Un garçon comme un autre

Transition

Cela faisait maintenant deux mois qu'Harry avait repris espoir, et au cours de ces deux mois, alors que la reconstruction de Poudlard avançait à vive allure et que la vie reprenait, le Gryffondor avait vu de nombreux·ses spécialistes et avait déjà commencé les opérations et examens préliminaires à la phalloplastie* et la torsoplastie** en elles-même.

Ainsi, cela lui était arrivé de disparaître plusieurs jours de suite, inquiétant légèrement ses ami·e·s.
Mais il les avait rassuré·e·s en leur expliquant qu'il avait parfois besoin d'être seul. Seul Malefoy était au courant d'où il allait réellement.

Malefoy...

Étrange comme deux être auparavant profondément ennemis pouvaient devenir autant complices.

D'ailleurs, les deux concernés n'avaient pas encore bien compris comment cela était possible, mais ils adoraient leur amitié, les soirs passés à discuter jusqu'à pas d'heure, leurs disputes tout de même incessantes qui ne faisaient que renforcer leur lien, leur complicité grandissante...

Surtout, ce qu'Harry appréciait, c'était le comportement de Drago envers lui, qui n'avait pas changé pour une Mornille, mis à part la transformation de leur haine en amitié. Harry l'en remerciait, car beaucoup de gens auraient pu, si iels n'avaient pas fui à toutes jambes avant, avoir un comportement ou des regards différents et insistants à son égard.

Malefoy était fidèle à lui-même, et cela l'aidait, surtout dans les moments où son corps lui rappelait qu'il n'était pas comme les autres.
Comme ce soir-là.

- Salut, Potter.

- 'lut.

- Oula... Ça va pas ?

- Nan.

Avec le temps, Drago avait appris à reconnaître le "Nan" qui signifiait "Alerte, dysphorie de genre, trop grande réflexion, ma vie c'est de la merde", aussi eut-il le bon réflexe de ne pas demander pourquoi, puisque cela aurait été contre-productif pour Potter d'expliquer le pourquoi du comment sans y être préparé, et de dire à voix haute qu'il était différent.

Drago avait aussi appris aux côtés d'Harry qu'un·e ami·e présent·e seulement par la présence et non par les paroles était précieux·se, et que c'était ce dont le Gryffondor avait besoin dans ces moments-là.

Si Harry voulait parler, il le ferrait, sinon, et bien il ne le ferrait pas.
Et ce soir-là était apparemment un des rares soirs où Harry avait besoin de parler.

- Et si ça ne marche pas ?

Drago releva la tête, attentif.

- Quoi donc ?

- L'opération ? Imagine que ça ne marche pas ? Ou alors qu'il y a un problème ? Ou que tout le monde soit au courant ? Ou qu'iels ne veulent finalement plus ? Imagine que je doive rester comme ça toute ma vie ? Je ne pourrais jamais...jamais sortir avec quelqu'un·e. Personne ne voudra sortir avec...avec quelqu'un·e comme moi. Je n'ai pas le droit d'aimer... Si ça rate... Je... Je-

Drago ne laissa pas le Gryffondor finir sa phrase et fit une chose à laquelle il ne s'attendait pas lui-même : il prit son ami dans ses bras. D'abord surpris, Potter resta figé, puis sembla comprendre ce qui se passait et se laissa aller contre Drago.

- Ça va aller, Potter., dit le Serpentard pour se redonner une contenance face à tout un tas d'émotions et de sensations bizarres qui l'assaillaient. Ça va le faire. Médecine plus magie, y'a pas de raison pour que ça rate. Et tu as le droit d'aimer qui tu veux. Si les gens ne t'acceptent pas tel que tu es, c'est qu'iels ne te méritent pas. Allez, viens là.