Chapitre 7

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Aussi surnommée Lihira la Grande ou la Grande Reine, Lihira de Moridiann était une Ancienne, Fille de Mhell, ayant régné entre 0 et 65 ap. AA. aux côté d'Amaril de Galiss et de Vestan d'Avalis. Elle fut pour beaucoup la reine la plus éminente du Grand Royaume.

Elle était par ailleurs reconnue comme une Enfant particulièrement puissante, son lien avec Mhell étant extrêmement étroit grâce au grand nombre de veillées qu'elle effectua tout le long de son règne. Certains affirment même que sa Marque recouvrait l'entier de son corps à l'exception de son visage.

Cercle des mémorialistes, La Lignée, 65 ap. AA

——

Balloté par les aspérités de la route, Reïs se tenait pourtant droit, assis depuis des heures et des heures dans ce carrosse. Le regard fuyant par la fenêtre à sa droite, se distrayant en regardant le paysage défiler, il s'était depuis longtemps habitué à ce sentiment nauséeux qui le prenait à la gorge à cause du cahotement. Tasus, assis en face de lui, était plongé dans un livre dont la magnifique couverture de cuir aurait probablement beaucoup plus à Lazius.

Traîné d'un bout à l'autre du royaume sur ordre de Silia, le jeune roi avait reçu la mission de « rassurer le peuple » quant à l'épidémie sévissant au nord du royaume, dans le domaine de la noble Maison Avalis et qui semblait se répandre sur le reste du territoire. Il allait donc, de ville en ville, rencontrant les membres des nobles Maisons qui ne vivaient pas à Nymbe mais sur leur propre domaine, assurant à tous ces gens que la Couronne les aiderait à traverser ces temps difficiles. Même si cela ressemblait plus à une excuse pour l'éloigner de la cour, Reïs avait su apprécier ces dernières semaines d'accalmie. Plus d'humiliations, plus de sermons, plus de malédictions jetées dans son dos, et surtout, il se trouvait loin de Lastel et de sa magie terrifiante.

Pensif, le regard perdu dans le vague, Reïs ressassait une conversation qu'il avait eue avec Lazius, quelques mois plus tôt. Lors d'un jour particulièrement calme, ils s'étaient retirés ensembles, dans les jardins, à l'abri sous la gloriette. Les fleurs les encerclaient, étalant leurs couleurs et leur parfum tout autour d'eux. Tandis que Lazius examinait avec attention l'une d'entre elle, un magnifique spécimen visiblement à son apogée qui déployait ses pétales dorées sous le soleil, Reïs se tenait assis sur le banc, le dos appuyé contre le dossier en bois, les yeux fermés. Au beau milieu de cet oasis enchanteur, le jeune roi semblait bien terne, comme s'il était souffrant. Le teint blême, les yeux cernés, il avait presque l'air d'un fantôme. Cependant, il affirmait aller bien, mais Lazius n'était pas dupe.

Lorsque ce dernier s'était retourné, un sourire s'étirait sur ses lèvres.

— Cet endroit est vraiment magnifique, s'était-il extasié, les yeux brillants d'émerveillement.

Mais lorsque son regard s'était posé sur son ami, son visage s'était assombri.

— Dis-moi ce qui ne va pas, avait-il finalement exigé, la voix adoucie par l'inquiétude.

Reïs avait ouvert un œil, observant le Gardien, se forçant à adopter une expression amusée.

— Tu donnes des ordres à ton roi toi maintenant ?

— Je suis sérieux. Je sais bien que ce n'est pas toujours facile pour toi de vivre ici. Mais il y a quelque chose d'autre, je le sais bien. En fait, cela fait des mois que j'essaie de comprendre.

A ces mots, le jeune roi s'était redressé, passant ses mains sur son visage. Lorsqu'il avait à nouveau jeté un regard à son ami et qu'il avait constaté que ce dernier n'avait pas bougé, bien décidé à obtenir une réponse, un long soupir avait franchi ses lèvres.

L'Écho des roisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant