CHAPITRE 1. 1 - Le test

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Je fixais ce bel inconnu dans la file de gauche à mon côté, brun, grand, sûrement pas beaucoup plus âgé que moi. Je détaillais intérieurement toutes les personnes autour de moi pour diminuer mon stress. Ma sœur juste derrière moi était livide, le stress la rongeait, son regard se perdait dans le vide. J’étais paralysée, je ne savais plus depuis combien de temps, j’étais ici. 

Notre destin allait changer, celui de toutes les personnes de ce monde qui était lui-même presque détruit. La fumée était d’ailleurs toujours omniprésente à nos côtés malgré la session des combats depuis plusieurs mois. 

L’inconnu fut appelé et je me retrouvais donc première de la file. Je pris une grande inspiration pour tenter d’atténuer le malaise que je ressentais, je n’avais jamais était aussi angoissée. D’habitude j’étais très calme et je ne stressais que très peu, mais là, je m’imaginais déjà le pire : être séparé de ma sœur était selon moi la pire chose qui pouvait arriver depuis la perte de nos parents il y a trois ans.  Je ne pouvais m’imaginer finir ma vie sans elle, ne plus jamais la voir, pouvoir la protéger de la cruauté et la stupidité des humains. J’avais non seulement peur de me retrouver chez les Prastas, mais encore plus qu’Astrid y soit envoyé sans moi, celle-ci était intelligente et avait toutes ses chances de rejoindre les Prostota mais elles étaient aussi agile (grâce à la danse) et répondait aux caractéristiques des Prastas. 

Je dus mettre fin à ces sinistres pensées lorsqu’une dame énonça dans le micro (pour au moins la deuxième fois vu le ton employé) “ Alix Flecher est appelé dans le bureau 102, veuillez vous y rendre immédiatement”. J’allais m’avancer vers la porte numérotée par le chiffre énoncée quand quelque chose me tira en arrière ou plutôt quelqu’un. 

C'était Astrid évidemment celle-ci était au bord des larmes et cela se voyait… elle me prit dans ses bras et retint un sanglot. Je lui chuchotai que tout irait bien et elle me dit dans l’oreille quelque chose que je ne pus entendre entièrement. Je reçus un coup de  matraque dans le ventre, je me retins de hurler de douleur. Je ne savais pas ce qui se passait. Deux gardes me tenaient fermement, ils nous avaient séparés, je la regardais pendant qu’on me tirait dans le fameux bureau. Qu’avait-elle voulu me dire ?  Etait-ce important ? Je n’en avais aucune idée tout ce que je me souviens d’avoir entendu ce sont des bruits de pas et des cris. 

La porte du bureau claqua et me ramena à la réalité ou plutôt hors de mes pensées. J’entendis le soldat la verrouiller. Je n’avais même pas remarqué que le dit “bureau” ressemblait davantage à un laboratoire de savant fou ou à la rigueur à un hôpital psychiatrique, du fait de la blanchitude du lieu (on peut le dire comme ça ?). La salle était vide, enfin aérée, mais pleines d’outils qui ressemblait à ceux de torture. Ils y avaient aussi des écrans qui ornaient les murs, je me voyais sous au moins 6 angles différents. Pas de doute, j'étais observée, je tentais de paraitre le plus détendu et calme possible. J’étais toutde même seule, qu’est-ce que je faisais là au juste ? Peut-être étaient-ils déjà entrain de débattre de mon sort après le spectacle qu’on venait de leur offrir. Malgré  que je sois mineure j’avais 17 ans et 1 an ce n’était rien pour le gouvernement, ils s’en fichaient de savoir si j’avais l’âge ou non de connaitre un châtiment. Malgré ses affreuses pensées je me demandais tout de même ce qu'était le test.

 J’avoue que je connaissais le gros de l’histoire, depuis le discours de la présidente, celle-ci nous avait expliqué que pour éviter les rébellions qui se multipliaient énormément, ils allaient séparer ceux qui avaient des personnalités et idéaux trop éloignés. Elle avait précisé que l’on passerait un test. En fonction des résultats de celui-ci un Patriam nous serait attribué. Au total il y en aurait trois, pour les trois types de personnalités dominantes : les Sastas, ce sont ceux des leaders, ceux qui y sont envoyés sont forts physiquement et mentalement, ils sont convaincus par leurs idées et sont déterminés. Les Prostota quant-à-eux sont l’élite de la science, ils sont intelligents et cultivés.  Pour finir le Patriam où personne ne veut être envoyés : les Prastas, ils sont doués de leurs mains, mais ne sont pas vraiment très intelligent et n’ont pas le lead dans le sang. 

Je me souviens d’Astrid et moi dans la salle commune de l’orphelinat devant le dernier écran miteux du quartier.  Nous voulions nous enfuir avec d’autres enfants lorsque la présidente mis fin à notre idée quelque peu farfelue en une seule phrase : 

“Tous ceux qui ne se rendront pas aux tests avant le dimanche seront exécutés sur la place publique.”

 Nous ne pouvions pas prendre ce risque, c’est pour cela que dès le lendemain, nous nous sommes rendus aux bureaux de tests. 

Cela faisait déjà cinq minutes que j’étais dans la salle, debout et que j’attendais. J’entendis la porte se déverrouiller puis s’ouvrir. Je me tournais donc de 90 degrés. Je me retrouvais face à un homme, la trentaine, je suppose, cheveux noirs rasés court, il mesurait au moins trois fois ma taille (bon ok, j’abuse, mais mon 1,58 m n’aide pas évidemment). Il portait une blouse d’un blanc douteux à croire qu’on opérait à cœur ouvert par ici ou qu’il y avait de l’urine partout. 

Il m’adressa un sourire (carrément flippant on ne va pas se mentir en plus il lui manquait des dents ! ), je n’avais qu’une seule idée… Courir ! Vite et loin d’ici je n’aurais sans doute pas de mal à semer le vieux, mais des gardes armés m’attendraient  sûrement à la sortie. Je ne voulais pas mettre en danger ma sœur qui était sûrement rentrée, elle aussi, depuis le temps. En plus il y avait la scène de tout à l’heure qui avait peut-être déjà des conséquences… Je fus donc résignée à écouter l’analyseur comme il venait de se présenter.

 Il se prénommait Docteur Borgia, le test consistait simplement à répondre à des questions sous un sérum de vérité. Il m’invita à m’asseoir dans le fauteuil au fond de la salle : on aurait dit ceux de tortures des documentaires sur la guerre que nous voyions en histoire il y a très peu de temps. Pour je ne sais quelles raisons je me retrouvais les mains attachées au siège, comme si j’allais m’enfuir en courant (j’avoue que l’idée m’avait traversé l’esprit, mais c’est tout).

Il mélangea deux fioles de produits : une verte et une bleue quasi fluorescente. Le mélange ne donnait pas envie et avait un goût quelque peu nauséabond, je sentis un frisson parcourir le long de mon corps lorsqu’il m’annonça que j’allais devoir boire la totalité du liquide. Je n’avais pas le choix… si j’espérais revoir ma sœur un jour je devais boire ce liquide plus que répugnant. Avant de me le donner, il pianota quelque choses sur son ordinateur.

Ce dernier approcha le sérum de ma bouche et je n’ai eue pas d’autre choix que de l’ouvrir en grand (comme il me l’avait demandé quelques secondes auparavant). Le liquide coula le long de ma gorge et je faillis le recracher, je ne saurais décrire le goût de cet affreux mélange, mais je pourrais vous dire que même pendant la guerre je n’eus gouté pire. Un énorme frisson me parcouru le corps, j’avais la sensation que mon sang s’était glacé.

Il me posa ensuite un casque rempli de dizaines d'électrons sur la tête, qu’il relia à un petit appareil lui-même relié à un écran. Imaginez-vous ma surprise lorsque que je vis ma dernière pensée s’affichait à l’écran. Voyant mon air étonné, il m’expliqua que cela lui permettrait de lire dans mes pensées ainsi même si je lui mentais il connaîtrait la vérité. Aussi, le gouvernement pourra repérer les rebelles m’a-t-il expliqué.

Il me posa des questions que je trouvais complètement insensées, voire débiles pour la plupart. Ma couleur préférée, l’heure à laquelle je me levais, mes types de pâtes préférés, mon objectif de vie, etc. Rien n'avait de sens à mes yeux, mais je tachais d'être la plus honnête possible.

Au bout d’une quinzaine de minutes (et une centaine de questions), il m’annonça que c’était suffisant, il me détacha et me demanda de suivre le garde qu’il venait d’appeler pour m’amener aux salles d’attente des résultats.

REBELS - tome 1 / Édité Où les histoires vivent. Découvrez maintenant