dernière. Je suis venu ici dès que j'ai pu.

- Tu es parfaitement pardonné, je suis vraiment heureuse de savoir que tu n'as rien. Mais dis-moi, tu as vraiment écouté tous mes messages ?

- Oui. Et moi aussi, je t'aime.

Il faisait voler les notesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant