Un garçon comme un autre

Questions

La première semaine de leur amitié naissante fut très drôle.

Tout d'abord, leurs signes de tête cordiaux dans les couloirs en avait fait froncer les sourcils de plus d'un·e.

Lorsqu'ils étaient entrés dans la Grande Salle un soir côte à côte sans ce cracher dessus ni se lancer des regards noirs, leurs ami·e·s respectif·ve·s avaient semblé sur le point de s'évanouir.

Mais le summum semblait avoir été atteint lorsqu'Harry s'était assis à la même table que Malefoy et ses ami·e·s à la bibliothèque en le saluant avec un demi-sourire à son adresse. Hermione avait failli en lâcher ses livres par terre et le verni de Parkinson avait fait une grosse trace sur la table en dérapant.

Oh, non, ça n'avait pas été ça le plus incroyable !
Ce qui avait achevé les Gryffondor et Serpentard était probablement la discussion sympathique entre Harry et Malefoy, qui lui avait demandé ce qu'il avait répondu à la question 10 du devoir de DCFM, en toute curiosité et amitié. S'il avait été possible de s'étouffer de surprise, leurs ami·e·s seraient mort·e·s sur le coup.

Bien entendu, tout ceci avait engendré un bon milliard de questions des deux côtés, avec pour seules réponses "On n'est plus des gamins" et "Ben on se parle, quoi, c'est tout".

Ce que Ron, Hermione, Parkinson, Zabini et Nott ne savaient pas (comme aucune personne dans l'école), c'est que cela faisait une semaine, soit depuis le début de leur étrange amitié, que les deux garçons se rejoignaient le soir, dans la Salle sur Demande.

Parfois, ils ne savaient pas quoi se dire et restaient dans un silence cependant confortable, d'autres fois, ils perdaient la notion du temps tant ils étaient pris dans leurs discussions à propos des cours, d'eux et de leurs vies.

Cependant, un point n'avait toujours pas été éclairci pour Drago, et cela l'embêtait fortement. Parce que ce n'était pas vraiment important, mais pourquoi est-ce que Potter portait une brassière le jour où il l'avait trouvé dans les toilettes, ça il aurait bien voulu le savoir !

Potter était-il une fille ? Donc était-elle ? Non, impossible. Tout simplement im-po-ssible. Ou peut-être que si ? Ou alors il voulait devenir une fille ? Non, peu probable. Quoique. Le problème, c'était qu'une des deux solutions devait être la bonne. À moins que porter une brassière soit un défi avec ses ami·e·s. Peu probable aussi, au vu de l'état dans lequel était le jeune garçon à ce moment-là. Ou alors, c'était une illusion. On avait jeté un sortilège de Confusion à Drago. Mais quel intérêt à lui montrer Potter en brassière ? Absolument aucun. Donc ça ne pouvait pas être ça non plus. Ou peut-être que si ?

Le plus simple était certainement de demander au principal concerné, qui était affalé dans un canapé non loin du fauteuil où se trouvait le Serpentard. Mais lui demander quoi ? Non, c'était sûrement une mauvaise idée, vu comment il avait réagi dans les toilettes. Mais bon, Drago avait des question, il pouvait bien les poser ! Non, c'était une très mauvaise idée. C'était juste de la curiosité mal placée, et il ne voulait pas gâcher sa nouvelle amitié avec le Gryffondor. Si Potter voulait lui dire, il lui dirait. Sinon...et bien il n'aurait jamais le fin mot de l'histoire, et tant pis pour lui. Mais bon, quand même-

- Bon, Malefoy, tu vas me la poser ta question, un jour ?

Drago sursauta.

- Mais j'ai rien dit !

- Non, mais tu as fait.

Potter se redressa en soupirant.

- Ça fait dix fois que tu ouvres la bouche pour dire quelque chose avant de la refermer. Vas-y, au bout d'un moment !

- Je... Je ne voulais pas te poser de question.

Potter haussa un sourcil et Drago détourna la tête en rougissant.

- Oui, bon, d'accord., grommela-t-il.

- Si tes questions ou réflexions me gênent, me dérangent ou que je ne veux pas y répondre ou y réagir, je te le dirais.

- Je... Euh... Mais-

- Allez, crache le morceau.

- Je... Enfin... La dernière fois...pourquoi tu... Je veux dire... T'es une fille ?

Le Survivant resta de marbre mais Drago vit une lueur de douleur dans ses yeux, et il reprit précipitamment :

- Enfin, je veux dire... Je ne sais pas comment le dire, pardon... T'es une fille, tu étais une fille, tu veux devenir une fille ? T'as fait un pari ? Je... Pourquoi tu portais une brassière ? Et pourquoi tu pleurais ?

- Ça fait beaucoup de question, ça., fit remarquer Potter.

Drago fit une grimace d'excuse.

- On pourrait dire, même si ce n'est pas la bonne formulation, qu'effectivement, j'étais une fille.

Le Serpentard cligna des yeux.

- Comment ? Pourquoi ?

Harry eut un rire.

- J'ai été assigné fille à la naissance.

- Tu es trans ?

La question avait fusé, mais Drago s'en voulu aussitôt. Ce n'était pas ses affaires, enfin !

- Pardon, je ne voulais pas-

- Oui, je suis trans. Un mec trans.

Drago ne sut ouvrir la bouche que pour laisser passer un "Waw" ténu.

- Mais tout le monde le sait ?

- Non. Presque personne n'est au courant que je... Que je suis trans. Que je suis AFAB*. Assigné femme à la naissance.

- Mais...mais...

Le blond n'arrivait plus à penser de manière cohérente. Non pas que ça change quelque chose pour lui, il s'en fichait, Potter disait qu'il était un mec, il l'était, et voilà ! Non, le seul truc, c'est que ça changeait toute l'histoire ! Absolument tout !

- Je- Excuse-moi, mais personne n'est au courant ? Tu n'as pas dû changer de prénom ? Personne ne t'a jamais vu à poil ? Ou torse nu ? Mais si ! Le tournoi... Ta robe... On ne voyait...rien. Et même... On ne voit jamais rien. Je suis désolé, je... Je ne comprends pas comment il est possible que personne n'ait rien vu ni su... Je... Est-ce que tu voudrais bien m'expliquer ?

Potter eut un sourire.

- Si tu as vraiment la nuit à perdre et envie de détails gênants, je peux.

- Alors vas-y.

***************

1015 mots

*AFAB : Assigned Female At Birth = Assigné femme à la naissance, désigne les personnes ayant été désignée comme femelle/femme/fille de part leur organe génital (RIP les personnes intersexes, on pense à vous).

Publié le Mardi 17 Mai 2022 (Journée mondiale contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie (en gros, des LGBTQIAphobie, z'avez compris les bails quoi), quel timing, un pur hasard ! C'est faux, chut, laissez-moi vous faire croire que mon génie s'exprime même quand je ne lui demande rien)