Chapitre 002 (pj : Maria)

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Crédit : Artbreeder

—Bonjour ! s'exclame Maria. Je ne t'ai pas entendu te lever. Tu as bien dormi ?

—A vrai dire, pas super bien... dis-je en enlaçant Maria. Et toi, de ton côté, ta mémoire, du nouveau ?

—Rien de bien palpitant malheureusement. rétorque-t-elle, gênée en voyant ma déception. Tes parents me l'ont sûrement bloqué volontairement, je ne vois pas d'autres explications. ajoute-elle pour me remonter le moral, en vain.

—Mais pourquoi ils ont fait ça ?! Ils ne m'aident pas du tout...!

Je tire une chaise pour m'y affaler, face au tas de lettres, prêt à déborder de la table.

—Tu y arriveras. dit-elle d'un ton rassurant. Tu finiras par décrypter ma mémoire, tu es la meilleure dans ce domaine. ajoute-elle en désignant les tonnes de lettres face à elle. Et ce jour-là Danaé, tu auras toutes les réponses à tes questions, et puis, je suis sûre que ces cours à l'université vont t'aider à en apprendre davantage.

—J'espère que tu as raison... dis-je en soupirant et en faisant glisser entre mes doigts la lettre au symbole doré.

Ça fait déjà dix ans que j'ai commencé le décodage, mais jusque-là, sans résultat notable. Maria ne peut rien faire de plus qu'un contrôle technique de temps en temps pour repérer des anomalies. Seule une action extérieure à son processeur peut l'affecter. Elle reste malgré tout l'IA possédant la mémoire la plus développée au monde. Elle s'avance à ma hauteur pour saisir la lettre. D'un coup d'œil, elle la scanne pour l'analyser. Elle trouve finalement une correspondance et commence à réciter :

—Il y a cinq ans, un jeune homme du même âge que toi t'avait abordé avant la remise des prix du concours que tu as gagné. A ton retour, tu avais insisté sur son comportement étrange envers toi et tu m'avais confié une carte que tu avais trouvée. Je ne l'ai plus aujourd'hui mais, elle portait le même symbole, un "Z" majuscule inscrit dans un cercle.

—Oui, je m'en souviens maintenant ! dis-je en me levant d'un bond. Zentio ! Il s'appelait Zentio. Il m'avait posé tout un tas de questions sur toi et mes parents. Ce qui veut dire, ajoutais-je d'un air songeur en attrapant l'enveloppe, que cette lettre, c'est lui qui me l'a envoyé, il ne lâche pas l'affaire dis donc. Il n'a pas vraiment fait bonne impression. Juste un binoclard timide pas capable d'aligner deux phrases.

—Danaé ! s'exclame-t-elle, surprise par la vitesse à laquelle je lui arrache les mains. Tu n'es pas obligé de l'ouvrir tu sais ? Tu viens encore de le dire, il n'a pas fait bonne impression. A l'époque tu disais même qu'il avait l'air louche.

—Je sais mais, j'ai comme ... une intuition.

Hésitant quelques secondes avant de l'ouvrir, je déchire finalement le haut de l'enveloppe et en extrait le contenu. Un texte écrit à la main, de la même manière que mon adresse sur l'enveloppe dit :

"Chère Danaé,

Je suis un grand fan de ton travail, tu es un vrai génie. Mon rêve était de te rencontrer et je l'ai enfin réalisé il y a cinq ans. Depuis, j'ai fait quelques recherches sur toi. Ne t'inquiètes pas, tu n'as pas à avoir peur de moi. J'essaie juste de comprendre ce qui t'a conduit à ce talent. Après le concours, j'aurais aimé parler plus longtemps avec toi ; j'ai tellement de questions. Malgré mes recherches, ton bot, Maria c'est bien ça? reste encore un mystère pour moi. Elle est vraiment unique en son genre. J'ai aussi cru comprendre qu'elle s'était occupée de tes parents avant toi. T'es-tu déjà demandé ce que renfermait sa mémoire?"

Comment peut-il avoir autant d'informations sur moi ? Le concours a vraiment révélé autant de choses sur ma vie?

"Enfin bref, si tu lis ça, ça veut dire qu'on ne va pas tarder à se revoir. Tu n'as qu'à suivre le symbole et ton destin te sourira."

Maria est retournée dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Je la rejoins pour mettre la table. Zentio est vraiment bizarre. Et comment a-t-il obtenu toutes ces informations sur moi ou même mes parents. Enfin, il n'a quand même pas... j'espère pas.

—As-tu fait un contrôle de ton processeur récemment ? demandais-je en brisant le silence.

—Non. dit-elle sans quitter le réfrigérateur des yeux. Le dernier que j'ai fait date de plus de cinq ans en arrière.

—Donc, avant le concours c'est bien ça ? ajoutais-je en déposant deux assiettes sur la nappe blanche.

—Oui, je crois bien, mais qu'en penses- tu ? rétorque-t-elle en me tournant vers moi.

—Tu pourrais en refaire un tout de suite ? dis-je en me redressant.

—Bien sûr ... dit-elle d'un air de plus en plus intrigué.

Elle cesse donc ce qu'elle est en train de faire et entame le contrôle. De légers bruits de machines s'échappent de son torse alors que je prends le relais aux fourneaux. Je ne suis pas - mais vraiment pas doué avec un poêle et une spatule entre les mains, mais bon, ça ne doit pas être si terrible de faire cuire un oeuf pas vrai ? J'en attrape un dans la boîte que Maria a sorti à l'instant et je le casse dans la poêle. Jusque-là, tout va bien, mais la cuisson risque de me réserver des surprises. En attendant, je me retourne vers Maria. Son contrôle est alors terminé, elle se remet en route.

—Alors ? demandais-je impatiente de valider ma théorie.

—Il y a bien quelque chose. dit-elle un peu perplexe. Mais je ne comprends pas comment j'ai fait pour ne pas le remarquer avant...

—De quoi ?

—Ma mémoire a été fouillée le lendemain du concours. Si j'ai bien compris où tu veux en venir, ce n'est pas toi qui y serait entré n'est-ce-pas ?

—A vrai dire, je pensais que c'était le cas, car en rentrant d'Alandra, j'avais remarqué que ton cache était resté ouvert. Je me suis dit que j'avais dû oublier de le refermer après avoir enregistré les résultats du concours dans ta base de données. Maintenant que j'y pense, je n'ai jamais touché à ton processeur interne, seulement à l'accès rapide sur ton bras. dis-je d'un ton de plus en plus dur au fur et à mesure que je comprend la situation.

—Donc on sait maintenant comment Zentio a eu toutes ses informations sur toi. Il s'est contenté de lire ma mémoire.

—Comment ose-t-il ! C'est ça les "recherches" qu'il a faites sur moi ?! Il s'est introduit ici, il a copié ta mémoire et on ne le sait que cinq ans après ! m'énerve-je en frappant du poing sur le plan de travail.

—Il est doué, on lui doit bien ça. Mais il a une idée derrière la tête. A quoi ça rime tout ça...

—Et bien, on va vite le découvrir. dis-je, prise d'un élan de détermination mêlé à de la rage.

—Comment ? demande Maria.

—Je trouverais, et puis, après tout, peut-être qu'il a réussi à décoder ta mémoire, et que c'est ce qu'il veut dire par "ton destin te sourira" à la fin de sa lettre.

—Tu ne t'es jamais dit que si tes parents ont bloqué ma mémoire, c'est pour une bonne raison ? Comme pour ta sécurité, ou la leur ?

—Quoi ? Tu penses que ta mémoire garde un secret qui pourrait changer le monde ou le détruire s'il tombait entre de mauvaises mains. dis-je en ricanant.

—Ne rigole pas, c'est sérieux ! me gronde-t-elle.

—Ne t'inquiètes pas. Je vais retrouver Zentio. Et qu'il le veuille ou non, le forcer à me rendre ce qu'il nous a volé.

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