CHAPITRE 16 - Louise

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TW: HOMOPHOBIE

Je me sentais tellement mal. À la sortie des cours, personne du groupe n'osa parler. May, d'un naturel joyeux en toute circonstance, affichait un visage neutre. Marcus me serra dans ses bras. Il était, lui aussi, sous le choc et ne s'en remettait pas.

- Nous devons le sauver.

- On le lui a promis.

- J'ai peut-être une idée. Mais ce n'est pas sans risque...

- Dis nous Alix, me supplia May.

- Eh, bien comme vous l'avez vu à la télé, ils sont enfermés dans des cages cadenassées sur la place publique.

- Oui ?

- On pourra crocheter la serrure. Marcus sait comment faire.

- Comment tu sais que je sais ?

- Tu me l'as dit idiot...

- C'est vrai... Bon je pense y arriver, mais pour les gardes ? Et après ?

- Il y a donc 2 gardes aux deux entrées de la place. L'un de nous allumera un feu pour les forcer à quitter les lieux, il courra ensuite se réfugier dans la cabane pendant que Marcus crochètera les serrures. Nous aurons très peu de temps avant que d'autres gardes arrivent sur les lieux. J'aurais déjà vu Astrid et elle sera dans la cabane. Je trouverais un cheval pour transporter Eyden qui aura sûrement du mal à courir.

- Cela me va, conclut May.

- Moi aussi, ajouta Marcus.

- Laë ?

- Euh, oui, oui ça me va, répondit-elle distraitement.

Elle n'était pas très attentive. Je pensais sur le moment qu'elle était perturbée.

Tout était fixé. À minuit, je rejoindrais Astrid comme prévu. A 2 heures, nous passerons à l'attaque. Nos sacs étaient prêts. Nous avions des vivres pour plusieurs mois, des vêtements, matériels médicaux et armes. Nous découvrîment au local pas mal de choses utiles qu'avait déposé Eyden.

J'angoissais de ce dernier repas que j'allais devoir passer aux côtés de Monsieur Mauril avec qui je m'étais disputé. J'étais rentrée tôt ce jour-là, mes corvées s'étaient révélées simples. J'installais la table et préparais le repas. Je me servais également à nouveau aisément dans les placards, vivres ou vaisselles. Je pris une bonne douche chaude. Sûrement la dernière, pensais-je. Je pris le nécessaire de toilettes et des flacons pour y verser quelques produits de soin. Je glissais tout mon butin dans un sac cousu de chutes de tissus par May. Les sacs étaient largement spacieux et plus ou moins solides. Cela ferait l'affaire. Je posais le tout sur mon balcon en dessous d'une grande nappe.

Le repas arriva, j'avais la boule aux ventres. Monsieur Mauril mit les pieds sous la table à vingt heures pétantes dépêcha sa femme qui était encore à la douche. Ainsi je dû dîner avec un monsieur Mauril agacé et une madame Mauril à moitié habillée, les cheveux emmêlés. Comme à son habitude, celle- ci conta sa journée et monsieur critiquait tout ce qu'il entendait. Il se surprit même à dire tout haut un nouveau propos sexiste.

Environ au milieu du repas, l'écran sortit du plafond... La présentatrice habituelle apparue à l'écran, cette fois-ci il afficha le quartier des Prostota. C'était là où Astrid travaillait, je reconnus le bâtiment grâce à la description que celle-ci m'avait faite. La milice débarqua dans sa classe. Mon cœur s'arrêta de battre lorsque je la vis. Elle était assise au premier rang, un stylo à la main dans son uniforme marron. Un militaire appela une certaine Louise. Je retrouvais une respiration à peu près normale. La jeune fille à côté d'Astrid se leva et marcha dans leur direction. À mi-chemin, elle s'arrêta.

- Astrid, j'ai quelque chose à te dire, commença-t-elle.

Ma sœur hocha la tête les yeux remplis de larmes.

- Tu me plais...

- Comment ça ?

- Je t'aime Astrid, pas qu'en amitié.

- Tu sais bien que c'est impossible, ils te tueraient pour ça...

- Mais, je m'en fiche. Je t'aime Astrid et personne ne m'en empêchera.

- Madame Plaisuir, j'ai dû mal me faire comprendre. Vous êtes en état d'arrestation. Mains derrière la tête.

- Pour quelles raisons suis-je arrêtée, car j'aime une fille ? Eh bien je n'ai pas peur de le dire tout haut ! Que voulez-vous faire ? Me jeter dans l'arène et bien faites. Je sais que tous les Patriams doivent m'entendre en ce moment même et je sais également qu'ils me restent très peu de temps à vivre. Mais je désirerais que chacun réfléchisse à cette justice. Que chacun sache qui il est, quelles sont ses convictions mais, surtout. Craignez les gens qui vous font rentrer dans des cases et tuez, car vous aimez et souhaitez un monde juste. Ralliez la cause. Mourrez en hé-

Elle ne put finir sa phrase, le milicien venait de lui tirer une balle dans la tête. Elle gisait sur le sol, Astrid était à ses côtés, en larmes. Le milicien lui dit de s'écarter sinon il tirerait. Elle chuchotait à Louise que tout irait bien. La caméra devenait de plus en plus flou, la journaliste réclama de couper. On entendit un tir puis plus rien. L'écran était noir de nouveau... Astrid. Astrid ! ASTRID !

Je ravalais mes larmes, pinçant mes doigts pour être sûr que tout cela n'était pas un cauchemar. Pourtant, je sentais la douleur, les odeurs et j'avais le goût. C'était donc vrai. J'étais hors de moi. J'avais tout perdu. TOUT.

REBELS - tome 1 / Édité Où les histoires vivent. Découvrez maintenant