CHAPITRE III: MA NAISSANCE

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Ça fait maintenant sept mois que ma mère me porte dans son ventre. Ses derniers mois n'ont vraiment pas été faciles pour elle. Elle a su être forte et courageuse pour en arriver là. L'accouchement se fera d'ici deux mois bien sûr selon les médecins. Qui sait? Ça arrive le plus souvent quand on s'y attend le moins.

Ma naissance était fatale pour ma mère car c'était un accouchement précoce. Je suis né avant terme, deux mois avant la date prévue (le 23/03/2001). Elle a failli faire une fausse couche mais par la grâce de Dieu, les médecins ont réussi à me sauver la vie. Elle était trop maladroite mais après tout elle se fiche complètement de ce qui grandit dans son ventre depuis des mois. Quand j'étais né, j'étais trop petit. Ma mamie croyait même que je n'allais pas survivre. Quant à ma mère, elle est restée deux semaines clouée sur un lit d'hôpital. Alkhamndoulillah ! Elle s'est rétablie plus vite qu'elle ne l'espérait. Elle devait certainement être heureuse de s'être débarrassée de moi.
À sa sortie, elle ne venait même pas me rendre visite. J'étais dans une couveuse, elle venait me voir juste pour m'allaiter, ce qui était une obligation à ses yeux. Ma grand-mère a beau essayé de lui parler mais elle ne voulait rien entendre me concernant. Elle était difficile à cerner. Tout ce qu'elle faisait pour moi c'était contre son grès. Elle était contrainte de le faire. Durant les deux mois que j'ai passé à l'hôpital, elle n'a pas changé son opinion en ce qui me concerne.
La seule chose qui l'intéressait était de reprendre ses cours mais c'était trop tard. Elle essayait sans relâche toutefois aucune école ne voulait l'accepter en plein milieu de l'année scolaire. Mais c'est trop petit pour qu'elle abandonne. La bonne nouvelle était qu'au mois de juillet elle pourra passer l'examen du baccalauréat. Ceci était dû au fait que son nom était déjà inscrit sur la liste des candidats sinon tous ces efforts ménagés n'auraient servi à rien. Absolument rien ! Mais elle ne pouvait pas continuer ses études dans son ancienne école. Elle a raté son premier semestre qui puisait beaucoup de devoirs.
Après ma sortie de l'hôpital, c'est ma mamie qui s'occupait de moi. Quant à ma mère, elle voulait me donner à un orphelinat. Cette décision a causé un conflit entre elle et grand-mère. Ma mamie ne voulait pas que quiconque de son sang soit abandonné comme s'il n'avait ne serait ce qu'un parent. Le choix était simple si elle me donnait à un orphelinat, elle était obligée de quitter la maison de ma grand-mère. Pour simplifier les choses, ma mamie a pris la responsabilité de s'occuper de moi comme ma mère aurait dû le faire. C'était difficile de comprendre ce que ressent ma mère mais on pouvait se permettre de la juger. Elle avait peut-être ses "raisons". Avoir un enfant c'est une bénédiction si j'en crois à ce que l'on raconte. Mais tout le monde ne pense pas comme ça. Y a des femmes qui tuent leur bébé dés sa naissance en l'enterrant vivant, d'autres avant sa naissance par avortement volontaire. Et si on n'arrive pas à le tuer, on doit le haïr. C'est la seule explication logique qui pouvait aider à comprendre les réactions de ma mère. C'est ma grand-mère qui faisait tout pour moi. Elle trouvait ça bien mieux que de me laisser entre les bras de ma mère. Elle, tout ce qui l'intéressait était comment faire pour remettre de l'ordre dans sa vie. Ma mamie ne lui en voulait pas parce qu'elle était jeune. Elle ne comprend pas ce que signifie la vie ou le destin. Mais aussi parce qu'elle n'a pas demandé à être mère durant cette période. Vu qu'elle ne pouvait pas retourner à l'école, elle suivait des cours à domicile. Tous ses efforts fournis c'était pour obtenir son baccalauréat à n'importe quel prix. Elle était une brillante élève, déterminée avec de la volonté pour réussir. Elle était renvoyée de l'école mais elle avait le droit de passer son examen et ça fait de ses droits en tant qu'élève inscrite ! Ce sera difficile parce qu'il ne lui reste plus que cinq mois pour réviser et c'est tout un programme qu'elle doit apprendre et d'autres parties qu'elle DOIT réapprendre. Elle suivait des cours en ligne, elle avait aussi reprit ses cours à domicile. Sans relâche, elle étudiait !
Quand arrivèrent les examens, elle les avait passé comme tous les autres élèves. Elle était épuisée quand elle revenait de son centre. Mais elle avait échoué. C'était pas évident car se mettre au même niveau que les élèves c'était un défi, un « challenge ». Elle a fourni autant d'efforts qu'elle en a pu mais elle n'a pas décroché son BAC. Sans tenir compte du fait qu'elle n'était pas au top de sa forme à cause des douleurs provoquées par l'accouchement. Elle n'était pas complètement rétablie. Mais le meilleur reste à venir ! Après tout ce qu'elle a traversé durant ces mois-ci, une bonne nouvelle allait frapper à sa porte. De ces nouvelles, ça fait longtemps qu'elle n'en avait pas entendu.

Deux mois plus tard, elle s'est mariée avec Abdoul. Un mariage vite fait ! Elle voulait faire les choses en "petit". C'était une promesse qui a été tenue. Ils se sont mariés dans la plus grande simplicité. Juste la famille, quelques amis et des connaissances. Elle qui rêvait toujours d'un mariage grandiose.. Après leur mariage, ils partirent vivre à Dakar. Ma mamie a tout fait pour retenir sa fille qui ne voulait rien entendre. C'était peine perdue. Elle voulait juste changer de vie, laisser toute cette histoire derrière elle. Et si possible recommencer une nouvelle vie. À cet époque, j'avais que sept mois et je n'étais pas dans mon état normal. Tonton Abdoul était resté neutre dans cette histoire. Il voulait juste soutenir sa femme. Toute façon c'est elle qui avait fait ce choix. Une semaine après son départ, ma mamie s'inquiétait pour mon état de santé qui empirait de jour en jour. Ma mère n'appelait même pas pour savoir comment j'allais. On peut croire qu'elle a refait sa vie.
Par la suite, grand-mère fut contrainte de me confier à une vieille connaissance qui travaillait dans un orphelinat. Elle n'avait pas le choix car elle n'avait pas assez d'argent pour assurer tous mes traitements. Au moins l'orphelinat disposait de moyens nécessaires pour me "sauver " la vie.
Elle venait me rendre visite à l'orphelinat presque tous les jours. Avec peu de chance, les choses commençaient à s'améliorer. Elle a voulu me récupérer à mes deux ans quand j'étais guéri mais par peur que je retombe malade; elle m'a laissé à l'orphelinat jusqu'à mes cinq ans. J'étais content quand j'ai su que j'allais enfin retourner au près de ma mamie. Je me souviens de ce jour comme si c'était hier.

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