Chapitre 1 : Le Geai

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   Les rayons du soleil traversent calmement les rideaux des chambres, déposant leur clarté sur les sols. Alors que la sonnerie retentit, dans le couloir de l'internat, les élèves commencent peu à peu à sortir de leurs lits. Au loin, j'entends quelques douches s'allumer et deux-trois rires retentir. Je garde les yeux clos, déjà réveillé depuis bien longtemps. Je souhaiterais pouvoir rester dans mon lit, blotti sous mes draps à continuer de penser à tout et à rien. Je commence les cours à dix heures et demi ce matin, ainsi que tous les mercredis qui suivront jusqu'à la fin de l'année. Je m'en réjouis d'ailleurs ; je vais pouvoir aller dessiner sous l'ombre du saule pleureur dans mon recoin préféré, mon refuge, mon cocon. Un petit coin que j'ai découvert il y a trois ans et dans lequel j'ai passé la majeure partie de mon temps libre depuis, à profiter de l'air pur et du chuchotement du vent caressant les feuilles des arbres. Je suis vite sorti de mes pensées par la voix endormie de Charlie dont l'ombre me recouvre à présent.

«-Eden... Je sais que tu es réveillé... Aller, tu devrais filer sous ton Papa Arbre avant que les nuages ne recouvrent le soleil...»

   Un sourire incontrôlé prend place sur mon visage. Charlie n'a jamais été du matin, mais en sachant que j'aurais du mal à me tirer du lit, iel a veillé à le faire à ma place. Je l'en remercie. Nous nous connaissons depuis le début du lycée, et avons rapidement forgé une précieuse amitié. Je tiens à Charlie comme à mes frères et sœurs.
   J'ouvre doucement les yeux, pouvant alors apercevoir un sourire ravi se dessiner sur ses lèvres sombres. Les yeux plissés de fatigue, iel prend soin d'emmêler mes cheveux avant de s'éloigner. Ma somnolence ne dure pas et je finis par me redresser dans un bâillement. Tout le monde a du mal à reprendre le rythme après les deux mois de vacances qui se sont écoulés et la fatigue est pesante. Enfin, pour moi les réveils matinaux aussi tôt ne changent pas grand-chose à ma routine. Je me prépare rapidement : prends une douche fraîche, enfile un large pantalon brun et une chemise blanc crème, attache mes mèches rousses en une queue de cheval aléatoire, me brosse les dents, et enfin, pose sur mon nez tacheté de rousseur mes lunettes. Mon regard s'attarde un moment sur mon reflet dans le miroir accroché dans mon armoire. Mes yeux verrons, assombris par de larges cernes, m'observent avec jugement et je finis par pousser un long soupir en refermant la porte pour éviter de trop réfléchir. Mes nuits sont longues quand l'insomnie me ronge, mes nuits sont longues quand le bruit de mes pensées m'assourdit. Et le matin je ne garde de ces nuits qu'une impression de lutte vaine contre moi-même, un combat perdu. Encore une fois, c'est Charlie qui vient dissiper mes réflexions en apparaissant devant moi, les yeux soulignés par un trait jaune et le cou agréablement parfumé. Un large sourire a cette fois pris place sur ses lèvres et je reconnais alors son air amusé et enjoué habituel. Je lui souris en retour et nous sortons de la chambre en saluant nos deux autres colocataires après nous être emparés de nos sacs de cours.

«-Bien dormi ? Je demande.
-Ça va, ça va... Ça fait seulement deux matins qu'on est là mais la sonnerie m'agace déjà...
-Bah, ça ne fait pas que deux matins si on prend en considération tous ceux de l'année passée et de l'année d'avant... Donc c'est normal...»

   Charlie évite de me demander comment j'ai dormi. À vrai dire iel ne le fait jamais car iel sait que la réponse ne sera jamais très positive.

«-Rappelle-moi à quelle heure tu commences ?
-Je crois que je commence à neuf heures... De toute manière tu me retrouves après en Histoire non ?
-Oui, ne t'inquiètes pas, je n'ai aucune intention de sécher le troisième jour de l'année...
-Je te connais Eden... Tu dis ça mais une fois bien installé dans ton parc avec ton carnet et tes crayons, tu ne vas pas voir le temps passer...»

   Je hausse les épaules, Charlie n'a pas tord, mais je ne mentais pas pour autant en disant que ce n'était pas dans mes objectifs de louper les cours. Sans que je n'aie pu m'y attendre, iel me tire le téléphone de la poche et s'en empare en ignorant mon petit cri de surprise. Iel prend de la distance et se penche dessus en pianotant je ne sais quoi. Rapidement, iel se retourne vers moi avec un large sourire satisfait.

☁️Constellations ~ Eden et Hojin☁️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant