Secrets d'enfance

Chapitre 6

De son côté, Shoto venait d'arriver chez lui. Ou plutôt devant sa prison. Depuis le temps il s'était habitué à la boule qui se formait dans son ventre à chaque fois qu'il rentrait à la maison depuis le collège. Car oui, son père avait accepté qu'il aille à l'école publique depuis la 6ème. D'ailleurs, celui-ci devait sûrement l'attendre pour « l'entraînement » du soir.
Shoto avait peur mais il ne le montrait pas, il ne le montrait plus...

Quand il ouvrit la porte, Fuyumi l'accueilli le sourire au lèvres en lui demandant comment s'était passé sa journée. Il lui répondît vaguement qu'elle avait été super, mais qu'il devait se dépêcher pour rejoindre son père. Il se déchaussa et parti directement à l'aile gauche de la maison où il vivait.

Alors qu'il longeait les couloirs mécaniquement jusqu'à sa chambre, la peur qu'il ressentait s'en alla, il ne ressentait plus rien.
Comme tous les soirs sa conscience se mettait en « mode veille », comme si son esprit s'était retiré des commandes pour simplement regarder. Contempler le spectacle morbide qui se répétait régulièrement sous ses yeux vides.

Une fois dans sa chambre, son corps laissa glisser son sac au sol et se débarrassa des vêtements du haut. Machinalement il rejoignit la salle d'entraînement...

Connaissez vous les étapes que traversent l'esprit humain face à un traumatisme ?

L'individu exposé à cet événement traumatisant peu encaisser le choc de différentes façons.
Il peut réagir comme la majorité : avoir peur et rester paralysé et impuissant, ou essayer de fuir immédiatement la situation par tout les moyens.
Il y a aussi la phase de déni où l'on veut se persuader que tout est trop horrible pour être réel, que tout cela n'est qu'un misérable cauchemar duquel on peut difficilement s'extirper.
Pour donner un exemple, c'est sûrement ce qu'on pensés les déportés Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale dans les camps d'extermination...
Et quand l'on se rend compte que ce n'est pas une simple illusion, on se demande alors pourquoi toutes ces épreuves nous arrivent à nous alors que nous ne les méritons pas.
C'est ce que l'on appelle le désespoir.
Il nous gagne, nous dévore sans vergogne et profite de nos moindre faiblesses pour se régaler sadiquement. Comme pour nous narguer, il nous laisse parfois espérer pour mieux revenir à la charge. Ce sentiment prend un malin plaisir à partir puis revenir nous hanter.
Certaines personnes restent à cette étape et continuent de se morfondre sans jamais pouvoir échapper à leur malheur.
Cependant, d'autres trouveront le courage de se rebeller consumés par la colère et l'injustice. En vain...

C'est alors que vient la résignation. L'acceptation d'un sort qu'on leur réserve injustement.
Là encore, beaucoup de Juifs ont dû passer par ce sentiment pendant le génocide. Se laissant guider passivement sur le lieu de leur exécution comme du bétail à l'abattoir.
Il y a aussi quelques exceptions qui à force de maltraitance, pensent qu'ils méritent leur sort et en viennent même à approuver ce qui leur arrive.

Et enfin, quelques cas possèdent un cerveau très pratique. Certains pourraient renfermer des souvenirs trop douloureux pour eux sans s'en rendre compte dans leur subconscient.

Shoto pensa brièvement qu'il était malheureusement passé par toutes ces phases à un moment donné de sa courte vie.
Sans s'en rendre compte, il était déjà attaché à un mur pieds et poings liés. Il observa sans réagir son géniteur sortir un couteau d'un des tiroirs du seul meuble de la pièce.

Sérieux ? Il allait encore faire ça aujourd'hui ? Il aurait pu innover ! Il commençait vraiment à se lasser de revoir tout le temps la même chose. Surtout ces derniers mois ! Avant il faisait au moins l'effort de diversifier les séances. « C'est d'un ennuie » soupira le spectateur caché à l'intérieur du corps tremblant.