CHAPITRE 01

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Ca devait arriver. On le savait. Je l'ai toujours su. 

En passant le seuil de la porte bizarrement je ne me sentis plus la bienvenue ici. Derrière moi, ma grand-mère, Ola, se fatiguait à monter les quelques marches qui menaient à l'entrée de cette petite maison là.

- Par Sina grand mère excuse moi, je vais t'aider attend, dis-je tout en faisant marche arrière.

Une fois rentrées pour de bon, je me retrouvai soudain penaude, ne sachant pas trop par où commencer. Il fallait que je mette tout en ordre avant de repartir. Face à moi : mille et un objets en tout genre fabriqués à la main dont je ne comprends pas le sens, amas de poussière, vaisselle sale et linge crasseux. 

- c'est le bazar un peu ici, tentais-je d'ironiser. Mais ça ne fit pas rire ma grand-mère. 

Quelle idiote je fais. Comment ai-je pu dire ça ? Aurais-je fini par oublier l'horreur que c'était d'être impuissante face à ses lubies. De ne rien pouvoir toucher sous peine de la voir hurler à la mort... parfois même devenir violente. Je me rattrape alors :

- Excuse-moi ce n'est pas ce que je voulais dire... Je suis complètement à côté de la plaque aujourd'hui.

- Ce n'est pas grave Blanche. Toi et moi nous avons fait de notre mieux pour lui offrir la meilleure vie possible. 

Je ne voulais pas m'épancher davantage sur le sujet, au risque de craquer. Me mettre à pleurer maintenant aurait été maladroit et égoïste. J'avais eu l'occasion de pleurer plus tôt et je ne l'avais pas saisi, non pas par choix, mais parce que ça ne venait pas tout simplement. Comment ? Comment se rendre vraiment compte ? Mon regard fuyant et mes sourcils froncés avaient dû faire comprendre à grand mère ce que je ressentais parce qu'elle ajouta : 

- Et puis tu as raison, c'est le bordel ici alors retroussons-nous les manches !



Quelques heures plus tard : 

Ma grand mère s'était endormie, épuisée par cette journée, épuisée par sa vie depuis je ne sais combien de temps. Je restai éveillée. Malgré la fatigue émotionnelle, mon corps ne semblait pas vouloir se reposer, lui. J'étais à genou, entourée de toutes ses affaires, éclairée par la lueur faiblarde d'une bougie allumée à la tombée de la nuit, il y a des heures de cela. 

Parmi tout le bric à brac que j'avais tant bien que mal trié, jeté, rangé, restait un objet sur lequel je bloquais. Je m'attardais sur cette espèce de poterie en terre cuite qui je crois était censée être un bol mais qui laisserait s'échapper la soupe si l'on en y versait. Je me souviens de ce jour là comme s'il avait marqué un tournant de ma vie. Il n'en est rien. 

C'était des années avant. Je devais avoir 6 ou 7 ans et ma mère et moi avions passé l'après midi à sculpter tout et n'importe quoi. C'était lors d'un de ses bons jours. Plonger ses mains dans cette pâte gluante et visqueuse, se salir gaiement et laisser libre cours à une certaine forme d'euphorie l'amusait exactement de la même manière que cela m'amusait, moi, une enfant. En un sens, je pense que c'est quand j'étais petite que nous avons été le plus en phase ma mère et moi. Je ne me rendais pas encore compte que ce n'était pas normal qu'elle agisse comme ça. 



Et soudain, je réalisai une chose : ma mère est morte. Elle est morte et enterrée. 


Ma mère était contre mon entrée dans l'armée. Malgré tout, je pense qu'un instinct maternel se terrait sous ses insultes lorsqu'elle avait tenté de m'en empêcher. Je ne l'avais jamais revue depuis. Et bien sûr, j'ai été surprise lorsque mon caporal m'a intimée l'ordre de m'asseoir alors que j'étais à mon poste en haut du mur Rosa à tuer les titans trop curieux et à surveiller les alentours comme si ça allait changer quelque chose en cas d'une nouvelle attaque du Colossal.

J'ai été moins surprise lorsqu'il m'a annoncé la mort de ma mère car cette dernière était malade depuis... et bien depuis avant ma naissance en tout cas. Mais je sais que ça n'a pas toujours été le cas. Elle avait perdu autre chose qu'une jambe, qu'un bras ou qu'un oeil. Ma mère avait perdue la Raison. Elle était folle. Ma grand mère préférait dire qu'elle était complètement déboussolée mais j'avais compris en grandissant que ce n'était qu'un joli mot pour ne pas me faire peur et ne pas me faire répéter à un étranger que ma mère était folle. Autrement, on l'aurait emmené dans une de ces bâtisses abandonnées au territoire des titans, entre le mur Rose et le mur Maria, territoire perdu par l'humanité il y a déjà 9ans. Allant de paire avec l'opération de "reconquête" de 846, on y envoyait les plus amochés psychologiquement pour s'en débarrasser sous couvert de "leur offrir un cadre plus calme". Et des traumatismes assez puissants pour rendre les gens fous, l'humanité en avait vécu. Trop. 


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869 mots

Bon c'est un début, j'espère atteindre une moyenne de 1000 mots si possible. 

J'espère que ce premier chapitre vous plait (même si on ne retrouve pas encore nos personnages préférés). Le contexte, c'est important

A bientôt ✨



⌜Livai x OC⌟ Un Monde de FousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant