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ℒa jeune fille courait sans s'arrêter. Elle désirait fuir. Elle le devait. Comme un autre homme, des siècles bien avant elle, la blonde venait de découvrir l'effet du maléfice dont elle était la victime. Sur son passage, la nature se défraîchissait et les animaux mourraient. D'elle émanait désormais une puissante aura dévastatrice sans qu'elle puisse la contrôler. La jeune illusionniste se terra au fond de la forêt, réduisant les arbres à l'état sec et mort. Elle priait si fort pour ne croiser personne mais la seule vie humaine qu'elle avait prise contre sa volonté était déjà de trop.

La femme aux cheveux de blé pleurait sans pouvoir s'arrêter. Elle venait de passer trois nuits seule, dans la forêt. Ses vêtements étaient salles et abîmés, elle avait froid et n'avait rien mangé depuis son arrivée en ces lieux, pourtant elle n'avait pas la moindre sensation de famine. Sûrement l'immortalité, se disait-elle en se recroquevillant sur elle-même. Elle était seule et terrifiée, incapable de bouger, craignant d'ôter encore plus de vie qu'elle n'en avait déjà prise. Mais au bout d'un certain temps, elle entendu du bruit à quelques mètres derrière elle. La jeune femme se releva soudainement, voulant à tout prix éviter de tuer l'être vivant qui se rapprochait dangereusement. Mais, lorsque celui-ci fut visible pour la blonde, elle ne bougea plus.

Son regard ténébreux n'avait pas changé, si ce n'est qu'il semblait encore plus seul qu'avant leur rencontre. Elle s'était imaginée ce qu'il pouvait bien ressentir. Aujourd'hui elle le savait parfaitement. Et c'était bien pire que tout ce que l'on pouvait tenter d'imaginer. Elle ne souhaitait à personne de connaître ce mal qu'ils partageaient désormais. Cela lui rappela la pensée qu'elle avait eu à leur rencontre. Elle voulait être celle qu'il attendait, celle qui le comprendrait. Elle n'eut aucunement besoin de prononcer le moindre mots, il avait comprit avec le regard de la jeune femme, qu'il avait raison. Il aurait voulu avoir tort.

En un battement de cœur, elle se retrouvait dans ses bras. Elle pleurait. Il pleurait. Ils n'étaient plus seuls. Ensemble, ils ne l'avaient jamais été et ne le seraient jamais. Il s'effondrèrent tout deux sous le poids de l'émotion, genoux à terre. La jeune femme releva les yeux vers le noiraud, plongeant son regard émeraude brillant de larmes dans celui profondément noir de cette homme. Pourtant elle y voyait la lumière.

Mais c'était trop tôt.

« Mavis.»

Le mage prononça le prénom de la plus jeune comme s'il était la plus belle chose au monde, et, délicatement, il posa ses lèvres sur celle de la jeune femme. Surprise d'abord, elle lui rendit malgré tout son baiser, son cœur débordant trop de sentiments pour qu'elle réalise que c'était encore trop tôt, pour elle. Lorsqu'il rouvrit les yeux, le corps de Mavis avait perdu toute trace de vie.

Plus il accordait de la valeur à la vie, plus il la faisait disparaître.

De leur deux âmes, il était le seul à éprouver un amour totalement pur. Pourtant l'amour de la femme blonde pour le magicien était sincère et profond. Mais bien trop en contradiction avec le sentiment qu'elle avait. D'une certaine manière, l'homme qu'elle aimait était aussi celui qui l'avait mené à cette malédiction. Le paradoxe de cet amour l'avait tuée, elle, et lui, et bien il était de nouveau condamné à vivre pour l'éternité, seul.

L'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant