| Chapitre 2 |

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Deux mois plus tard.

Seul dans cette chambre d'hôtel, dans une ville différente, je danse en symbiose avec la musique que la radio me permet d'écouter. Les pans de mon gilet ouverts sur mon torse nu, je remonte légèrement mon jogging et bouge le bassin dans un sourire encore endormi dû à mon réveil récent. Une bière à la main, j'apporte le goulot à mes lèvres. Le soleil de midi projette mon ombre sur le sol, éclairée par les rayons qui filtrent grâce aux volets à moitié fermés. Je m'amuse à suivre mes propres mouvements du regard et joue de mes pieds nus pour continuer à me mouvoir.

Je bascule la tête vers l'arrière et ferme les yeux, laissant la musique vibrer à l'intérieur de mon être. C'est bien l'une des seules choses qui arrive encore à me faire sentir vivant. Et c'est divin. Même épuisé, je ne pourrais et n'aurais pas envie de m'arrêter. Mes épaules, mon dos, mes hanches, tout mon corps dans son entièreté se meut et ne fait plus qu'un avec la chanson. Je retrousse mes lèvres dans un nouveau sourire vague, satisfait du calme de mes pensées. Je n'entends rien d'autre que cette mélodie. Je ne pense à rien d'autre qu'à elle.

Cette tempête au fond de moi s'est tu et m'accorde un temps de répit. Ce n'est que quand elle l'aura décidé, que quand elle en aura eu marre, qu'elle me tombera dessus pour se déchaîner et rattraper le temps perdu. Et rien de bon ne sort d'elle. Jamais. Chaque fois, je me perds un peu plus et je n'ai aucune envie de tendre la main pour sortir de son amour destructeur. À quoi bon ? Pour le moment, la première page de mon nouveau livre n'a pas encore une seule ligne.

Trois petits coups se font entendre contre ma porte. Tournant sur moi-même, j'esquisse quelques pas de danse et la déverrouille. La femme de ménage marque une pause, son regard océan perdu sur mon torse nu.

- Doux Jésus...

J'émets un bref rire. Ce son, bien que tout à fait banal pour moi, semble accentuer son trouble.

- Bonjour, j'amorce en adressant un bref coup d'œil à son badge, Angèle.

Dans un gloussement, ladite Angèle passe une main dans ses cheveux blonds et s'efforce de se concentrer sur mon visage. Et uniquement sur mon visage. Autant dire que c'est une épreuve loin d'être simple et facile au vue de la rougeur qui possède de plus en plus ses pommettes.

Amusé, je l'observe faire, lucide de l'effet inconscient qu'elle éprouve. Bien que pour une fois je ne joue pas dessus, c'est toujours aussi flatteur. Rares sont ceux qui voient la laideur que je cache précieusement. Celle que je refuse de montrer à une personne en particulier.

- En quoi puis-je vous aider, Angèle ?

- Mon Dieu, murmure-t-elle.

Je me mordille la lèvre inférieure, contenant à grande peine un rire.

- Mais encore ?

- Bonjour... bonjour, répète-t-elle avec plus de présence dans la voix.

- Vous venez pour la chambre ? je demande, prenant les devants. Je la quitterai dans moins d'une heure, le temps que je prenne une douche et remballe mes affaires. Est-ce que ça vous irait ?

- Une douche ? Oui, ça m'irait. C'est bien une douche. C'est humide et... les gouttes glissent bien sur la peau ici. Ça peut faciliter pas mal de choses. Hm hm.

Je pose une main sur l'encadrement de la porte et détourne brièvement la tête sur le côté afin de garder un semblant de self contrôle. Or, mon sourire imposant m'empêche de mener à bien mon rôle.

Mes abdominaux se contractent, refrénant de peu mon éclat. Elle est adorable, tout simplement.

- Bordel, vous avez un « v » vraiment, vraiment bien dessiné...

Cœur Obscur [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant