Révélation

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Harry ne se souvint tout d'abord pas pour quelle raison son oreiller respirait et avait pour prénom Drago Malefoy. Puis il se remémora la soirée de la veille et rougit de honte.

Il avait pleuré. Devant Malefoy. Il lui avait raconté toutes ses peurs. Et il s'était fait consoler dans les bras du blond.

Sa raison lui criait de se dégager, mais qu'est-ce qu'il était bien, là...

Ça sentait bon la vanille et la framboise, en plus.

Oui, décidément, il allait rester là. Oui. Il était bien dans les bras de Drago, très bien même. Il se pelotonna un peu plus contre le garçon et se fit la réflexion qu'il ressemblait probablement plus à un petit enfant en manque d'affection qu'à un mec de 18 ans sauveur du monde magique. Puis il se dit qu'il s'en fichait comme de son premier cours de Divination.

Parce qu'il était avec Drago, et il aimait bien être avec Drago. Il avait appris à le connaître, et il s'était rendu compte qu'il s'était fourvoyé sur le Serpentard. Son amitié avec Malefoy était...nouvelle et géniale. Ils étaient si complices ! Si bien dans les silences des soirs qu'ils passaient ensemble, si bien lors de leurs discussions, et même dans leurs disputes. Il aimait bien le Drago Malefoy qu'il avait découvert.

Il aimait bien quand le coin de ses lèvres se soulevait légèrement parce qu'il réprimait encore ses sourires.

Il aimait bien ses sourires, les vrais, ceux qui faisaient apparaître de petites rides au coin de ses yeux, et des fossettes absolument adorables.

Il les aimait d'autant plus parce qu'ils étaient rares.

Et il aimait ses fascinants yeux gris qui pouvaient exprimer autre chose que du mépris et une froideur continuelle.

Aussi, il aimait bien cette manière qu'il avait de se mordre la lèvre inférieure quand quelque chose le tracassait ou quand il était perdu dans ses pensées.

Et il adorait son rire. La première fois qu'il l'avait entendu, il en avait tellement été sidéré qu'il était resté figé, les yeux ronds comme un hibou.

Il aimait beaucoup ce rire, surtout qu'il n'avait lieu que lorsqu'ils étaient tous les deux.

Et puis cette odeur de vanille et de framboise, c'était...vraiment trop bon. C'était une odeur qui lui donnait envie de sourire pour rien, de s'allonger, de fermer les yeux et de ne plus rien faire. Un peu comme quand il l'avait sentie durant tout le cours de Potions de la semaine précédente sur l'Amortentia.

Oui, c'était exactement la même odeur et la même sensation et-

Par le string de Merlin ! Tu te sers de tes neurones des fois ?

Oh non. Oh non non non.

Harry se redressa brusquement et rejeta la couverture.

Non.

Il ne pouvait pas, il ne pouvait tout simplement pas être tombé amoureux de Malefoy.

- Hé Potter, ça va ?, demanda une voix inquiète alors qu'une paire d'yeux gris à couper le souffle entrait dans son champ de vision.

Ah bah si, il pouvait.

Il se sentit rougir et bafouilla quelque chose d'incompréhensible.

- Potter ?

- Je- Oui, ça va, t'inquiète.

- T'as encore paniqué ?

- Euh... Oui, c'est ça. Enfin, pas pour ce dont on a parlé hier, mais, euh...j'ai fait un cauchemar. Rien de grave, ça arrive souvent.

- Mouais. J'suis pas convaincu mais OK. On va petit-déjeuner ?

- Ou-Ouais. Laisse-moi juste me changer et tout.

- Ah oui, bien sûr, il faudra que je le fasse aussi en plus. Tiens, vas-y en premier.

- OK. Je fais vite.

- T'inquiète.

Harry se barricada dans la salle de bain de la Salle sur Demande, alluma la douche, se déshabilla et s'adossa contre la paroi carrelée en se prenant la tête dans les mains.

Il ne pouvait pas. Il n'avait pas le droit... Im-po-ssible. Drago avait beau être OK avec sa...situation, ça ne voulait pas dire qu'il était OK pour relationner avec lui. Et puis, qui disait que Malefoy était gay, ou du moins autre chose qu'hétéro, ou tout simplement intéressé par lui ? Impossible. Ça ne pouvait pas lui arriver, ça ne pouvait pas !

Un sanglot lui échappa et à la seconde suivante, on toqua à la porte.

- Harry, ça va ?

- Ou-oui, ça va.

- T'es sûr ?

- Oui.

- Bon... OK. Tu peux me dire si ça ne va pas, tu sais ?

- Je... Oui. Merci.

Les pas s'éloignèrent, Harry éteignit l'eau et se rhabilla. Pourquoi se mettait-il dans tous ses états ? Un béguin, ça passait. Il pouvait passer à autre chose. Il le devait, il-

Strictement impossible.

Il n'avait aucun pouvoir sur l'arrêt de son cœur face à un Malefoy dont le front était plissé d'inquiétude. Aucun contrôle. Rien du tout.

- Tu veux un câlin ?, demanda le blond après s'être mordu la lèvre inférieure, faisant se liquéfier le cœur d'Harry.

- Je... Non, je- Enfin... Non, ça va aller, ça va aller.

Dans un haussement de sourcil typiquement Malefoyen, le Serpentard lui fit part de son scepticisme.

Il ne fallait pas qu'il lui fasse un câlin. Il ne fallait surtout pas car deux choses se produiraient : primo, il fondrait en larmes, et deuzio, il ne pourrait plus jamais accepter de ne pas vivre avec cette odeur et ce garçon, tout simplement.

Il ne fallait pas qu'il lui fasse un câlin, il ne fallait pas qu'il-

- En fait si, je veux bien.

Comme s'il avait fait des câlins toute sa vie, Drago le prit donc dans ses bras à peine l'autorisation donnée et le serra très fort contre lui. Et Harry ne put effectivement pas contrôler ses larmes, ni les battements frénétiques de son cœur, ni ses mains qui agrippaient le T-Shirt de Drago.

- Ça va aller, Potter. Je sais pas ce que c'était, mais ça va aller. Ça va bien se passer. L'opération, ta vie...ça va tout bien se passer. Je suis là si tu as besoin d'aide, ou quand tu veux même.

- M-merci... J-je suis désolé de pleurer comme ça.

- T'en fais pas, Potter. On a tous·tes pleuré au moins une fois dans notre vie.

Cette remarque tira un sourire à Harry, qui se dégagea à regret des bras réconfortants du blond.

- Allez, va à la douche. Il ne nous restera plus rien à manger sinon.

- D'accord.

Quelques minutes plus tard, ils entraient tous les deux dans la Grande Salle et, pris dans leur discussion, ils s'essayèrent tous les deux à la même table, celle des Gryffondor, où un silence de plus en plus épais s'installa pour ensuite gagner toute la salle.

Les deux garçons s'arrêtèrent un moment de discuter et, voyant que tout le monde les dévisageait, dans un ensemble parfait, ils haussèrent un sourcil façon Malefoy, se regardèrent et explosèrent de rire. Puis ils continuèrent leur discussion, lorsque leur fou rire le leur permettait, et se servirent à manger dans se soucier du silence ou des chuchotements dans leurs dos.

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1158 mots

Publié le Samedi 25 Juin 2022 (Journée de la fierté non-binaire héhé that's my day)

Un garçon comme un autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant