Le coeur de Sherlock Holmes

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Un chapitre qui vient de mon ancien compte. Attention, spoil sur toute la série, et il est un peu triste. 

Bonne lecture !

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Parce que John Watson le lui avait demandé, Sherlock Holmes avait accepté de mettre un costume. Parce que John Watson lui avait demandé, Sherlock Holmes avait accepté d'être prit en photo. Parce que John Watson lui avait demandé, Sherlock Holmes avait accepté de composer la musique qui serait jouer pour la première danse de Mr et Mme Watson.

Parce que John Watson l'avait demandé, Sherlock Holmes avait accepté d'avoir le cœur brisé.

Mais il ne le réalisa pas tout de suite. C'est venu bien plus insidieusement. Avec le recul, il se dit que, peut-être, John aurait pu le voir. Si il n'avait pas été amoureux de Mary. Peut-être.

Tout avait commencé quand il était revenu. Cette femme, Mary, était déjà là. Et John était reparti avec elle. Sherlock attendait que tout revienne comme avant. Il voulait retrouver son médecin, à Baker Street. Il avait besoin de lui au 221B.

Mais il avait prit le taxi, et était parti avec elle.

Il avait eu un espoir, à un moment donné, que son docteur revienne. Mais il avait continué à vivre avec elle. Après chaque enquête, il retournait la voir. Il ne restait plus éveillé tard pour parler de ce qu'il venait de se passer.

Alors, il avait retiré le fauteuil. Parce que si John Watson n'était plus au 221B Baker Street, alors Sherlock Holmes n'avait pas besoin de deux fauteuils.

Heureusement que Sherlock Holmes n'a pas de cœur, sinon, il aurait pu croire qu'il se brisait à force de voir de fauteuil désespérément vide.

Si quelqu'un avait regardé d'assez prêt, alors peut-être que cette personne aurait pu voir que son armure se fracturait. Qu'il n'était plus aussi droit et fier. Et que, Moriarty avait raison. Il brûlait de l'intérieur, et il avait bien un cœur.

Mais Mycroft ne connaissait rien de cet organe, et ne pouvait envisager qu'il puisse faire souffrir qui que ce soit.

Mais Lestrade était assez idiot pour un lieutenant de police, et n'avait jamais rien vu de plus entre eux que ce qu'ils montraient.

Mais Mme Hudson était encore énervée contre John pour avoir détruit son couple favori pour voir au delà.

Mais Molly était trop occupé à essayer d'oublier ce baiser qu'il lui avait offert pour la remercier après la chute du toit.

Le pire, c'est quand Sherlock avait apprit à connaître Mary. Elle était drôle, charmante, et surtout, elle pouvait aimer John Watson librement. Quand il avait comprit qu'elle était enceinte, ça avait été la goutte d'eau.

Quand Sherlock s'est éloigné dans la nuit, alors qu'il entendait toujours les rire et la musique, il avait sentit, pour la première fois de sa vie, son cœur battre et se briser en même temps.

Après ça, il avait fait la seule chose possible, la seule qu'il connaissait. Enquêter. Se perdre dans l'arrestation d'un autre méchant. Encore et encore. Il n'y avait jamais assez d'enquête, aucune personne assez maligne pour l'occuper suffisamment.

Puis, Sherlock avait tout découvert. Dans le bureau de Magnussen, alors qu'il se vidait de son sang, il avait comprit. Elle avait menti.

En soit, ce n'était pas tant le fait qu'elle ait menti qu'il l'avait autant perturbé. Mais le fait qu'elle allait faire du mal à son médecin.

John Watson est un homme profondément droit et honnête. Et la personne qu'il aime le plus lui a menti. Dans les yeux. Pendant des années. Il lui a tout donné, et il allait soudainement se retrouver avec des doutes, des questions.

Est-ce qu'il croirait Sherlock quand il apprendrait qu'il n'avait rien vu venir ? Ou est-ce qu'il lui en voudrait aussi ? Il avait promit, lors du mariage, de les protéger tous les deux. Et il avait échoué à protéger John de cette femme.

Mais Sherlock Holmes aimait John Watson. Profondément. Et il pourrait le laisser lui piétiner le cœur encore et encore, si ça lui permettait d'être heureux.

Alors, il a fait la seule chose possible. Encore blessé, il avait enquêté, parce qu'il devait comprendre, il devait, pour John Watson, de tout savoir, et l'aider à prendre la meilleure décision possible. Pour eux, leur famille, leur enfant à venir.

Et l'enfant était né. Ne vous trompez pas, Sherlock l'aimait bien (autant qu'il était possible d'aimer un être qui ne fait que pleurer, manger et caca).

Mais alors qu'il était à l'hôpital, que John regardait son enfant avec le sourire le plus éclatant qu'il ne lui avait jamais vu, les larmes aux yeux, une seule pensée tournait en boucle dans son cerveau.

John Watson a une famille.

En rigolant, il avait dit au mariage 'vous n'aurez plus besoin de moi maintenant'... C'était vrai... Tellement vrai. Bien trop vrai pour qu'il puisse le supporter.

Mais elle était morte. Il avait regretté tout ce temps à lui en vouloir pour quelque chose qu'elle ne pouvait même pas maîtriser.

Mary avait laissé une vidéo, lui demandant de toucher le fond, de s'enfoncer, pour que John vienne le sauver. Elle ne saurait jamais qu'il touchait déjà le fond. Que savoir que John ne voulait même pas le voir l'avait détruit plus qu'il ne voulait bien l'admettre.

Il allait toucher le fond, qu'elle lui demande ou non. Mais peut-être que maintenant il avait une excuse valable pour le faire ? Il voulait que John vienne le voir, s'occupe de lui, s'inquiète pour lui. Il avait désespérément besoin de son docteur.

Sherlock Holmes avait touché le fond, et continué de creuser. Même son frère, avec tout le gouvernement britannique à ses pieds, n'avait rien pu y faire. Même Molly et sa logique n'avaient rien pu y changer. Même Mme Hudson et sa gentillesse avaient été en vain. Même Lestrade ses bières et ses enquêtes étaient repartis bredouille.

Sherlock Holmes, pendant quelques instants, s'était étonné de voir à quel point ça avait été facile de replonger. Son docteur n'était plus là pour l'arrêter, pour le contrôler, pour lui donner une famille à laquelle se raccrocher.

Quand il était rentré, il y a des années, et son frère lui avait dit que John Watson avait continué sa vie, Sherlock Holmes avait répondu 'Quelle vie ? Je n'étais pas là'. La réalité était surtout qu'il n'avait pas de vie quand John n'était pas là.

Il avait tenu durant deux ans car il avait un but, un objectif, qu'il savait qu'au bout du chemin, John Watson serait là pour l'accueillir.

Mais aujourd'hui, l'objectif de Sherlock Holmes était de se détruire. Il n'avait qu'à se laisser aller. Juste un peu. Laisser tomber toutes les barrières, sans se poser aucune question , abandonner, puisqu'on lui demandait de le faire.

Il se laissa glisser, perdre aussi profondément que possible. Ne laissant rien de tout ce que John Watson avait construit. Tout détruire, que tout soit ruine, son esprit, son cœur, son corps...

Sherlock Holmes s'était brûlé les ailes, était réduit en cendre. Mais son docteur, son John Watson lui avait permis de renaître. Tel le phœnix, il était redevenu le plus grand détective de tous les temps.

Parce que John Watson l'avait sauvé. 

JohnLock - One-shotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant